[12] κρατεῖ δὲ ὁ τῆς (12a) ἡδονῆς τὸν τῆς φρονήσεως ;
(Πρώταρχος)
Ναί.
(Σωκράτης)
Ἂν δέ γε φρονήσει, νικᾷ μὲν φρόνησις τὴν ἡδονήν, ἡ δὲ ἡττᾶται ; Ταῦθ’ οὕτως
ὁμολογούμενά φατε, ἢ πῶς ;
(Πρώταρχος)
Ἐμοὶ γοῦν δοκεῖ.
(Σωκράτης)
Τί δὲ Φιλήβῳ ; Τί φῄς ;
(Φίληβος)
Ἐμοὶ μὲν πάντως νικᾶν ἡδονὴ δοκεῖ καὶ δόξει· σὺ δέ, Πρώταρχε, αὐτὸς γνώσῃ.
(Πρώταρχος)
Παραδούς, ὦ Φίληβε, ἡμῖν τὸν λόγον οὐκ ἂν ἔτι κύριος εἴης τῆς πρὸς Σωκράτη
ὁμολογίας ἢ καὶ τοὐναντίον.
(12b) (Φίληβος)
Ἀληθῆ λέγεις· ἀλλὰ γὰρ ἀφοσιοῦμαι καὶ μαρτύρομαι νῦν αὐτὴν τὴν θεόν.
(Πρώταρχος)
Καὶ ἡμεῖς σοι τούτων γε αὐτῶν συμμάρτυρες ἂν εἶμεν, ὡς ταῦτα ἔλεγες ἃ λέγεις.
Ἀλλὰ δὴ τὰ μετὰ ταῦτα ἑξῆς, ὦ Σώκρατες, ὅμως καὶ μετὰ Φιλήβου ἑκόντος ἢ
ὅπως ἂν ἐθέλῃ πειρώμεθα περαίνειν.
(Σωκράτης)
Πειρατέον, ἀπ’ αὐτῆς δὴ τῆς θεοῦ, ἣν ὅδε Ἀφροδίτην μὲν λέγεσθαί φησι, τὸ δ’
ἀληθέστατον αὐτῆς ὄνομα ἡδονὴν εἶναι.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα.
(12c) (Σωκράτης)
Τὸ δ’ ἐμὸν δέος, ὦ Πρώταρχε, ἀεὶ πρὸς τὰ τῶν θεῶν ὀνόματα οὐκ ἔστι κατ’
ἄνθρωπον, ἀλλὰ πέρα τοῦ μεγίστου φόβου. Καὶ νῦν τὴν μὲν Ἀφροδίτην, ὅπῃ
ἐκείνῃ φίλον, ταύτῃ προσαγορεύω· τὴν δὲ ἡδονὴν οἶδα ὡς ἔστι ποικίλον, καὶ ὅπερ
εἶπον, ἀπ’ ἐκείνης ἡμᾶς ἀρχομένους ἐνθυμεῖσθαι δεῖ καὶ σκοπεῖν ἥντινα φύσιν
ἔχει. Ἔστι γάρ, ἀκούειν μὲν οὕτως ἁπλῶς, ἕν τι, μορφὰς δὲ δήπου παντοίας
εἴληφε καί τινα τρόπον ἀνομοίους ἀλλήλαις. Ἰδὲ γάρ· ἥδεσθαι μέν φαμεν (12d)
τὸν ἀκολασταίνοντα ἄνθρωπον, ἥδεσθαι δὲ καὶ τὸν σωφρονοῦντα αὐτῷ τῷ
σωφρονεῖν· ἥδεσθαι δ’ αὖ καὶ τὸν ἀνοηταίνοντα καὶ ἀνοήτων δοξῶν καὶ ἐλπίδων
μεστόν, ἥδεσθαι δ’ αὖ τὸν φρονοῦντα αὐτῷ τῷ φρονεῖν· καὶ τούτων τῶν ἡδονῶν
ἑκατέρας πῶς ἄν τις ὁμοίας ἀλλήλαις εἶναι λέγων οὐκ ἀνόητος φαίνοιτο ἐνδίκως ;
(Πρώταρχος)
Εἰσὶ μὲν γὰρ ἀπ’ ἐναντίων, ὦ Σώκρατες, αὗται πραγμάτων, οὐ μὴν αὐταί γε
ἀλλήλαις ἐναντίαι. Πῶς γὰρ (12e) ἡδονῇ γε ἡδονὴ μὴ οὐχ ὁμοιότατον ἂν εἴη,
τοῦτο αὐτὸ ἑαυτῷ, πάντων χρημάτων ;
(Σωκράτης)
Καὶ γὰρ χρῶμα, ὦ δαιμόνιε, χρώματι· κατά γε αὐτὸ τοῦτο οὐδὲν διοίσει τὸ χρῶμα
εἶναι πᾶν, τό γε μὴν μέλαν τῷ λευκῷ πάντες γιγνώσκομεν ὡς πρὸς τῷ διάφορον
εἶναι καὶ ἐναντιώτατον ὂν τυγχάνει. Καὶ δὴ καὶ σχῆμα σχήματι κατὰ ταὐτόν·
| [12] mais que la vie de plaisir l’emportera sur la vie sage ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Et que, si elle a plus d’analogie avec la sagesse, la sagesse triomphera du plaisir, et
celui-ci sera vaincu ? Êtes-vous d’accord avec moi là-dessus ? Qu’en pensez-vous l’un
et l’autre ?
PROTARQUE.
Pour moi, cela me paraît évident.
SOCRATE.
Et toi, Philèbe, que t’en semble ?
PHILÈBE.
Je pense, et je penserai toujours que la victoire est tout entière du côté de la volupté.
Mais c’est à toi d’en juger, Protarque.
PROTARQUE.
Puisque tu nous as remis la dispute, Philèbe, tu n’es plus le maître d’accorder ou de
contester rien à Socrate.
(12b) PHILÈBE.
Tu as raison. Ainsi la déesse de la volupté n’aura pas de reproche à me faire, et
dès à présent, je l’en prends elle-même à témoin.
PROTARQUE.
Nous te rendrons témoignage auprès d’elle que tu as parlé comme tu fais.
Maintenant, Socrate, avec l’agrément de Philèbe, ou de quelque manière qu’il prenne
la chose, tâchons d’achever cette discussion.
SOCRATE.
Oui, et commençons par cette déesse qui s’appelle Vénus, à ce que dit Philèbe, mais
dont le véritable nom est la volupté.
PROTARQUE.
Fort bien.
(12c) SOCRATE.
J’ai toujours, Protarque, au sujet des noms des dieux, une crainte au-dessus de toutes
les craintes humaines ; et, dans cette occasion, je donne à Vénus le nom qui lui plaira
davantage. Quant à la volupté, je sais qu’elle a plus d’une forme ; et, comme j’ai dit, il
nous faut commencer par elle, en examinant quelle est sa nature. Au premier coup-
d’œil on la prendrait pour une chose simple : néanmoins elle prend des formes de
toute espèce, et, à quelques égards, dissemblables entre elles. En effet, fais y attention.
Nous disons qu’il y a le plaisir du libertinage (12b) et celui de la tempérance ;
que l’insensé, plein d’opinions et d’espérances folles, a du plaisir, et que le sage en
trouve aussi dans la sagesse. Or, si on osait dire que ces deux espèces de plaisirs sont
semblables entre eux, ne passerait-on point à juste titre pour un extravagant ?
PROTARQUE.
Il est vrai, Socrate que ces plaisirs naissent de causes opposées, mais ils ne sont pas
pour cela opposés l’un à l’autre. Car, comment (12e) le plaisir ne serait-il pas ce qu’il
y a au monde de plus ressemblant au plaisir, c’est-à-dire à lui-même ?
SOCRATE.
A ce compte, la couleur, mon cher, ne différerait en rien de la couleur, en tant que
couleur. Cependant nous savons tous que le noir n’est pas seulement différent du
blanc, mais qu’il lui est encore tout-à-fait opposé. Pareillement, à ne considérer que le
genre : toute figure est la même chose qu’une autre figure ;
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