[49] (49a) (Σωκράτης)
Τῶν ἀρετῶν δ' ἆρ' οὐ σοφίας πέρϊ τὸ πλῆθος πάντως ἀντεχόμενον μεστὸν ἐρίδων
καὶ δοξοσοφίας ἐστὶ ψευδοῦς;
(Πρώταρχος)
Πῶς δ' οὔ;
(Σωκράτης)
Κακὸν μὲν δὴ πᾶν ἄν τις τὸ τοιοῦτον εἰπὼν ὀρθῶς ἂν εἴποι πάθος.
(Πρώταρχος)
Σφόδρα γε.
(Σωκράτης)
Τοῦτο τοίνυν ἔτι διαιρετέον, ὦ Πρώταρχε, δίχα, εἰ μέλλομεν τὸν παιδικὸν ἰδόντες
φθόνον ἄτοπον ἡδονῆς καὶ λύπης ὄψεσθαι μεῖξιν. Πῶς οὖν τέμνομεν δίχα,
λέγεις; (49b) πάντες ὁπόσοι ταύτην τὴν ψευδῆ δόξαν περὶ ἑαυτῶν ἀνοήτως
δοξάζουσι, καθάπερ ἁπάντων ἀνθρώπων, καὶ τούτων ἀναγκαιότατον ἕπεσθαι
τοῖς μὲν ῥώμην αὐτῶν καὶ δύναμιν, τοῖς δὲ οἶμαι τοὐναντίον.
(Πρώταρχος)
Ἀνάγκη.
(Σωκράτης)
Ταύτῃ τοίνυν δίελε, καὶ ὅσοι μὲν αὐτῶν εἰσι μετ' ἀσθενείας τοιοῦτοι καὶ ἀδύνατοι
καταγελώμενοι τιμωρεῖσθαι, γελοίους τούτους φάσκων εἶναι τἀληθῆ φθέγξῃ·
τοὺς δὲ δυνατοὺς τιμωρεῖσθαι καὶ ἰσχυροὺς φοβεροὺς καὶ ἐχθροὺς (49c)
προσαγορεύων ὀρθότατον τούτων σαυτῷ λόγον ἀποδώσεις. Ἄγνοια γὰρ ἡ μὲν
τῶν ἰσχυρῶν ἐχθρά τε καὶ αἰσχρά βλαβερὰ γὰρ καὶ τοῖς πέλας αὐτή τε καὶ ὅσαι
εἰκόνες αὐτῆς εἰσινἡ δ' ἀσθενὴς ἡμῖν τὴν τῶν γελοίων εἴληχε τάξιν τε καὶ φύσιν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα λέγεις. Ἀλλὰ γὰρ ἡ τῶν ἡδονῶν καὶ λυπῶν μεῖξις ἐν τούτοις οὔπω μοι
καταφανής.
(Σωκράτης)
Τὴν τοίνυν τοῦ φθόνου λαβὲ δύναμιν πρῶτον.
(Πρώταρχος)
Λέγε μόνον.
(49d) (Σωκράτης)
Λύπη τις ἄδικός ἐστί που καὶ ἡδονή;
(Πρώταρχος)
Τοῦτο μὲν ἀνάγκη.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ἐπὶ μὲν τοῖς τῶν ἐχθρῶν κακοῖς οὔτ' ἄδικον οὔτε φθονερόν ἐστι τὸ
χαίρειν;
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(Σωκράτης)
Τὰ δέ γε τῶν φίλων ὁρῶντας ἔστιν ὅτε κακὰ μὴ λυπεῖσθαι, χαίρειν δέ, ἆρα οὐκ
ἄδικόν ἐστιν;
(Πρώταρχος)
Πῶς δ' οὔ;
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὴν ἄγνοιαν εἴπομεν ὅτι κακὸν πᾶσιν;
(Πρώταρχος)
Ὀρθῶς.
(Σωκράτης)
Τὴν οὖν τῶν φίλων δοξοσοφίαν καὶ δοξοκαλίαν καὶ (49e) ὅσα νυνδὴ διήλθομεν,
ἐν τρισὶν λέγοντες εἴδεσιν γίγνεσθαι, γελοῖα μὲν ὁπόσα ἀσθενῆ, μισητὰ δ' ὁπόσα
ἐρρωμένα, ἢ μὴ φῶμεν ὅπερ εἶπον ἄρτι, τὴν τῶν φίλων ἕξιν ταύτην ὅταν ἔχῃ τις
τὴν ἀβλαβῆ τοῖς ἄλλοις, γελοίαν εἶναι;
(Πρώταρχος)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Κακὸν δ' οὐχ ὁμολογοῦμεν αὐτὴν ἄγνοιάν γε οὖσαν εἶναι;
(Πρώταρχος)
Σφόδρα γε.
(Σωκράτης)
Χαίρομεν δὲ ἢ λυπούμεθα, ὅταν ἐπ' αὐτῇ γελῶμεν;
| [49] (49a) SOCRATE.
Et parmi les vertus, au sujet de la sagesse, par exemple, n’est-il pas vrai que la
plupart, avec les prétentions les plus grandes, ne savent que disputer, et sont pleins
de fausses lumières et de mensonge ?
PROTARQUE.
Sans contredit.
SOCRATE.
On peut assurer avec raison qu’un pareil état est un mal.
PROTARQUE.
Avec beaucoup de raison.
SOCRATE.
Protarque, il nous faut encore partager ceci en deux, si nous voulons connaître l’envie
puérile et innocente, et le mélange singulier qui s’y fait du plaisir et de douleur.
PROTARQUE.
Comment le partagerons -nous ? en deux, dis-tu ?
(49b) SOCRATE.
C’est une nécessité, je pense, que tous ceux qui conçoivent follement cette fausse
opinion d’eux-mêmes aient en partage, ainsi que le reste des hommes, les uns la force
et la puissance, les autres le contraire.
PROTARQUE.
C’est une nécessité.
SOCRATE.
Distingue-les donc ainsi : et si tu appelles ridicules ceux d’entre eux qui, avec une
telle opinion d’eux-mêmes, sont faibles et incapables de se venger lorsqu’on se
moque d’eux, tu ne diras que la vérité ; comme en disant que ceux qui ont la force en
main pour se venger sont redoutables, violents et odieux, (49e) tu ne te tromperas pas.
L’ignorance, en effet, dans les personnes puissantes, est odieuse et honteuse, parce
qu’elle est nuisible aux autres, elle et tout ce qui en porte la ressemblance ; au lieu
que l’ignorance accompagnée de faiblesse est pour nous le partage des personnages
ridicules.
PROTARQUE.
C’est fort bien dit. Mais je ne découvre pas encore en ceci le mélange du plaisir et de
la douleur.
SOCRATE.
Commence auparavant par concevoir.la nature de l'envie.
PROTARQUE.
Explique-la-moi.
(49d) SOCRATE.
N’y a-t-il point des douleurs et des plaisirs injustes ?
PROTARQUE.
On ne saurait le contester.
SOCRATE.
Il n’y a ni injustice ni envie à se réjouir du mal de ses ennemis ; n’est-ce pas ?
PROTARQUE.
Non.
SOCRATE.
Mais lorsqu’on est témoin quelquefois des maux de ses amis, n’est-ce pas une chose
injuste de n’en pas être affligé, et au contraire de s’en réjouir ?
PROTARQUE.
Sans contredit.
SOCRATE.
N’avons-nous pas dit que l’ignorance est un mal pour tous les hommes ?
PROTARQUE.
Et avec raison.
SOCRATE.
Mais quoi ! par rapport à la fausse opinion que nos amis se forment de leur sagesse,
de leur beauté, et des autres qualités (49e) dont nous avons parlé, les distinguant en
trois espèces, et ajoutant qu’en ces rencontres le ridicule se trouve là où est la
faiblesse, et l’odieux là où est la force, n’avouerons-nous point, comme je disais tout-
à-l’ heure, que cette disposition de nos amis, lorsqu’elle ne nuit à personne, est
ridicule ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Ne convenons-nous point aussi que, comme ignorance, elle est un mal ?
PROTARQUE.
Sans doute.
SOCRATE.
Quand nous rions d’une pareille ignorance, sommes-nous joyeux ou affligés ?
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