[29] (Σωκράτης)
Βούλει δῆτά τι καὶ ἡμεῖς τοῖς ἔμπροσθεν ὁμολογούμενον (29a) συμφήσωμεν ὡς
ταῦθ' οὕτως ἔχει, καὶ μὴ μόνον οἰώμεθα δεῖν τἀλλότρια ἄνευ κινδύνου λέγειν,
ἀλλὰ καὶ συγκινδυνεύωμεν καὶ μετέχωμεν τοῦ ψόγου, ὅταν ἀνὴρ δεινὸς φῇ
ταῦτα μὴ οὕτως ἀλλ' ἀτάκτως ἔχειν;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὐκ ἂν βουλοίμην;
(Σωκράτης)
Ἴθι δή, τὸν ἐπιόντα περὶ τούτων νῦν ἡμῖν λόγον ἄθρει.
(Πρώταρχος)
Λέγε μόνον.
(Σωκράτης)
Τὰ περὶ τὴν τῶν σωμάτων φύσιν ἁπάντων τῶν ζῴων, πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ πνεῦμα
καθορῶμέν που καὶ γῆν καθάπερ οἱ χειμαζόμενοι, φασίν, ἐνόντα ἐν τῇ συστάσει.
(29b) (Πρώταρχος)
Καὶ μάλα· χειμαζόμεθα γὰρ ὄντως ὑπ' ἀπορίας ἐν τοῖς νῦν λόγοις.
(Σωκράτης)
Φέρε δή, περὶ ἑκάστου τῶν παρ' ἡμῖν λαβὲ τὸ τοιόνδε.
(Πρώταρχος)
Ποῖον;
(Σωκράτης)
Ὅτι μικρόν τε τούτων ἕκαστον παρ' ἡμῖν ἔνεστι καὶ φαῦλον καὶ οὐδαμῇ οὐδαμῶς
εἰλικρινὲς ὂν καὶ τὴν δύναμιν οὐκ ἀξίαν τῆς φύσεως ἔχον. Ἐν ἑνὶ δὲ λαβὼν περὶ
πάντων νόει ταὐτόν. Οἷον πῦρ ἔστι μέν που παρ' ἡμῖν, ἔστι δ' ἐν τῷ παντί.
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(29c) (Σωκράτης)
Οὐκοῦν σμικρὸν μέν τι τὸ παρ' ἡμῖν καὶ ἀσθενὲς καὶ φαῦλον, τὸ δ' ἐν τῷ παντὶ
πλήθει τε θαυμαστὸν καὶ κάλλει καὶ πάσῃ δυνάμει τῇ περὶ τὸ πῦρ οὔσῃ.
(Πρώταρχος)
Καὶ μάλ' ἀληθὲς ὃ λέγεις.
(Σωκράτης)
Τί δέ; Τρέφεται καὶ γίγνεται ἐκ τούτου καὶ αὔξεται τὸ τοῦ παντὸς πῦρ ὑπὸ τοῦ
παρ' ἡμῖν πυρός, ἢ τοὐναντίον ὑπ' ἐκείνου τό τ' ἐμὸν καὶ τὸ σὸν καὶ τὸ τῶν ἄλλων
ζῴων ἅπαντ' ἴσχει ταῦτα;
(Πρώταρχος)
Τοῦτο μὲν οὐδ' ἀποκρίσεως ἄξιον ἐρωτᾷς.
(29d) (Σωκράτης)
Ὀρθῶς· ταὐτὰ γὰρ ἐρεῖς οἶμαι περί τε τῆς ἐν τοῖς ζῴοις γῆς τῆς ἐνθάδε καὶ τῆς ἐν
τῷ παντί, καὶ τῶν ἄλλων δὴ πάντων ὅσων ἠρώτησα ὀλίγον ἔμπροσθεν. Οὕτως
ἀποκρινῇ;
(Πρώταρχος)
Τίς γὰρ ἀποκρινόμενος ἄλλως ὑγιαίνων ἄν ποτε φανείη;
(Σωκράτης)
Σχεδὸν οὐδ' ὁστισοῦν· ἀλλὰ τὸ μετὰ τοῦτο ἑξῆς ἕπου. Πάντα γὰρ ἡμεῖς ταῦτα τὰ
νυνδὴ λεχθέντα ἆρ' οὐκ εἰς ἓν συγκείμενα ἰδόντες ἐπωνομάσαμεν σῶμα;
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(29e) (Σωκράτης)
Ταὐτὸν δὴ λαβὲ καὶ περὶ τοῦδε ὃν κόσμον λέγομεν· διὰ τὸν αὐτὸν γὰρ τρόπον ἂν
εἴη που σῶμα, σύνθετον ὂν ἐκ τῶν αὐτῶν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα λέγεις.
(Σωκράτης)
Πότερον οὖν ἐκ τούτου τοῦ σώματος ὅλως τὸ παρ' ἡμῖν σῶμα ἢ ἐκ τοῦ παρ' ἡμῖν
τοῦτο τρέφεταί τε καὶ ὅσα νυνδὴ περὶ αὐτῶν εἴπομεν εἴληφέν τε καὶ ἔχει;
(Πρώταρχος)
Καὶ τοῦθ' ἕτερον, ὦ Σώκρατες, οὐκ ἄξιον ἐρωτήσεως.
| [29] SOCRATE.
Veux-tu que, nous joignant à ceux qui ont avancé la même chose avant nous, (29a)
nous soutenions qu’il en est ainsi ; et qu’au lieu de nous borner à exposer sans
danger les sentiments d’autrui, nous courions les mêmes risques et participions au
même mépris, quand un homme habile prétendra que le désordre règne dans
l’univers ?
PROTARQUE.
Pourquoi ne le voudrais-je pas ?
SOCRATE.
Allons donc, examine le discours qui vient après celui-ci.
PROTARQUE.
Tu n’as qu’à dire.
SOCRATE.
Par rapport à la nature des corps de tous les animaux, nous voyons les éléments qui
entrent dans leur composition, le feu, l’eau, l’air et la terre, comme disent les
matelots battus de la tempête.
(29b) PROTARQUE.
Il est vrai. Nous sommes en effet comme au milieu d’une tempête, par l’embarras où
nous jette cette dispute.
SOCRATE.
De plus, forme-toi l’idée suivante au sujet de chacun des éléments dont nous sommes
composés.
PROTARQUE.
Quelle idée ?
SOCRATE.
Que nous n’avons de chacun d’eux qu’une partie petite et méprisable, qu’elle n’est
pure en aucune manière et dans aucun de nous, et que la force qu’elle montre ne
répond nullement à son essence. Prenons un élément en particulier, et applique à
tous ce que nous en dirons. Par exemple, il y a du feu en nous ; il y en a aussi dans
l’univers,
PROTARQUE.
Eh bien ?
(29c) SOCRATE.
Le feu que nous avons n’est-il pas en petite quantité, faible et méprisable ? et celui
qui est dans l’univers n’est-il pas admirable pour la quantité, la beauté, et toute la
force naturelle au feu ?
PROTARQUE.
Ce que tu dis est très vrai.
SOCRATE.
Mais quoi ! le feu de l’univers est-il formé, nourri, gouverné par le feu qui est en nous
; ou tout au contraire, mon feu, le tien, et celui de tous les animaux, ne tient-il pas
tout ce qu’il est du feu de l’univers ?
PROTARQUE.
Cette question n’a pas besoin de réponse.
(29d) SOCRATE.
Fort bien. Tu diras, je pense, la même chose de cette terre d'ici-bas, dont tous les
animaux sont composés, et de celle qui est dans l'univers, ainsi que de toutes les
autres choses sur lesquelles je t’interrogeais il n’y a qu’un moment. Répondras-tu de
même : ?
PROTARQUE.
Qui pourrait passer pour un homme sensé, s’il répondait autrement ?
SOCRATE.
Personne assurément. Mais sois attentif à ce qui va suivre. N’est-ce pas à
l’assemblage de tous les éléments dont je viens de parler que nous avons donné le
nom de corps ?
PROTARQUE.
Oui.
(29e) SOCRATE.
Figure-toi donc qu’il en est ainsi de ce que nous appelons l’univers ; car étant
composé des mêmes éléments, il est aussi un corps par la même raison.
PROTARQUE.
Tu dis très bien.
SOCRATE.
Je te demande si notre corps est nourri par celui de l’univers, ou si celui-ci tire du
nôtre sa nourriture, et s’il en a reçu et en reçoit ce qui entre, comme nous avons dit,
dans la composition du corps.
PROTARQUE.
Cette question, Socrate, n’a pas besoin non plus de réponse.
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