[51] (51a) (Πρώταρχος)
Κάλλιστ' εἶπες.
(Σωκράτης)
Ἐγὼ δὴ πειράσομαι μεταβαλὼν σημαίνειν ἡμῖν αὐτάς. Τοῖς γὰρ φάσκουσι λυπῶν
εἶναι παῦλαν πάσας τὰς ἡδονὰς οὐ πάνυ πως πείθομαι, ἀλλ' ὅπερ εἶπον, μάρτυσι
καταχρῶμαι πρὸς τὸ τινὰς ἡδονὰς εἶναι δοκούσας, οὔσας δ' οὐδαμῶς, καὶ
μεγάλας ἑτέρας τινὰς ἅμα καὶ πολλὰς φαντασθείσας, εἶναι δ' αὐτὰς
συμπεφυρμένας ὁμοῦ λύπαις τε καὶ ἀναπαύσεσιν ὀδυνῶν τῶν μεγίστων περί τε
σώματος καὶ ψυχῆς ἀπορίας.
(51b) (Πρώταρχος)
Ἀληθεῖς δ' αὖ τίνας, ὦ Σώκρατες, ὑπολαμβάνων ὀρθῶς τις διανοοῖτ' ἄν;
(Σωκράτης)
Τὰς περί τε τὰ καλὰ λεγόμενα χρώματα καὶ περὶ τὰ σχήματα καὶ τῶν ὀσμῶν τὰς
πλείστας καὶ τὰς τῶν φθόγγων καὶ ὅσα τὰς ἐνδείας ἀναισθήτους ἔχοντα καὶ
ἀλύπους τὰς πληρώσεις αἰσθητὰς καὶ ἡδείας καθαρὰς λυπῶν παραδίδωσιν.
(Πρώταρχος)
Πῶς δὴ ταῦτα, ὦ Σώκρατες, αὖ λέγομεν οὕτω;
(Σωκράτης)
Πάνυ μὲν οὖν οὐκ εὐθὺς δῆλά ἐστιν ἃ λέγω, πειρατέον (51c) μὴν δηλοῦν.
Σχημάτων τε γὰρ κάλλος οὐχ ὅπερ ἂν ὑπολάβοιεν οἱ πολλοὶ πειρῶμαι νῦν
λέγειν, ἢ ζῴων ἤ τινων ζωγραφημάτων, ἀλλ' εὐθύ τι λέγω, φησὶν ὁ λόγος, καὶ
περιφερὲς καὶ ἀπὸ τούτων δὴ τά τε τοῖς τόρνοις γιγνόμενα ἐπίπεδά τε καὶ στερεὰ
καὶ τὰ τοῖς κανόσι καὶ γωνίαις, εἴ μου μανθάνεις. Ταῦτα γὰρ οὐκ εἶναι πρός τι
καλὰ λέγω, καθάπερ ἄλλα, ἀλλ' ἀεὶ καλὰ καθ' αὑτὰ πεφυκέναι καί τινας (51d)
ἡδονὰς οἰκείας ἔχειν, οὐδὲν ταῖς τῶν κνήσεων προσφερεῖς· καὶ χρώματα δὴ
τοῦτον τὸν τύπον ἔχοντα καλὰ καὶ ἡδονάς ἀλλ' ἆρα μανθάνομεν, ἢ πῶς;
(Πρώταρχος)
Πειρῶμαι μέν, ὦ Σώκρατες· πειράθητι δὲ καὶ σὺ σαφέστερον ἔτι λέγειν.
(Σωκράτης)
Λέγω δὴ ἠχὰς τῶν φθόγγων τὰς λείας καὶ λαμπράς, τὰς ἕν τι καθαρὸν ἱείσας
μέλος, οὐ πρὸς ἕτερον καλὰς ἀλλ' αὐτὰς καθ' αὑτὰς εἶναι, καὶ τούτων συμφύτους
ἡδονὰς ἑπομένας.
(Πρώταρχος)
Ἔστι γὰρ οὖν καὶ τοῦτο.
(51e) (Σωκράτης)
Τὸ δὲ περὶ τὰς ὀσμὰς ἧττον μὲν τούτων θεῖον γένος ἡδονῶν· τὸ δὲ μὴ
συμμεμεῖχθαι ἐν αὐταῖς ἀναγκαίους λύπας, καὶ ὅπῃ τοῦτο καὶ ἐν ὅτῳ τυγχάνει
γεγονὸς ἡμῖν, τοῦτ' ἐκείνοις τίθημι ἀντίστροφον ἅπαν. Ἀλλ', εἰ κατανοεῖς, ταῦτα
εἴδη δύο ὧν λέγομεν ἡδονῶν.
(Πρώταρχος)
Κατανοῶ.
| [51] (51a) PROTARQUE.
Fort bien.
SOCRATE.
Je vais essaver maintenant de t’en faire connaître la nature ; car je ne suis nullement
de l’opinion de ceux qui prétendent que tous les plaisirs ne sont qu’une cessation de
la douleur : mais, comme je le disais, je me sers d’eux comme de devins, pour
prouver qu’il y a des plaisirs qu’on prend pour réels, et qui ne le sont pas ; et qu’un
grand nombre d’autres qui passent pour très vifs, sont confondus avec des douleurs
positives et des intervalles de repos au milieu de souffrances excessives, dans
certaines situations critiques du corps et de l’âme.
(51b) PROTARQUE.
Quels sont donc les plaisirs, Socrate, qu’on peut à juste titre regarder pour vrais ?
SOCRATE.
Ce sont ceux qui ont pour objet les belles couleurs et les belles figures, la plupart de
ceux qui naissent des odeurs et des sons ; tous ceux, en un mot, dont la privation
n’est ni sensible ni douloureuse, et dont la jouissance est accompagnée d’une
sensation agréable, sans aucun mélange de douleur.
PROTARQUE.
Comment faut-il que nous entendions ceci, Socrate ?
SOCRATE.
Puisque tu ne comprends pas sur-le-champ ce que je veux dire, il faut tâcher (51c) de
te l’expliquer. Par la beauté des figures, je n’ai point en vue ce que la plupart
pourraient s’imaginer, par exemple, des êtres vivants ou des peintures ; mais je parle
de ce qui est droit et circulaire, plan et solide, des ouvrages travaillés au tour ou faits
à la règle et à l’équerre, si tu conçois ma pensée. Car je soutiens que ces figures ne
sont point, comme les autres, belles relativement, mais qu’elles sont toujours
belles par elles-mêmes et de leur nature, qu’elles procurent certains plaisirs qui leur
sont propres, et n’ont rien de commun (51d) avec les plaisirs produits par le
chatouillement. J’en dis autant des couleurs qui sont belles de cette beauté absolue, et
des plaisirs qui leur sont attachés. Me comprends-tu ?
PROTARQUE.
Je fais tous mes efforts pour cela, Socrate ; mais tâche toi-même de t’expliquer encore
plus clairement.
SOCRATE.
Je dis donc, par rapport aux sons, que ceux qui sont coulants, clairs, qui rendent une
mélodie pure, ne sont pas simplement beaux relativement, mais par eux-mêmes,
ainsi que les plaisirs, qui en sont une suite naturelle.
PROTARQUE.
J’en conviens.
(51e) SOCRATE.
L’espèce de plaisir qui résulte des odeurs a quelque chose de moins divin, à la vérité ;
mais les plaisirs où il ne se mêle aucune douleur nécessaire, par quelque voie et par
quelque sens qu ils parviennent jusqu’à nous, je les mets tous dans le genre
opposé à ceux dont il a été parlé auparavant. Ce sont, si tu comprends bien, deux
différentes espèces de plaisirs.
PROTARQUE.
Je comprends.
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