[32] (Σωκράτης)
Δίψος δ' αὖ φθορὰ καὶ λύπη καὶ λύσις, ἡ δὲ τοῦ (32a) ὑγροῦ πάλιν τὸ ξηρανθὲν
πληροῦσα δύναμις ἡδονή· διάκρισις δέ γ' αὖ καὶ διάλυσις ἡ παρὰ φύσιν, τοῦ
πνίγους πάθη, λύπη, κατὰ φύσιν δὲ πάλιν ἀπόδοσίς τε καὶ ψῦξις ἡδονή.
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Καὶ ῥίγους ἡ μὲν παρὰ φύσιν τοῦ ζῴου τῆς ὑγρότητος πῆξις λύπη· πάλιν δ' εἰς
ταὐτὸν ἀπιόντων καὶ διακρινομένων ἡ κατὰ φύσιν ὁδὸς ἡδονή. Καὶ ἑνὶ λόγῳ
σκόπει εἴ σοι μέτριος ὁ λόγος ὃς ἂν φῇ τὸ ἐκ τῆς ἀπείρου καὶ (32b) πέρατος κατὰ
φύσιν ἔμψυχον γεγονὸς εἶδος, ὅπερ ἔλεγον ἐν τῷ πρόσθεν, ὅταν μὲν τοῦτο
φθείρηται, τὴν μὲν φθορὰν λύπην εἶναι, τὴν δ' εἰς τὴν αὑτῶν οὐσίαν ὁδόν,
ταύτην δὲ αὖ πάλιν τὴν ἀναχώρησιν πάντων ἡδονήν.
(Πρώταρχος)
Ἔστω· δοκεῖ γάρ μοι τύπον γέ τινα ἔχειν.
(Σωκράτης)
Τοῦτο μὲν τοίνυν ἓν εἶδος τιθώμεθα λύπης τε καὶ ἡδονῆς ἐν τούτοις τοῖς πάθεσιν
ἑκατέροις;
(Πρώταρχος)
Κείσθω.
(Σωκράτης)
Τίθει τοίνυν αὐτῆς τῆς ψυχῆς κατὰ τὸ τούτων τῶν (32c) παθημάτων προσδόκημα
τὸ μὲν πρὸ τῶν ἡδέων ἐλπιζόμενον ἡδὺ καὶ θαρραλέον, τὸ δὲ πρὸ τῶν λυπηρῶν
φοβερὸν καὶ ἀλγεινόν.
(Πρώταρχος)
Ἔστι γὰρ οὖν τοῦθ' ἡδονῆς καὶ λύπης ἕτερον εἶδος, τὸ χωρὶς τοῦ σώματος αὐτῆς
τῆς ψυχῆς διὰ προσδοκίας γιγνόμενον.
(Σωκράτης)
Ὀρθῶς ὑπέλαβες. Ἐν γὰρ τούτοις οἶμαι, κατά γε τὴν ἐμὴν δόξαν, εἰλικρινέσιν τε
ἑκατέροις γιγνομένοις, ὡς δοκεῖ, καὶ ἀμείκτοις λύπης τε καὶ ἡδονῆς, ἐμφανὲς
ἔσεσθαι (32d) τὸ περὶ τὴν ἡδονήν, πότερον ὅλον ἐστὶ τὸ γένος ἀσπαστόν, ἢ τοῦτο
μὲν ἑτέρῳ τινὶ τῶν προειρημένων δοτέον ἡμῖν γενῶν, ἡδονῇ δὲ καὶ λύπῃ,
καθάπερ θερμῷ καὶ ψυχρῷ καὶ πᾶσι τοῖς τοιούτοις, τοτὲ μὲν ἀσπαστέον αὐτά,
τοτὲ δὲ οὐκ ἀσπαστέον, ὡς ἀγαθὰ μὲν οὐκ ὄντα, ἐνίοτε δὲ καὶ ἔνια δεχόμενα τὴν
τῶν ἀγαθῶν ἔστιν ὅτε φύσιν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα λέγεις, ὅτι ταύτῃ πῃ δεῖ διαπορηθῆναι τὸ νῦν μεταδιωκόμενον.
(Σωκράτης)
Πρῶτον μὲν τοίνυν τόδε συνίδωμεν· ὡς εἴπερ (32e) ὄντως ἔστι τὸ λεγόμενον,
διαφθειρομένων μὲν αὐτῶν ἀλγηδών, ἀνασῳζομένων δὲ ἡδονή, τῶν μήτε
διαφθειρομένων μήτε ἀνασῳζομένων ἐννοήσωμεν πέρι, τίνα ποτὲ ἕξιν δεῖ τότε
ἐν ἑκάστοις εἶναι τοῖς ζῴοις, ὅταν οὕτως ἴσχῃ. Σφόδρα δὲ προσέχων τὸν νοῦν
εἰπέ· ἆρα οὐ πᾶσα ἀνάγκη πᾶν ἐν τῷ τότε χρόνῳ ζῷον μήτε τι λυπεῖσθαι μήτε
ἥδεσθαι μήτε μέγα μήτε σμικρόν;
(Πρώταρχος)
Ἀνάγκη μὲν οὖν.
| [32] SOCRATE.
La soif pareillement est une dissolution et une douleur : au contraire, la qualité (32a)
de l’humide qui remplit ce qui est desséché, est un plaisir. De même le sentiment
d’une chaleur excessive et contre nature cause une séparation, une dissolution, une
douleur : au lieu que le rétablissement dans l’état naturel et le rafraîchissement est un
plaisir.
PROTARQUE.
Sans doute.
SOCRATE.
Le froid encore qui congèle contre nature l’humide de l’animal est une douleur ; et le
retour des humeurs reprenant leur cours ordinaire et se séparant, ce retour conforme
à la nature est un plaisir. En un mot, vois s’il te paraît raisonnable de dire par rapport
au genre animal, formé naturellement, comme il a été expliqué auparavant, du
mélange de l’infini (32b) et du fini, que quand l’animal se corrompt, la corruption est
une douleur, qu’au contraire le retour de chaque chose à sa constitution primitive est
un plaisir.
PROTARQUE.
Soit. Il me semble en effet que cette explication est vraisemblable.
SOCRATE.
Ainsi, comptons ce qui se passe dans ces deux sortes d’affections pour une espèce de
douleur et de plaisir.
PROTARQUE.
J’y consens.
SOCRATE.
Mets présentement l’attente de l’âme elle-même par rapport (32b) à ces deux
sensations ; attente pleine d’espérances et de confiance, quand elle a le plaisir pour
objet ; pleine de crainte et de soucis, lorsqu’elle a pour objet la douleur.
PROTARQUE.
C’est effectivement une autre espèce de plaisir et de douleur, à laquelle le corps n’a
point de part, et que l’attente de l’âme seule fait naître.
SOCRATE.
Tu as fort bien compris la chose. Autant que j’en puis juger, j’espère que dans ces
deux espèces pures et sans mélange de plaisir et de douleur, nous verrons clairement
(32b) si le plaisir pris en entier est digne d’être recherché ; ou s’il faut attribuer cet
avantage à quelque autre des genres dont nous avons fait mention précédemment, et
s’il en est du plaisir et de la douleur comme du chaud et du froid, et des autres
choses semblables, que l’on doit quelquefois rechercher, quelquefois aussi
rejeter, parce qu’elles ne sont point bonnes par elles-mêmes, et que seulement
quelques-unes, en certaines rencontres, participent de la nature des biens.
PROTARQUE.
Oui, c’est par cette voie qu’il faut aller à la découverte de ce que nous poursuivons.
SOCRATE.
Faisons donc en premier lieu l’observation suivante. (32e) S’il est vrai, comme nous
l’avons dit, que quand l’animal se corrompt, il ressent de la douleur, et du plaisir
quand il se rétablit ; voyons par rapport à chaque animal, lorsqu’il n’éprouve ni
altération, ni rétablissement, quelle doit être dans cette situation sa manière d’être.
Sois extrêmement attentif à ce que tu répondras. N’est-il pas de toute nécessité que,
durant cet intervalle, l’animal ne ressente aucune douleur, aucun plaisir, ni grand ni
petit ?
PROTARQUE.
C’est une nécessité.
|