[44] (44a) (Σωκράτης)
Ἀλλὰ μήν, ὦ ἑταῖρε, λεγόντων γε ταῦτα καὶ δοξαζόντων αἰσθανόμεθα.
(Πρώταρχος)
Καὶ μάλα.
(Σωκράτης)
Πότερον οὖν καὶ χαίρειν οἴονται τότε ὅταν μὴ λυπῶνται;
(Πρώταρχος)
Φασὶ γοῦν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν οἴονται τότε χαίρειν· οὐ γὰρ ἂν ἔλεγόν που.
(Πρώταρχος)
Κινδυνεύει.
(Σωκράτης)
Ψευδῆ γε μὴν δοξάζουσι περὶ τοῦ χαίρειν, εἴπερ χωρὶς τοῦ μὴ λυπεῖσθαι καὶ τοῦ
χαίρειν ἡ φύσις ἑκατέρου.
(Πρώταρχος)
Καὶ μὴν χωρίς γε ἦν.
(Σωκράτης)
Πότερον οὖν αἱρώμεθα παρ' ἡμῖν ταῦτ' εἶναι, καθάπερ (44b) ἄρτι, τρία, ἢ δύο
μόνα, λύπην μὲν κακὸν τοῖς ἀνθρώποις, τὴν δ' ἀπαλλαγὴν τῶν λυπῶν, αὐτὸ
τοῦτο ἀγαθὸν ὄν, ἡδὺ προσαγορεύεσθαι;
(Πρώταρχος)
Πῶς δὴ νῦν τοῦτο, ὦ Σώκρατες, ἐρωτώμεθα ὑφ' ἡμῶν αὐτῶν; Οὐ γὰρ μανθάνω.
(Σωκράτης)
Ὄντως γὰρ τοὺς πολεμίους Φιλήβου τοῦδε, ὦ Πρώταρχε, οὐ μανθάνεις;
(Πρώταρχος)
Λέγεις δὲ αὐτοὺς τίνας;
(Σωκράτης)
Καὶ μάλα δεινοὺς λεγομένους τὰ περὶ φύσιν, οἳ τὸ παράπαν ἡδονὰς οὔ φασιν
εἶναι.
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(44c) (Σωκράτης)
Λυπῶν ταύτας εἶναι πάσας ἀποφυγάς, ἃς νῦν οἱ περὶ Φίληβον ἡδονὰς
ἐπονομάζουσιν.
(Πρώταρχος)
Τούτοις οὖν ἡμᾶς πότερα πείθεσθαι συμβουλεύεις, ἢ πῶς, ὦ Σώκρατες;
(Σωκράτης)
Οὔκ, ἀλλ' ὥσπερ μάντεσι προσχρῆσθαί τισι, μαντευομένοις οὐ τέχνῃ ἀλλά τινι
δυσχερείᾳ φύσεως οὐκ ἀγεννοῦς λίαν μεμισηκότων τὴν τῆς ἡδονῆς δύναμιν καὶ
νενομικότων οὐδὲν ὑγιές, ὥστε καὶ αὐτὸ τοῦτο αὐτῆς τὸ ἐπαγωγὸν γοήτευμα,
(44d) οὐχ ἡδονήν, εἶναι. Τούτοις μὲν οὖν ταῦτα ἂν προσχρήσαιο, σκεψάμενος ἔτι
καὶ τὰ ἄλλα αὐτῶν δυσχεράσματα· μετὰ δὲ ταῦτα αἵ γέ μοι δοκοῦσιν ἡδοναὶ
ἀληθεῖς εἶναι πεύσῃ, ἵνα ἐξ ἀμφοῖν τοῖν λόγοιν σκεψάμενοι τὴν δύναμιν αὐτῆς
παραθώμεθα πρὸς τὴν κρίσιν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθῶς λέγεις.
(Σωκράτης)
Μεταδιώκωμεν δὴ τούτους, ὥσπερ συμμάχους, κατὰ τὸ τῆς δυσχερείας αὐτῶν
ἴχνος. Οἶμαι γὰρ τοιόνδε τι λέγειν αὐτούς, ἀρχομένους ποθὲν ἄνωθεν, ὡς εἰ
βουληθεῖμεν ὁτουοῦν (44e) εἴδους τὴν φύσιν ἰδεῖν, οἷον τὴν τοῦ σκληροῦ, πότερον
εἰς τὰ σκληρότατα ἀποβλέποντες οὕτως ἂν μᾶλλον συννοήσαιμεν ἢ πρὸς τὰ
πολλοστὰ σκληρότητι; Δεῖ δή σε, ὦ Πρώταρχε, καθάπερ ἐμοί, καὶ τούτοις τοῖς
δυσχερέσιν ἀποκρίνεσθαι.
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν, καὶ λέγω γε αὐτοῖς ὅτι πρὸς τὰ πρῶτα μεγέθει.
| [44] (44a) SOCRATE.
Cependant, mon cher ami, nous connaissons des gens qui parlent et qui pensent de la
sorte.
PROTARQUE.
il est vrai.
SOCRATE.
S’imaginent-ils avoir du plaisir, lorsqu’ils sont exempts de douleur ?
PROTARQUE.
Ils le disent, du moins.
SOCRATE.
Ils s’imaginent donc avoir du plaisir : car sans cela ils ne le diraient point.
PROTARQUE.
Il y a apparence.
SOCRATE.
Ainsi, ils sont à cet égard dans une opinion fausse, s’il est vrai que l’exemption de
douleur et le sentiment du plaisir soient différens de leur nature.
PROTARQUE.
Or, ils sont différents.
SOCRATE.
Dirons-nous, comme tout-à-l’heure, (44b) que ce sont trois choses, ou qu'il n’y en a
que deux ; que la douleur est le mal pour les hommes, et que la cessation de la
douleur, étant le bien lui-même, s’appelle plaisir ?
PROTARQUE.
Pourquoi donc nous faisons-nous cette question, Socrate ? Je ne te comprends pas.
SOCRATE.
Tu dis vrai ; tu ne comprends pas, Protarque, les ennemis de Philèbe.
PROTARQUE.
Quels sont-ils ?
SOCRATE.
Des hommes qui passent pour très habiles dans la connaissance de la nature, et
qui soutiennent qu’il n’y a point absolument de plaisirs.
PROTARQUE.
Comment cela ?
(44c) SOCRATE.
Ils disent que ce que les partisans de Philèbe appellent plaisir, n’est autre chose que
la délivrance de la douleur.
PROTARQUE.
Nous conseilles-tu d’adopter leur sentiment, Socrate ?
SOCRATE.
Non ; mais je veux que nous les écoutions comme des espèces de devins, qui, au lieu
de suivre méthodiquement les lois de leur art, obéissent au dépit d’un naturel
généreux ; et qui, pleins d’aversion pour tout ce qui porte le caractère du plaisir, et
persuadés qu’il n’y a rien de bon en lui, prennent ses plus vifs attraits (44d) comme
des prestiges. C’est dans cet esprit qu’il faut les écouter, et examiner les discours que
la mauvaise humeur leur inspire. Je te dirai ensuite quels sont les plaisirs qui me
paraissent vrais ; de sorte qu’après l’examen de ces deux points de vue différents de la
nature du plaisir, nous puissions en porter un jugement.
PROTARQUE.
Tu as raison.
SOCRATE.
Suivons-les donc, en quelque sorte, à la trace de leur mauvaise humeur, comme des
hommes qui combattent avec nous. Voici, ce me semble, ce qu’ils disent en
commençant d’assez haut. Si nous voulions connaître la nature (44e) de quoi que ce
soit, par exemple, de la dureté, ne la comprendrions-nous pas beaucoup mieux en
jetant les yeux sur ce qu’il y a de plus dur, qu’en nous arrêtant à ce qui n’a qu’un
degré ordinaire de dureté ? Protarque, il faut que tu répondes à ces caractères
difficiles, ainsi qu’à moi.
PROTARQUE.
Je le veux bien ; et je dis qu’il faut pour cela envisager les choses les plus dures.
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