[27] (27a) (Σωκράτης)
Καὶ μὴν τό γε ποιούμενον αὖ καὶ τὸ γιγνόμενον οὐδὲν πλὴν ὀνόματι, καθάπερ τὸ
νυνδή, διαφέρον εὑρήσομεν. Ἢ πῶς;
(Πρώταρχος)
Οὕτως.
(Σωκράτης)
Ἆρ' οὖν ἡγεῖται μὲν τὸ ποιοῦν ἀεὶ κατὰ φύσιν, τὸ δὲ ποιούμενον ἐπακολουθεῖ
γιγνόμενον ἐκείνῳ;
(Πρώταρχος)
Πάνυ γε.
(Σωκράτης)
Ἄλλο ἄρα καὶ οὐ ταὐτὸν αἰτία τ' ἐστὶ καὶ τὸ δουλεῦον εἰς γένεσιν αἰτίᾳ.
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τὰ μὲν γιγνόμενα καὶ ἐξ ὧν γίγνεται πάντα τὰ τρία παρέσχετο ἡμῖν
γένη;
(Πρώταρχος)
Καὶ μάλα.
(27b) (Σωκράτης)
Τὸ δὲ δὴ πάντα ταῦτα δημιουργοῦν λέγομεν τέταρτον, τὴν αἰτίαν, ὡς ἱκανῶς
ἕτερον ἐκείνων δεδηλωμένον;
(Πρώταρχος)
Ἕτερον γὰρ οὖν.
(Σωκράτης)
Ὀρθῶς μὴν ἔχει, διωρισμένων τῶν τεττάρων, ἑνὸς ἑκάστου μνήμης ἕνεκα ἐφεξῆς
αὐτὰ καταριθμήσασθαι.
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(Σωκράτης)
Πρῶτον μὲν τοίνυν ἄπειρον λέγω, δεύτερον δὲ πέρας, ἔπειτ' ἐκ τούτων τρίτον
μεικτὴν καὶ γεγενημένην οὐσίαν· τὴν δὲ τῆς μείξεως αἰτίαν καὶ γενέσεως
τετάρτην (27c) λέγων ἆρα μὴ πλημμελοίην ἄν τι;
(Πρώταρχος)
Καὶ πῶς;
(Σωκράτης)
Φέρε δή, τὸ μετὰ τοῦθ' ἡμῖν τίς ὁ λόγος, καὶ τί ποτε βουληθέντες εἰς ταῦτα
ἀφικόμεθα; Ἆρ' οὐ τόδε ἦν; Δευτερεῖα ἐζητοῦμεν πότερον ἡδονῆς γίγνοιτ' ἂν ἢ
φρονήσεως. Οὐχ οὕτως ἦν;
(Πρώταρχος)
Οὕτω μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Ἆρ' οὖν ἴσως νῦν, ἐπειδὴ ταῦτα οὕτω διειλόμεθα, κάλλιον ἂν καὶ τὴν κρίσιν
ἐπιτελεσαίμεθα πρώτου πέρι καὶ δευτέρου, περὶ ὧν δὴ τὸ πρῶτον
ἠμφεσβητήσαμεν;
(Πρώταρχος)
Ἴσως.
(27e) (Σωκράτης)
Ἴθι δή· νικῶντα μὲν ἔθεμέν που τὸν μεικτὸν βίον ἡδονῆς τε καὶ φρονήσεως. Ἦν
οὕτως;
(Πρώταρχος)
Ἦν.
(Σωκράτης)
Οὐκοῦν τοῦτον μὲν τὸν βίον ὁρῶμέν που τίς τέ ἐστι καὶ ὁποίου γένους;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὔ;
(Σωκράτης)
Καὶ μέρος γ' αὐτὸν φήσομεν εἶναι τοῦ τρίτου οἶμαι γένους· οὐ γὰρ ὁ δυοῖν τινοῖν
ἐστι μικτὸς ἐκεῖνος ἀλλὰ συμπάντων τῶν ἀπείρων ὑπὸ τοῦ πέρατος δεδεμένων,
ὥστε ὀρθῶς ὁ νικηφόρος οὗτος βίος μέρος ἐκείνου γίγνοιτ' ἄν.
(Πρώταρχος)
Ὀρθότατα μὲν οὖν.
(27e) (Σωκράτης)
Εἶεν· τί δὲ ὁ σός, ὦ Φίληβε, ἡδὺς καὶ ἄμεικτος ὤν; Ἐν τίνι γένει τῶν εἰρημένων
λεγόμενος ὀρθῶς ἄν ποτε λέγοιτο; Ὧδε δ' ἀπόκριναί μοι πρὶν ἀποφήνασθαι.
(Φίληβος)
Λέγε μόνον.
(Σωκράτης)
Ἡδονὴ καὶ λύπη πέρας ἔχετον, ἢ τῶν τὸ μᾶλλόν τε καὶ ἧττον δεχομένων ἐστόν;
(Φίληβος)
Ναί, τῶν τὸ μᾶλλον, ὦ Σώκρατες· οὐ γὰρ ἂν ἡδονὴ πᾶν ἀγαθὸν ἦν, εἰ μὴ ἄπειρον
ἐτύγχανε πεφυκὸς καὶ πλήθει καὶ τῷ μᾶλλον.
| [27] SOCRATE.
N’est-il pas vrai que la nature de ce qui produit ne diffère de la cause que de nom ? en
sorte qu’on peut dire avec raison que la cause et ce qui produit sont une même chose.
PROTARQUE.
Sans doute.
(27b) SOCRATE.
Pareillement, nous trouverons, comme tout-à-l’heure, qu’entre ce qui est produit et
l’effet, il n’y a aucune différence, si ce n’est de nom. N’es-t-ce pas ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Ce qui produit ne précède-t-il point toujours par sa nature ; et ce qui est produit ne
marchet-il point après, en tant qu’effet ?
PROTARQUE.
Assurément.
SOCRATE.
Ce sont, par conséquent, deux choses, et non pas la même, que la cause, et ce que la
puissance de la cause fait passer à l’existence.
PROTARQUE.
J’en tombe d’accord.
336 SOCRATE.
Or les choses produites, et celles dont elles sont produites, nous ont fourni trois
espèces d’êtres.
PROTARQUE.
Oui, vraiment.
(27b) SOCRATE.
Eh bien, disons que la cause productrice de tous ces êtres constitue une quatrième
espèce, et qu’il est suffisamment démontré qu’elle diffère des trois autres.
PROTARQUE.
Disons-le hardiment.
SOCRATE.
Ces quatre espèces ainsi distinguées, il est à propos, pour les mieux graver chacune
dans notre mémoire, de les compter par ordre.
PROTARQUE.
Fort bien.
SOCRATE.
Ainsi, je mets pour la première l’infini, pour la seconde le fini, puis pour la troisième
l’existence réelle produite du mélange des deux premières, et pour la quatrième (27c)
la cause de ce mélange et de cette production. Ne fais-je point quelque faute en cela ?
PROTARQUE.
Comment ?
SOCRATE.
Voyons que nous reste-t-il à dire à présent ? et quel est le dessein qui nous a conduits
jusqu’ici ? N’est-ce point celui-ci ? Nous cherchions si le second prix appartient au
plaisir ou à la sagesse : n’est-il pas vrai ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
A présent donc que nous avons fait toutes ces distinctions, ne porterons-nous pas
probablement un jugement plus assuré sur la première et la seconde place qu’il faut
assigner aux objets qui font la matière de cette dispute ?
PROTARQUE.
Peut-être.
(27e) SOCRATE.
Voyons donc. Nous avons accordé la victoire à la vie mêlée de plaisir et de sagesse.
Cela est-il vrai ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Nous voyons sans doute quelle est cette vie, et dans quelle espèce il la faut placer.
PROTARQUE.
Sans contredit.
SOCRATE.
Nous dirons, je pense, qu’elle fait partie de la troisième espèce. Car cette espèce ne
résulte pas du mélange de deux choses particulières, mais de celui de tous les infinis
liés par le fini. C’est pourquoi nous avons raison de dire que la vie à laquelle
appartient la victoire fait partie de cette espèce.
PROTARQUE.
Certainement.
(27e) SOCRATE.
A la bonne heure. Et ta vie de plaisir, qui n’est pas un mélange, Philèbe, dans laquelle
de ces espèces faut-il la ranger pour lui assigner sa véritable place ? Mais avant de le
dire, réponds-moi à ceci.
PHILÈBE.
Parle.
SOCRATE.
Le plaisir et la douleur ont-ils des bornes, ou sont-ils du nombre des choses
susceptibles du plus et du moins ?
PHILÈBE.
Oui, elles sont de ce nombre, Socrate. Car le plaisir ne serait pas le souverain bien, si
de sa nature il n’était infini en nombre et en grandeur.
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