[30] (30a) (Σωκράτης)
Τί δέ; Τόδε ἆρα ἄξιον; Ἢ πῶς ἐρεῖς;
(Πρώταρχος)
Λέγε τὸ ποῖον.
(Σωκράτης)
Τὸ παρ' ἡμῖν σῶμα ἆρ' οὐ ψυχὴν φήσομεν ἔχειν;
(Πρώταρχος)
Δῆλον ὅτι φήσομεν.
(Σωκράτης)
Πόθεν, ὦ φίλε Πρώταρχε, λαβόν, εἴπερ μὴ τό γε τοῦ παντὸς σῶμα ἔμψυχον ὂν
ἐτύγχανε, ταὐτά γε ἔχον τούτῳ καὶ ἔτι πάντῃ καλλίονα;
(Πρώταρχος)
Δῆλον ὡς οὐδαμόθεν ἄλλοθεν, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Οὐ γάρ που δοκοῦμέν γε, ὦ Πρώταρχε, τὰ τέτταρα ἐκεῖνα, πέρας καὶ ἄπειρον καὶ
κοινὸν καὶ τὸ τῆς αἰτίας γένος (30b) ἐν ἅπασι τέταρτον ἐνόν, τοῦτο ἐν μὲν τοῖς
παρ' ἡμῖν ψυχήν τε παρέχον καὶ σωμασκίαν ἐμποιοῦν καὶ πταίσαντος σώματος
ἰατρικὴν καὶ ἐν ἄλλοις ἄλλα συντιθὲν καὶ ἀκούμενον πᾶσαν καὶ παντοίαν
σοφίαν ἐπικαλεῖσθαι, τῶν δ' αὐτῶν τούτων ὄντων ἐν ὅλῳ τε οὐρανῷ καὶ κατὰ
μεγάλα μέρη, καὶ προσέτι καλῶν καὶ εἰλικρινῶν, ἐν τούτοις δ' οὐκ ἄρα
μεμηχανῆσθαι τὴν τῶν καλλίστων καὶ τιμιωτάτων φύσιν.
(30c) (Πρώταρχος)
Ἀλλ' οὐδαμῶς τοῦτό γ' ἂν λόγον ἔχοι.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν εἰ μὴ τοῦτο, μετ' ἐκείνου τοῦ λόγου ἂν ἑπόμενοι βέλτιον λέγοιμεν ὡς
ἔστιν, ἃ πολλάκις εἰρήκαμεν, ἄπειρόν τε ἐν τῷ παντὶ πολύ, καὶ πέρας ἱκανόν, καί
τις ἐπ' αὐτοῖς αἰτία οὐ φαύλη, κοσμοῦσά τε καὶ συντάττουσα ἐνιαυτούς τε καὶ
ὥρας καὶ μῆνας, σοφίαα καὶ νοῦς λεγομένηη δικαιότατ' ἄν.
(Πρώταρχος)
Δικαιότατα δῆτα.
(Σωκράτης)
Σοφία μὴν καὶ νοῦς ἄνευ ψυχῆς οὐκ ἄν ποτε γενοίσθην.
(Πρώταρχος)
Οὐ γὰρ οὖν.
(30d) (Σωκράτης)
Οὐκοῦν ἐν μὲν τῇ τοῦ Διὸς ἐρεῖς φύσει βασιλικὴν μὲν ψυχήν, βασιλικὸν δὲ νοῦν
ἐγγίγνεσθαι διὰ τὴν τῆς αἰτίας δύναμιν, ἐν δ' ἄλλοις ἄλλα καλά, καθ' ὅτι φίλον
ἑκάστοις λέγεσθαι.
(Πρώταρχος)
Μάλα γε.
(Σωκράτης)
Τοῦτον δὴ τὸν λόγον ἡμᾶς μή τι μάτην δόξῃς, ὦ Πρώταρχε, εἰρηκέναι, ἀλλ' ἔστι
τοῖς μὲν πάλαι ἀποφηναμένοις ὡς ἀεὶ τοῦ παντὸς νοῦς ἄρχει σύμμαχος ἐκείνοις.
(Πρώταρχος)
Ἔστι γὰρ οὖν.
(Σωκράτης)
Τῇ δέ γε ἐμῇ ζητήσει πεπορικὼς ἀπόκρισιν, ὅτι νοῦς (30e) ἐστὶ γένους τῆς τοῦ
πάντων αἰτίου λεχθέντος τῶν τεττάρων, ὧν ἦν ἡμῖν ἓν τοῦτο. Ἔχεις γὰρ δήπου
νῦν ἡμῶν ἤδη τὴν ἀπόκρισιν.
(Πρώταρχος)
Ἔχω καὶ μάλα ἱκανῶς· καίτοι με ἀποκρινάμενος ἔλαθες.
(Σωκράτης)
Ἀνάπαυλα γάρ, ὦ Πρώταρχε, τῆς σπουδῆς γίγνεται ἐνίοτε ἡ παιδιά.
(Πρώταρχος)
Καλῶς εἶπες.
| [30] (30a) SOCRATE.
Et celle-ci, en demande-t-elle une ? qu’en penses-tu ?
PROTARQUE.
Propose-la.
SOCRATE.
Ne dirons-nous pas que notre corps a une âme ?
PROTARQUE.
Oui, nous le dirons.
SOCRATE.
D’où l’aurait-il prise, mon cher Protarque, si le corps de l’univers n’est pas lui-même
animé, et s’il n’a pas les mêmes choses que le nôtre, et de plus belles encore ?
PROTARQUE.
Il est clair, Socrate, qu’il ne l’a point prise d’ailleurs.
SOCRATE.
Car sans doute, Protarque, de ces quatre genres, le fini, l’infini, le composé de l’un et
de l’autre, et la cause, (30b) qui se rencontre en toutes choses comme quatrième
élément, nous ne concevons pas que celui-ci, qui nous donne une âme, et une force
vitale conservatrice à-la-fois et réparatrice de la santé, qui fait en mille autres choses
d’autres compositions et d’autres réparations, reçoive le nom de sagesse universelle,
toujours présente dans l’infinie variété de ses formes ; et que, dans l’immensité de ce
monde, qui renferme aussi ces quatre genres, mais plus en grand, et dans une beauté
et une pureté sans égales, on ne trouve pas le genre le plus beau et le plus excellent
de tous.
(30c) PROTARQUE.
Non, cela serait tout-à-fait inconcevable.
SOCRATE.
Ainsi, puisque cela est impossible, nous ferons mieux de dire, en suivant les mêmes
principes, qu’il y a ce que nous avons dit souvent, dans cet univers beaucoup
d’infini, et une quantité suffisante de fini, auxquels préside une cause respectable,
qui arrange et ordonne les années, les saisons, les mois, et qui mérite à très juste titre
le nom de sagesse et d’intelligence.
347 PROTARQUE.
A très juste titre, assurément.
SOCRATE.
Mais il ne peut y avoir de sagesse et d’intelligence là où il n’y a point d’âme.
PROTARQUE.
Non, certes.
(30d) SOCRATE.
Ainsi, tu diras qu’il y a dans Jupiter, en qualité de cause, une âme royale, une
intelligence royale, et dans les autres, d’autres belles qualités, quel que soit le nom
sous lequel il plaise à chacun de les désigner.
PROTARQUE.
Sans doute.
SOCRATE.
Ne va pas croire, Protarque, que nous ayons fait ce discours en vain : d’abord il vient
à l’appui du sentiment de ceux qui ont avancé autrefois que l’intelligence préside
toujours à cet univers.
PROTARQUE.
Cela est vrai.
SOCRATE.
Ensuite, il fournit la réponse à ma question, savoir, (30e) que l’intelligence est de la
même famille que la cause, laquelle est une des quatre espèces que nous avons
marquées. Tu as maintenant notre réponse.
PROTARQUE.
Oui, je l’ai et je le conçois fort bien : cependant je ne me suis point aperçu d’abord
que tu répondisses.
SOCRATE.
Quelquefois, Protarque, le badinage est un délassement des recherches sérieuses.
PROTARQUE.
A merveille.
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