[31] (31a) (Σωκράτης)
Νῦν δήπου, ὦ ἑταῖρε, οὗ μὲν γένους ἐστὶ καὶ τίνα ποτὲ δύναμιν κέκτηται, σχεδὸν
ἐπιεικῶς ἡμῖν τὰ νῦν δεδήλωται.
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Καὶ μὴν ἡδονῆς γε ὡσαύτως πάλαι τὸ γένος ἐφάνη.
(Πρώταρχος)
Καὶ μάλα.
(Σωκράτης)
Μεμνώμεθα δὴ καὶ ταῦτα περὶ ἀμφοῖνν, ὅτι νοῦς μὲν αἰτίας ἦν συγγενὴς καὶ
τούτου σχεδὸν τοῦ γένους, ἡδονὴ δὲ ἄπειρός τε αὐτὴ καὶ τοῦ μήτε ἀρχὴν μήτε
μέσα μήτε τέλος ἐν αὑτῷ ἀφ' ἑαυτοῦ ἔχοντος μηδὲ ἕξοντός ποτε γένους.
(31b) (Πρώταρχος)
Μεμνησόμεθα· πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
Δεῖ δὴ τὸ μετὰ τοῦτο, ἐν ᾧ τέ ἐστιν ἑκάτερον αὐτοῖν καὶ διὰ τί πάθος γίγνεσθον
ὁπόταν γίγνησθον ἰδεῖν ἡμᾶς. Πρῶτον τὴν ἡδονήν· ὥσπερ τὸ γένος αὐτῆς
πρότερον ἐβασανίσαμεν, οὕτω καὶ ταῦτα πρότερα. Λύπης δὲ αὖ χωρὶς τὴν
ἡδονὴν οὐκ ἄν ποτε δυναίμεθα ἱκανῶς βασανίσαι.
(Πρώταρχος)
Ἀλλ' εἰ ταύτῃ χρὴ πορεύεσθαι, ταύτῃ πορευώμεθα.
(Σωκράτης)
Ἆρ' οὖν σοὶ καθάπερ ἐμοὶ φαίνεται τῆς γενέσεως αὐτῶν πέρι;
(31c) (Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον;
(Σωκράτης)
Ἐν τῷ κοινῷ μοι γένει ἅμα φαίνεσθον λύπη τε καὶ ἡδονὴ γίγνεσθαι κατὰ φύσιν.
(Πρώταρχος)
Κοινὸν δέ γε, ὦ φίλε Σώκρατες, ὑπομίμνῃσκε ἡμᾶς τί ποτε τῶν προειρημένων
βούλει δηλοῦν.
(Σωκράτης)
Ἔσται ταῦτ' εἰς δύναμιν, ὦ θαυμάσιε.
(Πρώταρχος)
Καλῶς εἶπες.
(Σωκράτης)
Κοινὸν τοίνυν ὑπακούωμεν ὃ δὴ τῶν τεττάρων τρίτον ἐλέγομεν.
(Πρώταρχος)
Ὃ μετὰ τὸ ἄπειρον καὶ πέρας ἔλεγες, ἐν ᾧ καὶ ὑγίειαν, οἶμαι δὲ καὶ ἁρμονίαν,
ἐτίθεσο;
(31d) (Σωκράτης)
Κάλλιστ' εἶπες. Τὸν νοῦν δὲ ὅτι μάλιστ' ἤδη πρόσεχε.
(Πρώταρχος)
Λέγε μόνον.
(Σωκράτης)
Λέγω τοίνυν τῆς ἁρμονίας μὲν λυομένης ἡμῖν ἐν τοῖς ζῴοις ἅμα λύσιν τῆς
φύσεως καὶ γένεσιν ἀλγηδόνων ἐν τῷ τότε γίγνεσθαι χρόνῳ.
(Πρώταρχος)
Πάνυ λέγεις εἰκός.
(Σωκράτης)
Πάλιν δὲ ἁρμοττομένης τε καὶ εἰς τὴν αὑτῆς φύσιν ἀπιούσης ἡδονὴν γίγνεσθαι
λεκτέον, εἰ δεῖ δι' ὀλίγων περὶ μεγίστων ὅτι τάχιστα ῥηθῆναι.
(31e) (Πρώταρχος)
Οἶμαι μέν σε ὀρθῶς λέγειν, ὦ Σώκρατες, ἐμφανέστερον δὲ ἔτι ταὐτὰ ταῦτα
πειρώμεθα λέγειν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὰ δημόσιά που καὶ περιφανῆ ῥᾷστον συννοεῖν;
(Πρώταρχος)
Ποῖα;
(Σωκράτης)
Πείνη μέν που λύσις καὶ λύπη;
(Πρώταρχος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἐδωδὴ δέ, πλήρωσις γιγνομένη πάλιν, ἡδονή;
(Πρώταρχος)
Ναί.
| [31] (31a) SOCRATE.
Ainsi, mon cher ami, nous avons désormais suffisamment démontré de quel genre
est l’intelligence, et quelle est sa vertu.
PROTARQUE.
Sans contredit.
SOCRATE.
Pour le plaisir, il y a long-temps déjà que nous avons vu de même à quel genre il
appartient.
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Souvenons-nous donc, pour l’une et pour l’autre que l’intelligence a de l’affinité
avec la cause, et qu’elle est du même genre à-peu-près ; et que le plaisir est infini par
lui-même, et qu’il est du genre qui n’a et n’aura jamais en soi ni par soi de
commencement, de milieu, et de fin.
(31b) PROTARQUE.
Nous nous en souviendrons, tu peux y compter.
SOCRATE.
Il nous faut examiner après cela leur siège et leur origine. Voyons d’abord le plaisir :
comme c’est lui dont nous avons commencé à rechercher le genre, nous garderons ici
le même ordre. Mais nous ne pourrons jamais connaître à fond le plaisir, sans parler
aussi de la douleur.
PROTARQUE.
Marchons par cette voie, s’il est nécessaire d’y marcher.
SOCRATE.
Te semble-t-il la même chose qu’à moi sur la naissance de l’une et de l’autre ?
(31c) PROTARQUE.
Eh bien, que te semble ?
SOCRATE.
Il me paraît que, suivant l’ordre de la nature, la douleur et le plaisir naissent dans
le genre mixte.
PROTARQUE.
Et ce genre mixte, rappelle-nous, je te prie, mon cher Socrate, quelle place il a parmi
les genres dont nous avons parlé précédemment.
SOCRATE.
C’est ce que je vais faire, mon cher, de tout mon pouvoir.
PROTARQUE.
Fort bien.
SOCRATE.
Par le genre mixte il faut entendre celui des quatre que nous avons mis le troisième.
PROTARQUE.
Est-ce celui dont tu as fait mention après l’infini et le fini, et dans lequel tu as placé la
santé, et, je crois, aussi l’harmonie ?
(31d) SOCRATE.
Parfaitement bien. Donne-moi désormais toute l’attention possible.
PROTARQUE.
Tu n’as qu’à parler.
SOCRATE.
Je dis donc que, quand l’harmonie vient à se dissoudre dans nous autres animaux, en
ce moment même la nature se dissout aussi, et la douleur naît.
PROTARQUE.
Ce que tu dis est très vraisemblable.
SOCRATE.
Qu’ensuite, lorsque l’harmonie se rétablit et rentre dans son état naturel, il faut dire
que le plaisir prend alors naissance, si l’on doit s’exprimer en si peu de mots et si
brièvement sur des objets si importans.
(31e) PROTARQUE.
Je pense que tu as raison, Socrate. Essayons cependant de mettre ceci dans un plus
grand jour.
SOCRATE.
N’est-il pas très aisé de concevoir ces affections ordinaires, et qui sont connues de
tout le monde ?
PROTARQUE.
Quelles affections ?
SOCRATE.
La faim, par exemple, est une dissolution et une douleur.
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Le manger au contraire est une réplétion et un plaisir.
PROTARQUE.
Oui.
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