[11] Φίληβος.
(11a) (Σωκράτης)
Ὅρα δή, Πρώταρχε, τίνα λόγον μέλλεις παρὰ Φιλήβου δέχεσθαι νυνὶ καὶ πρὸς
τίνα τὸν παρ’ ἡμῖν ἀμφισβητεῖν, (11b) ἐὰν μή σοι κατὰ νοῦν ᾖ λεγόμενος. Βούλει
συγκεφαλαιωσώμεθα ἑκάτερον ;
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
(Φίληβος) μὲν τοίνυν ἀγαθὸν εἶναί φησι τὸ χαίρειν πᾶσι ζῴοις καὶ τὴν ἡδονὴν καὶ
τέρψιν, καὶ ὅσα τοῦ γένους ἐστὶ τούτου σύμφωνα· τὸ δὲ παρ’ ἡμῶν ἀμφισβήτημά
ἐστι μὴ ταῦτα, ἀλλὰ τὸ φρονεῖν καὶ τὸ νοεῖν καὶ μεμνῆσθαι καὶ τὰ τούτων αὖ
συγγενῆ, δόξαν τε ὀρθὴν καὶ ἀληθεῖς λογισμούς, τῆς γε ἡδονῆς ἀμείνω καὶ λῴω
γίγνεσθαι σύμπασιν ὅσαπερ (11c) αὐτῶν δυνατὰ μεταλαβεῖν· δυνατοῖς δὲ
μετασχεῖν ὠφελιμώτατον ἁπάντων εἶναι πᾶσι τοῖς οὖσί τε καὶ ἐσομένοις. Μῶν
οὐχ οὕτω πως λέγομεν, ὦ Φίληβε, ἑκάτεροι ;
(Φίληβος)
Πάντων μὲν οὖν μάλιστα, ὦ Σώκρατες.
(Σωκράτης)
Δέχῃ δὴ τοῦτον τὸν νῦν διδόμενον, ὦ Πρώταρχε, λόγον ;
(Πρώταρχος)
Ἀνάγκη δέχεσθαι· Φίληβος γὰρ ἡμῖν ὁ καλὸς ἀπείρηκεν.
(Σωκράτης)
Δεῖ δὴ περὶ αὐτῶν τρόπῳ παντὶ τἀληθές πῃ περανθῆναι ;
(11d) (Πρώταρχος)
Δεῖ γὰρ οὖν.
(Σωκράτης)
Ἴθι δή, πρὸς τούτοις διομολογησώμεθα καὶ τόδε.
(Πρώταρχος)
Τὸ ποῖον ;
(Σωκράτης)
Ὡς νῦν ἡμῶν ἑκάτερος ἕξιν ψυχῆς καὶ διάθεσιν ἀποφαίνειν τινὰ ἐπιχειρήσει τὴν
δυναμένην ἀνθρώποις πᾶσι τὸν βίον εὐδαίμονα παρέχειν. Ἆρ’ οὐχ οὕτως ;
(Πρώταρχος)
Οὕτω μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν ὑμεῖς μὲν τὴν τοῦ χαίρειν, ἡμεῖς δ’ αὖ τὴν τοῦ φρονεῖν ;
(Πρώταρχος)
Ἔστι ταῦτα.
(Σωκράτης)
Τί δ’ ἂν ἄλλη τις κρείττων τούτων φανῇ ; Μῶν οὐκ, (11e) ἂν μὲν ἡδονῇ μᾶλλον
φαίνηται συγγενής, ἡττώμεθα μὲν ἀμφότεροι τοῦ ταῦτα ἔχοντος βεβαίως βίου,
| [11] PHILÈBE ou DU PLAISIR.
(11a) SOCRATE.
Vois, Protarque, ce que tu te charges de défendre dans l’opinion de Philèbe, et
d’attaquer dans la nôtre, (11b) s’il y a quelque chose qui ne soit pas selon ta façon de
penser. Veux-tu que nous résumions son opinion et la mienne ?
PROTARQUE.
Volontiers.
SOCRATE.
Philèbe dit donc que le bien pour tous les êtres animés consiste dans la joie, le plaisir
et l’agrément, et dans les autres choses de ce genre. Je soutiens au contraire que ce
n’est pas cela ; et que la sagesse, l’intelligence, la mémoire, et tout ce qui est de même
nature, comme le jugement droit et les raisonnements vrais sont meilleurs et plus
précieux que le plaisir pour tous ceux qui les possèdent ; (11c) et qu’ils sont pour
ceux-là, ce qu’il y a de plus avantageux dans le présent et dans l’avenir. N’est-ce
point là, Philèbe, ce que nous disons l’un et l’autre ?
PHILÈBE.
C’est cela même, Socrate.
SOCRATE.
Eh bien, Protarque, acceptes-tu ce qu’on remet entre tes mains ?
PROTARQUE.
Il le faut bien, puisque le beau Philèbe a perdu courage.
SOCRATE.
Essayons à tout prix de parvenir à ce qu’il y a de vrai sur cette question.
(11d) PROTARQUE.
Essayons-le.
SOCRATE.
Allons ; outre ce qui vient d’être dit, convenons encore de ceci.
PROTARQUE.
De quoi ?
SOCRATE.
Que nous entreprenons l’un et l’autre d’expliquer quelle est la manière d’être et la
disposition de l’âme capable de procurer à tous les hommes une vie heureuse. N’est-
ce pas là ce que nous nous proposons ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Ne dites-vous point, Philèbe et toi, que cette manière d’être consiste dans le plaisir, et
moi, qu’elle consiste dans la sagesse ?
PROTARQUE.
Cela est vrai.
SOCRATE.
Mais que serait-ce, si nous en découvrions quelque autre préférable à ces deux-là ?
(11e) N’est-il pas vrai que si nous trouvons qu’elle a plus d’affinité avec le plaisir,
nous aurons à la vérité le dessous toi et moi vis-à-vis de ce troisième genre de vie
également supérieur (12a) au plaisir et à la sagesse,
|