[23] Τὸν δὲ (23a) νοῦν, ὡς ἔοικε, λεκτέον ὡς ἐμφρόνως οὐκ ἀντεποιεῖτο τῶν νικητηρίων·
τὰ γὰρ αὔτ' ἔπαθεν ἄν. Τῶν δὲ δὴ δευτερείων στερηθεῖσα ἡδονὴ παντάπασιν ἄν
τινα καὶ ἀτιμίαν σχοίη πρὸς τῶν αὑτῆς ἐραστῶν· οὐδὲ γὰρ ἐκείνοις ἔτ' ἂν ὁμοίως
φαίνοιτο καλή.
(Σωκράτης)
Τί οὖν; Οὐκ ἄμεινον αὐτὴν ἐᾶν ἤδη καὶ μὴ τὴν ἀκριβεστάτην αὐτῇ προσφέροντα
βάσανον καὶ ἐξελέγχοντα λυπεῖν;
(Πρώταρχος)
Οὐδὲν λέγεις, ὦ Σώκρατες.
(23b) (Σωκράτης)
Ἆρ' ὅτι τὸ ἀδύνατον εἶπον, λυπεῖν ἡδονήν;
(Πρώταρχος)
Οὐ μόνον γε ἀλλ' ὅτι καὶ ἀγνοεῖς ὡς οὐδείς πώ σε ἡμῶν μεθήσει πρὶν ἂν εἰς
τέλος ἐπεξέλθῃς τούτων τῷ λόγῳ.
(Σωκράτης)
Βαβαῖ ἄρα, ὦ Πρώταρχε, συχνοῦ μὲν λόγου τοῦ λοιποῦ, σχεδὸν δὲ οὐδὲ ῥᾳδίου
πάνυ τι νῦν. Καὶ γὰρ δὴ φαίνεται δεῖν ἄλλης μηχανῆς, ἐπὶ τὰ δευτερεῖα ὑπὲρ νοῦ
πορευόμενον οἷον βέλη ἔχειν ἕτερα τῶν ἔμπροσθεν λόγων· ἔστι δὲ ἴσως ἔνια καὶ
ταὐτά. Οὐκοῦν χρή;
(Πρώταρχος)
Πῶς γὰρ οὔ;
(23c) (Σωκράτης)
Τὴν δέ γε ἀρχὴν αὐτοῦ διευλαβεῖσθαι πειρώμεθα τιθέμενοι.
(Πρώταρχος)
Ποίαν δὴ λέγεις;
(Σωκράτης)
Πάντα τὰ νῦν ὄντα ἐν τῷ παντὶ διχῇ διαλάβωμεν, μᾶλλον δ', εἰ βούλει, τριχῇ.
(Πρώταρχος)
Καθ' ὅτι, φράζοις ἄν;
(Σωκράτης)
Λάβωμεν ἄττα τῶν νυνδὴ λόγων.
(Πρώταρχος)
Ποῖα;
(Σωκράτης)
Τὸν θεὸν ἐλέγομέν που τὸ μὲν ἄπειρον δεῖξαι τῶν ὄντων, τὸ δὲ πέρας;
(Πρώταρχος)
Πάνυ μὲν οὖν.
(Σωκράτης)
Τούτω δὴ τῶν εἰδῶν τὰ δύο τιθώμεθα, τὸ δὲ τρίτον (23d) ἐξ ἀμφοῖν τούτοιν ἕν τι
συμμισγόμενον. Εἰμὶ δ', ὡς ἔοικεν, ἐγὼ γελοῖός τις ἄνθρωπος κατ' εἴδη διιστὰς
καὶ συναριθμούμενος.
(Πρώταρχος)
Τί φῄς, ὠγαθέ;
(Σωκράτης)
Τετάρτου μοι γένους αὖ προσδεῖν φαίνεται.
(Πρώταρχος)
Λέγε τίνος.
(Σωκράτης)
Τῆς συμμείξεως τούτων πρὸς ἄλληλα τὴν αἰτίαν ὅρα, καὶ τίθει μοι πρὸς τρισὶν
ἐκείνοις τέταρτον τοῦτο.
(Πρώταρχος)
Μῶν οὖν σοι καὶ πέμπτου προσδεήσει διάκρισίν τινος δυναμένου;
(Σωκράτης)
Τάχ' ἄν· οὐ μὴν οἶμαί γε ἐν τῷ νῦν· ἂν δέ τι δέῃ, (23e) συγγνώσῃ πού μοι σὺ
μεταδιώκοντι πέμπτον βίον.
(Πρώταρχος)
Τί μήν;
(Σωκράτης)
Πρῶτον μὲν δὴ τῶν τεττάρων τὰ τρία διελόμενοι, τὰ δύο τούτων πειρώμεθα,
πολλὰ ἑκάτερον ἐσχισμένον καὶ διεσπασμένον ἰδόντες, εἰς ἓν πάλιν ἑκάτερον
συναγαγόντες, νοῆσαι πῇ ποτε ἦν αὐτῶν ἓν καὶ πολλὰ ἑκάτερον.
(Πρώταρχος)
Εἴ μοι σαφέστερον ἔτι περὶ αὐτῶν εἴποις, τάχ' ἂν ἑποίμην.
| [23] Mais, selon toute apparence, il faut dire aussi (23a) que l’intelligence aurait
tort de prétendre à la victoire : car elle serait dans le même cas. Mais si la volupté
était privée du second prix, ce serait une ignominie pour elle auprès de ses amants, et
à leurs yeux elle perdrait beaucoup de sa beauté.
SOCRATE.
Mais quoi ? ne vaut-il pas mieux laisser désormais le plaisir tranquille, au lieu de lui
faire de la peine, en lui faisant subir l’examen le plus rigoureux et le poussant à
bout ?
PROTARQUE.
C’est comme si tu ne disais rien, Socrate.
(23b) SOCRATE.
Est-ce parce que j’ai dit, faire de la peine au plaisir, ce qui est impossible ?
PROTARQUE.
Non-seulement pour cela, mais parce que tu ne sais point qu’aucun de nous ne te
laissera partir, que cette dispute ne soit entièrement terminée.
SOCRATE.
Dieux ! quel long discours, Protarque, il nous reste encore, et nullement aisé pour le
présent ! Car si nous aspirons au second prix en faveur de l’intelligence, je vois qu’il
faudra s’adresser ailleurs pour avoir, en quelque sorte, d’autres traits que ceux du
discours précédent : il en est pourtant quelques-uns qui pourront encore nous servir.
Voyons, le faut-il ?
PROTARQUE.
Sans doute.
(23c) SOCRATE.
Tâchons d’être extrêmement sur nos gardes, en commençant ce nouveau discours.
PROTARQUE.
Quel est ce commencement ?
SOCRATE.
Partageons en deux, ou plutôt, si tu veux, en trois, tous les êtres de cet univers.
PROTARQUE.
Comment ? explique-toi.
SOCRATE.
Reprenons quelque chose de ce qui a été dit.
PROTARQUE.
Quoi ?
SOCRATE.
N’avons-nous pas dit tout-à-l’heure que la Divinité a enseigné que les êtres sont les
uns infinis, les autres finis ?
PROTARQUE.
Oui.
SOCRATE.
Rangeons donc les êtres en deux espèces, (23d) et mettons pour une troisième celle
qui résulte du mélange de ces deux-ci. Mais je me rends pleinement ridicule, à ce que
je vois, avec mes divisions d’espèces et ma manière de les compter.
PROTARQUE.
Que veux-tu dire, mon cher ?
SOCRATE.
Il me paraît que j’ai encore besoin d’un quatrième genre.
PROTARQUE.
Lequel ?
SOCRATE.
Saisis par la pensée la cause du mélange des deux premières espèces, et mets-la avec
les trois autres pour la quatrième.
PROTARQUE.
N’aurais-tu pas affaire d’une cinquième, qui puisse en faire la séparation ?
SOCRATE.
Peut-être : mais en ce moment je ne le pense pas. En tout cas si j’en ai besoin, (23e) tu
ne-trouveras pas mauvais que j’aille à la poursuite d’une cinquième manière d’être.
PROTARQUE.
Non.
SOCRATE.
De ces quatre espèces, mettons-en d’abord trois à part ; et de celles-ci, considérons-en
deux, et suivons-les dans toutes leurs branches et leurs divisions : puis ramenons
chacune d’elles à une seule idée ; et tâchons ainsi de découvrir par où elles sont l’une
et l’autre une et plusieurs.
PROTARQUE.
Si tu veux bien t’expliquer plus clairement, peut-être pourrai-je te suivre.
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