[50] (50a) (Πρώταρχος)
Δῆλον ὅτι χαίρομεν.
(Σωκράτης)
Ἡδονὴν δὲ ἐπὶ τοῖς τῶν φίλων κακοῖς, οὐ φθόνον ἔφαμεν εἶναι τὸν τοῦτ'
ἀπεργαζόμενον;
(Πρώταρχος)
Ἀνάγκη.
(Σωκράτης)
Γελῶντας ἄρα ἡμᾶς ἐπὶ τοῖς τῶν φίλων γελοίοις φησὶν ὁ λόγος, κεραννύντας
ἡδονὴν αὖ φθόνῳ, λύπῃ τὴν ἡδονὴν συγκεραννύναι· τὸν γὰρ φθόνον
ὡμολογῆσθαι λύπην ψυχῆς ἡμῖν πάλαι, τὸ δὲ γελᾶν ἡδονήν, ἅμα γίγνεσθαι δὲ
τούτω ἐν τούτοις τοῖς χρόνοις.
(Πρώταρχος)
Ἀληθῆ.
(50b) (Σωκράτης)
Μηνύει δὴ νῦν ὁ λόγος ἡμῖν ἐν θρήνοις τε καὶ ἐν τραγῳδίαις , μὴ τοῖς δράμασι
μόνον ἀλλὰ καὶ τῇ τοῦ βίου συμπάσῃ τραγῳδίᾳ καὶ κωμῳδίᾳ, λύπας ἡδοναῖς ἅμα
κεράννυσθαι, καὶ ἐν ἄλλοις δὴ μυρίοις.
(Πρώταρχος)
Ἀδύνατον μὴ ὁμολογεῖν ταῦτα, ὦ Σώκρατες, εἰ καί τις φιλονικοῖ πάνυ πρὸς
τἀναντία.
(Σωκράτης)
Ὀργὴν μὴν καὶ πόθον καὶ θρῆνον καὶ φόβον καὶ (50c) ἔρωτα καὶ ζῆλον καὶ
φθόνον προυθέμεθα καὶ ὁπόσα τοιαῦτα, ἐν οἷς ἔφαμεν εὑρήσειν μειγνύμενα τὰ
νῦν πολλάκις λεγόμενα. Ἦ γάρ;
(Πρώταρχος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Μανθάνομεν οὖν ὅτι θρήνου πέρι καὶ φθόνου καὶ ὀργῆς πάντα ἐστὶ τὰ νυνδὴ
διαπερανθέντα;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὐ μανθάνομεν;
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν πολλὰ ἔτι τὰ λοιπά;
(Πρώταρχος)
Καὶ πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Διὰ δὴ τί μάλισθ' ὑπολαμβάνεις με δεῖξαί σοι τὴν ἐν τῇ κωμῳδίᾳ μεῖξιν; Ἆρ' οὐ
πίστεως χάριν, ὅτι τήν γε ἐν (50d) τοῖς φόβοις καὶ ἔρωσι καὶ τοῖς ἄλλοις ῥᾴδιον
κρᾶσιν ἐπιδεῖξαι· λαβόντα δὲ τοῦτο παρὰ σαυτῷ ἀφεῖναί με μηκέτι ἐπ' ἐκεῖνα
ἰόντα δεῖν μηκύνειν τοὺς λόγους, ἀλλ' ἁπλῶς λαβεῖν τοῦτο, ὅτι καὶ σῶμα ἄνευ
ψυχῆς καὶ ψυχὴ ἄνευ σώματος καὶ κοινῇ μετ' ἀλλήλων ἐν τοῖς παθήμασι μεστά
ἐστι συγκεκραμένης ἡδονῆς λύπαις; Νῦν οὖν λέγε πότερα ἀφίης με ἢ μέσας
ποιήσεις νύκτας; Εἰπὼν δὲ σμικρὰ οἶμαί σου τεύξεσθαι μεθεῖναί με· τούτων γὰρ
ἁπάντων αὔριον (50e) ἐθελήσω σοι λόγον δοῦναι, τὰ νῦν δὲ ἐπὶ τὰ λοιπὰ
βούλομαι στέλλεσθαι πρὸς τὴν κρίσιν ἣν (Φίληβος) ἐπιτάττει.
(Πρώταρχος)
Καλῶς εἶπες, ὦ Σώκρατες· ἀλλ' ὅσα λοιπὰ ἡμῖν διέξελθε ὅπῃ σοι φίλον.
(Σωκράτης)
Κατὰ φύσιν τοίνυν μετὰ τὰς μειχθείσας ἡδονὰς ὑπὸ δή τινος ἀνάγκης ἐπὶ τὰς
ἀμείκτους πορευοίμεθ' ἂν ἐν τῷ μέρει.
| [50] (50a) PROTARQUE.
Il est évident que nous sommes joyeux.
SOCRATE.
N’avons-nous pas dit que c’est l’envie qui produit en nous ce sentiment de joie à la
vue des maux de nos amis ?
PROTARQUE.
Nécessairement.
SOCRATE.
Ainsi il résulte de ce discours que, quand nous rions des ridicules de nos amis, nous
mêlons le plaisir à l’envie, et par conséquent le plaisir à la douleur : puisque nous
avons reconnu précédemment que l’envie est une douleur de l’âme, et le rire un
plaisir, et que ces deux choses se rencontrent ensemble en cette circonstance.
PROTARQUE.
Cela est vrai.
(50b) SOCRATE.
Ceci nous donne en même temps à connaître que dans les lamentations et les
tragédies, non pas au théâtre, mais dans la tragédie et la comédie de la vie humaine,
le plaisir est mêlé à la douleur, ainsi que dans mille autres choses.
PROTARQUE.
Il est impossible de n’en pas convenir, Socrate, quelque desir que l’on ait de soutenir
le contraire.
SOCRATE.
Nous avons proposé, la colère, le regret, les lamentations, la crainte, (50c) l’amour, la
jalousie, l’envie, et les autres passions semblables, comme autant d’affections où nous
trouverions mêlées les deux choses que nous avons dites si souvent. N’est-ce pas ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Nous comprenons que cela vient d’être expliqué par rapport aux lamentations, à
l’envie et à la colère.
PROTARQUE.
Comment ne le comprendrions-nous pas ?
SOCRATE.
Ne reste-t-il point encore bien des passions à parcourir ?
PROTARQUE.
Oui, vraiment.
SOCRATE.
Pour quelle raison principalement penses-tu que je me suis attaché à te montrer ce
mélange dans la comédie ? N’est-ce pas pour te persuader qu’il est facile de faire voir
la même chose dans (50d) les craintes, les amours et les autres passions, et, afin qu’en
étant bien convaincu, tu me laisses libre, et ne m’obliges point à allonger le discours
en prouvant que cela a lieu aussi pour tout le reste, et que tu conçoives généralement
que le corps sans l’âme, et l’âme sans le corps, et tous les deux en commun éprouvent
mille affections où le plaisir est mêlé avec la douleur ? Dis-moi donc présentement si
tu me donneras la liberté, ou si tu me feras pousser cet entretien jusqu’au milieu de la
nuit. Encore quelques mots, et j’espère obtenir de toi que tu me lâches,
m’engageant (50e) à te rendre raison demain de tout cela. Pour le présent, mon
dessein est de m’acheminer vers ce qui me reste à dire pour arriver au jugement que
Philèbe exige de moi.
PROTARQUE.
C’est bien parlé, Socrate. Achève comme il te plaira ce qui te reste encore.
SOCRATE.
Suivant l’ordre naturel des choses, après les plaisirs mélangés, il est nécessaire, en
quelque sorte, que nous considérions à leur tour ceux qui sont sans mélange.
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