[14] (Σωκράτης)
Πολλαί τε αἱ συνάπασαι ἐπιστῆμαι δόξουσιν εἶναι καὶ ἀνόμοιοί τινες αὐτῶν
ἀλλήλαις· εἰ δὲ καὶ ἐναντίαι πῃ (14a) γίγνονταί τινες, ἆρα ἄξιος ἂν εἴην τοῦ
διαλέγεσθαι νῦν, εἰ φοβηθεὶς τοῦτο αὐτὸ μηδεμίαν ἀνόμοιον φαίην ἐπιστήμην
ἐπιστήμῃ γίγνεσθαι, κἄπειθ’ ἡμῖν οὕτως ὁ λόγος ὥσπερ μῦθος ἀπολόμενος
οἴχοιτο, αὐτοὶ δὲ σῳζοίμεθα ἐπί τινος ἀλογίας ;
(Πρώταρχος)
Ἀλλ’ οὐ μὴν δεῖ τοῦτο γενέσθαι, πλὴν τοῦ σωθῆναι. Τό γε μήν μοι ἴσον τοῦ σοῦ τε
καὶ ἐμοῦ λόγου ἀρέσκει· πολλαὶ μὲν ἡδοναὶ καὶ ἀνόμοιοι γιγνέσθων, πολλαὶ δὲ
ἐπιστῆμαι καὶ διάφοροι.
(14b) (Σωκράτης)
Τὴν τοίνυν διαφορότητα, ὦ Πρώταρχε, τοῦ ἀγαθοῦ τοῦ τ’ ἐμοῦ καὶ τοῦ σοῦ μὴ
ἀποκρυπτόμενοι, κατατιθέντες δὲ εἰς τὸ μέσον, τολμῶμεν, ἄν πῃ ἐλεγχόμενοι
μηνύσωσι πότερον ἡδονὴν τἀγαθὸν δεῖ λέγειν ἢ φρόνησιν ἤ τι τρίτον ἄλλο εἶναι.
Νῦν γὰρ οὐ δήπου πρός γε αὐτὸ τοῦτο φιλονικοῦμεν, ὅπως ἁγὼ τίθεμαι, ταῦτ’
ἔσται τὰ νικῶντα, ἢ ταῦθ’ ἃ σύ, τῷ δ’ ἀληθεστάτῳ δεῖ που συμμαχεῖν ἡμᾶς
ἄμφω.
(Πρώταρχος)
Δεῖ γὰρ οὖν.
(14c) (Σωκράτης)
Τοῦτον τοίνυν τὸν λόγον ἔτι μᾶλλον δι’ ὁμολογίας βεβαιωσώμεθα.
(Πρώταρχος)
Τὸν ποῖον δή ;
(Σωκράτης)
Τὸν πᾶσι παρέχοντα ἀνθρώποις πράγματα ἑκοῦσί τε καὶ ἄκουσιν ἐνίοις καὶ
ἐνίοτε.
(Πρώταρχος)
Λέγε σαφέστερον
(Σωκράτης)
Τὸν νυνδὴ παραπεσόντα λέγω, φύσει πως πεφυκότα θαυμαστόν. Ἓν γὰρ δὴ τὰ
πολλὰ εἶναι καὶ τὸ ἓν πολλὰ θαυμαστὸν λεχθέν, καὶ ῥᾴδιον ἀμφισβητῆσαι τῷ
τούτων ὁποτερονοῦν τιθεμένῳ.
(Πρώταρχος)
Ἆρ’ οὖν λέγεις ὅταν τις ἐμὲ φῇ Πρώταρχον ἕνα (14d) γεγονότα φύσει πολλοὺς
εἶναι πάλιν τοὺς ἐμὲ καὶ ἐναντίους ἀλλήλοις, μέγαν καὶ σμικρὸν τιθέμενος καὶ
βαρὺν καὶ κοῦφον τὸν αὐτὸν καὶ ἄλλα μυρία ;
(Σωκράτης)
Σὺ μέν, ὦ Πρώταρχε, εἴρηκας τὰ δεδημευμένα τῶν θαυμαστῶν περὶ τὸ ἓν καὶ
πολλά, συγκεχωρημένα δὲ ὡς ἔπος εἰπεῖν ὑπὸ πάντων ἤδη μὴ δεῖν τῶν τοιούτων
ἅπτεσθαι, παιδαριώδη καὶ ῥᾴδια καὶ σφόδρα τοῖς λόγοις ἐμπόδια
ὑπολαμβανόντων γίγνεσθαι, ἐπεὶ μηδὲ τὰ τοιάδε, ὅταν τις (14e) ἑκάστου τὰ μέλη
τε καὶ ἅμα μέρη διελὼν τῷ λόγῳ, πάντα ταῦτα τὸ ἓν ἐκεῖνο εἶναι
διομολογησάμενος, ἐλέγχῃ καταγελῶν ὅτι τέρατα διηνάγκασται φάναι, τό τε ἓν
ὡς πολλά ἐστι καὶ ἄπειρα, καὶ τὰ πολλὰ ὡς ἓν μόνον.
(Πρώταρχος)
Σὺ δὲ δὴ ποῖα, ὦ Σώκρατες, ἕτερα λέγεις, ἃ μήπω συγκεχωρημένα δεδήμευται
περὶ τὸν αὐτὸν τοῦτον λόγον ;
| [14] SOCRATE.
Par exemple, la science paraîtra, non pas une, mais divisée en plusieurs sciences, et
quelques sciences paraîtront dissemblables entre elles ; et même, si par hasard il s’en
rencontrait d’opposées, serais-je digne de disputer avec toi, si dans la crainte de
reconnaître cette opposition, je disais qu’aucune science n’est différente d’une autre ?
en sorte que cette conversation s’en allât en un vain propos, et que nous nous
tirassions d’affaire au moyen d’une absurdité. Mais non, il ne faut pas que cela nous
arrive, tirons-nous d’affaire, à la bonne heure ; mais évitons l’absurdité. Mon
avis est que nous mettions de l’égalité entre nous dans cette discussion : qu’il y ait
donc plusieurs plaisirs, et qu’ils soient dissemblables ; plusieurs sciences, et qu’elles
soient différentes. (14b) Ainsi, Protarque, ne dissimulons point que mon bien et le
tien renferment chacun en lui-même des éléments différends ; exposons hardiment
au grand jour cette différence : peut-être qu’après avoir été discutée, elle nous fera
connaître s’il faut dire que le plaisir est le bien, ou si c’est la sagesse, ou une troisième
chose. Car nous ne disputons pas sans doute maintenant l’un et l’autre, pour que
mon opinion l’emporte, ou la tienne : mais il faut que nous nous réunissions tous
deux en faveur de ce qui est le plus vrai.
PROTARQUE.
Il le faut, sans contredit.
(14c) SOCRATE.
Ainsi, fortifions encore davantage ce discours par des aveux mutuels.
PROTARQUE.
Quel discours ?
SOCRATE.
Celui qui cause de grands embarras à tous les hommes, volontairement et
involontairement, et en toute occasion.
PROTARQUE.
Explique-toi plus clairement.
SOCRATE.
Je parle du discours qui s’est jeté par hasard dans notre entretien, et qui est d’une
nature tout-à-fait extraordinaire. C’est en effet une chose étrange à dire, que
plusieurs sont un, et qu’un est plusieurs ; et il est aisé d’embarrasser quiconque
soutient en cela le pour et le contre.
PROTARQUE.
As-tu ici en vue ce qu’on dit, que moi Protarque, par exemple, je suis un (14d) par
nature, et ensuite qu’il y a plusieurs moi contraires les uns aux autres, tout à-la-fois
grands et petits, pesants et légers et mille autres choses semblables ?
SOCRATE.
Tu viens de dire, Protarque, sur un et plusieurs, une de ces merveilles qui sont
connues de tout le monde ; et on est d’accord aujourd’hui qu’il ne faut point toucher
à de semblables questions, que l’on regarde comme puériles, triviales, et n’étant
bonnes qu’à arrêter dans les discussions. On ne veut pas même qu’on s’amuse aux
questions suivantes : lorsque quelqu’un, (14e) ayant séparé par le discours tous les
membres et toutes les parties d’une chose, et avoué que tout cela n’est que cette
chose qui est une, se moque ensuite de lui-même et se réfute, comme ayant été réduit
à admettre des chimères, savoir, qu’un est plusieurs et une infinité, et que plusieurs
ne sont qu’un.
PROTARQUE.
Quelles sont donc, en ce genre, les autres merveilles dont tu veux parler, Socrate, qui
font tant de bruit, et sur lesquelles on n’est point d’accord ?
|