[47] (47a) καὶ ὁμοῦ λύπας ἡδοναῖς παρατιθέναι.
(Πρώταρχος)
Ἀληθέστατα.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ὁπόταν αὖ πλείων ἡδονὴ κατὰ τοιαῦτα πάντα συμμειχθῇ, τὸ μὲν
ὑπομεμειγμένον τῆς λύπης γαργαλίζει τε καὶ ἠρέμα ἀγανακτεῖν ποιεῖ, τὸ δ' αὖ
τῆς ἡδονῆς πολὺ πλέον ἐγκεχυμένον συντείνει τε καὶ ἐνίοτε πηδᾶν ποιεῖ, καὶ
παντοῖα μὲν χρώματα, παντοῖα δὲ σχήματα, παντοῖα δὲ πνεύματα
ἀπεργαζόμενον πᾶσαν ἔκπληξιν καὶ βοὰς μετὰ ἀφροσύνης ἐνεργάζεται;
(47b) (Πρώταρχος)
Μάλα γε.
(Σωκράτης)
Καὶ λέγειν τε, ὦ ἑταῖρε, αὐτόν τε περὶ ἑαυτοῦ ποιεῖ καὶ ἄλλον ὡς ταύταις ταῖς
ἡδοναῖς τερπόμενος οἷον ἀποθνῄσκει· καὶ ταύτας γε δὴ παντάπασιν ἀεὶ
μεταδιώκει τοσούτῳ μᾶλλον ὅσῳ ἂν ἀκολαστότερός τε καὶ ἀφρονέστερος ὢν
τυγχάνῃ, καὶ καλεῖ δὴ μεγίστας ταύτας, καὶ τὸν ἐν αὐταῖς ὅτι μάλιστ' ἀεὶ ζῶντα
εὐδαιμονέστατον καταριθμεῖται.
(Πρώταρχος)
Πάντα, ὦ Σώκρατες, τὰ συμβαίνοντα πρὸς τῶν πολλῶν ἀνθρώπων εἰς δόξαν
διεπέρανας.
(47c) (Σωκράτης)
Περί γε τῶν ἡδονῶν, ὦ Πρώταρχε, τῶν ἐν τοῖς κοινοῖς παθήμασιν αὐτοῦ τοῦ
σώματος τῶν ἐπιπολῆς τε καὶ ἐντὸς κερασθέντων· περὶ δέ γ' ὧν ψυχὴ σώματι
τἀναντία συμβάλλεται, λύπην τε ἅμα πρὸς ἡδονὴν καὶ ἡδονὴν πρὸς λύπην, ὥστ'
εἰς μίαν ἀμφότερα κρᾶσιν ἰέναι, ταῦτα ἔμπροσθε μὲν διήλθομεν, ὡς, ὁπόταν αὖ
κενῶται, πληρώσεως ἐπιθυμεῖ, καὶ ἐλπίζων μὲν χαίρει, κενούμενος δὲ ἀλγεῖ,
ταῦτα δὲ τότε (47d) μὲν οὐκ ἐμαρτυράμεθα, νῦν δὲ λέγομεν ὡς ψυχῆς πρὸς σῶμα
διαφερομένης ἐν πᾶσι τούτοις πλήθει ἀμηχάνοις οὖσι μεῖξις μία λύπησσ τε καὶ
ἡδονῆς συμπίπτει γενομένη.
(Πρώταρχος)
Κινδυνεύεις ὀρθότατα λέγειν.
(Σωκράτης)
Ἔτι τοίνυν ἡμῖν τῶν μείξεων λύπης τε καὶ ἡδονῆς λοιπὴ μία.
(Πρώταρχος)
Ποία, φῄς;
(Σωκράτης)
Ἣν αὐτὴν τὴν ψυχὴν αὑτῇ πολλάκις λαμβάνειν σύγκρασιν ἔφαμεν.
(Πρώταρχος)
Πῶς οὖν δὴ τοῦτ' αὐτὸ λέγομεν;
(47e) (Σωκράτης)
Ὀργὴν καὶ φόβον καὶ πόθον καὶ θρῆνον καὶ ἔρωτα καὶ ζῆλον καὶ φθόνον καὶ ὅσα
τοιαῦτα, ἆρ' οὐκ αὐτῆς τῆς ψυχῆς τίθεσαι ταύτας λύπας τινάς;
(Πρώταρχος)
Ἔγωγε.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν αὐτὰς ἡδονῶν μεστὰς εὑρήσομεν ἀμηχάνων; Ἢ δεόμεθα
ὑπομιμνῄσκεσθαι τὸ ἐν τοῖς θυμοῖς καὶ ταῖς ὀργαῖς, τὸ
ὅς τ' ἐφέηκε πολύφρονά περ χαλεπῆναι
ὅς τε πολὺ γλυκίων μέλιτος καταλειβομένοιο,
| [47] (47a) et qu’on mêle ainsi le plaisir et la douleur.
PROTARQUE.
Cela est très vrai.
SOCRATE.
N’est-il pas vrai aussi qu’en ces rencontres, lorsque le plaisir entre pour la meilleure
part dans ce mélange, le peu de douleur qui s’y trouve joint cause une démangeaison
et une irritation douces, tandis que le plaisir, se répandant en bien plus grande
abondance, produit une sorte de contraction qui oblige quelquefois à sauter, et que,
faisant prendre au visage toutes sortes de couleurs, au corps toutes sortes de
postures, à la respiration toutes sortes de mouvements, il réduit l’homme à un état de
stupeur, et lui arrache de grands cris comme à un furieux ?
(47b) PROTARQUE.
Assurément.
SOCRATE.
Et il va, mon cher ami, jusqu’à lui faire dire de lui-même et à faire dire aux autres
qu’il se meurt, en quelque sorte, au milieu de ces voluptés. Il les recherche donc
toujours, et d’autant plus qu’il est plus intempérant et plus insensé. Il les appelle
les plus grandes des voluptés, et il tient pour le plus heureux celui qui passe la plus
grande partie de sa vie dans leur jouissance.
PROTARQUE.
Tu as fait, à ce qu’il semble, Socrate, l’histoire de la plupart des hommes.
(47c) SOCRATE.
Oui, Protarque, pour les plaisirs qu’on ressent dans les affections composées du
corps où la sensation extérieure se mêle avec l’intérieure. Quant aux affections de
l’âme et du corps, quand l’âme éprouve des phénomènes contraires à ceux du corps,
de douleur vis-à-vis du plaisir, de plaisir vis-à-vis de la douleur, en sorte que ces
deux sentiments se mêlent et se confondent, nous en avons parlé plus haut, lorsque
nous disions que l’âme étant vide desire être remplie, que l’espoir de l’être la comble
de joie, tandis qu’elle souffre de ne l’être pas. (47d) Nous ne l’avons pas prouvé ;
mais maintenant nous disons que, l’âme ne s’accordant point avec le corps dans
toutes ses affections, dont le nombre est infini, il en résulte un mélange de douleur et
de plaisir.
PROTARQUE.
Tu as bien l’air d’avoir raison.
SOCRATE.
Il nous reste encore un mélange de douleur et de plaisir.
PROTARQUE.
Lequel, dis-moi ?
SOCRATE.
Celui que l’âme reçoit seulement en elle-même, comme nous avons dit plus d’une
fois.
PROTARQUE.
Comment disons-nous ceci ?
(47e) SOCRATE.
Ne conviens-tu pas que la colère, la crainte, le desir, la tristesse, l’amour, la jalousie,
l’envie, et les autres passions semblables, sont des douleurs propres de l’âme ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Ne trouverons-nous point qu’elles sont remplies de plaisirs inexprimables ? Est-il
besoin que, par rapport au ressentiment et à la colère, nous nous rappelions que la
colère entraîne quelquefois le sage même à se courroucer,
Plus douce que le miel qui coule du rayon.
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