[139] Οὔτ' ἄρα ποι ἰὸν καὶ ἔν (139a) τῳ γιγνόμενον χώραν ἀλλάττει, οὔτ' ἐν τῷ
αὐτῷ περιφερόμενον οὔτε ἀλλοιούμενον.
Οὐκ ἔοικε.
Κατὰ πᾶσαν ἄρα κίνησιν τὸ ἓν ἀκίνητον.
Ἀκίνητον.
Ἀλλὰ μὴν καὶ εἶναί γέ φαμεν ἔν τινι αὐτὸ ἀδύνατον.
Φαμὲν γάρ.
Οὐδ' ἄρα ποτὲ ἐν τῷ αὐτῷ ἐστιν.
Τί δή;
Ὅτι ἤδη ἂν ἐν ἐκείνῳ εἴη ἐν ᾧ τῷ αὐτῷ ἐστιν.
Πάνυ μὲν οὖν.
Ἀλλ' οὔτε ἐν αὑτῷ οὔτε ἐν ἄλλῳ οἷόν τε ἦν αὐτῷ ἐνεῖναι.
Οὐ γὰρ οὖν.
Οὐδέποτε ἄρα ἐστὶ τὸ ἓν ἐν τῷ αὐτῷ.
Οὐκ ἔοικεν.
(139b) Ἀλλὰ μὴν τό γε μηδέποτε ἐν τῷ αὐτῷ ὂν οὔτε ἡσυχίαν ἄγει οὔθ'
ἕστηκεν.
Οὐ γὰρ οἷόν τε.
Τὸ ἓν ἄρα, ὡς ἔοικεν, οὔτε ἕστηκεν οὔτε κινεῖται.
Οὔκουν δὴ φαίνεταί γε.
Οὐδὲ μὴν ταὐτόν γε οὔτε ἑτέρῳ οὔτε ἑαυτῷ ἔσται, οὐδ' αὖ ἕτερον οὔτε αὑτοῦ
οὔτε ἑτέρου ἂν εἴη.
Πῇ δή;
Ἕτερον μέν που ἑαυτοῦ ὂν ἑνὸς ἕτερον ἂν εἴη καὶ οὐκ ἂν εἴη ἕν.
Ἀληθῆ.
Καὶ μὴν ταὐτόν γε ἑτέρῳ ὂν ἐκεῖνο ἂν εἴη, αὐτὸ (139c) δ' οὐκ ἂν εἴη· ὥστε
οὐδ' ἂν οὕτως εἴη ὅπερ ἔστιν, ἕν, ἀλλ' ἕτερον ἑνός.
Οὐ γὰρ οὖν.
Ταὐτὸν μὲν ἄρα ἑτέρῳ ἢ ἕτερον ἑαυτοῦ οὐκ ἔσται.
Οὐ γάρ.
Ἕτερον δέ γε ἑτέρου οὐκ ἔσται, ἕως ἂν ᾖ ἕν· οὐ γὰρ ἑνὶ προσήκει ἑτέρῳ
τινὸς εἶναι, ἀλλὰ μόνῳ ἑτέρῳ ἑτέρου, ἄλλῳ δὲ οὐδενί.
Ὀρθῶς.
Τῷ μὲν ἄρα ἓν εἶναι οὐκ ἔσται ἕτερον· ἢ οἴει;
Οὐ δῆτα.
Ἀλλὰ μὴν εἰ μὴ τούτῳ, οὐχ ἑαυτῷ ἔσται, εἰ δὲ μὴ αὑτῷ, οὐδὲ αὐτό· αὐτὸ δὲ
μηδαμῇ ὂν ἕτερον οὐδενὸς ἔσται (139d) ἕτερον.
Ὀρθῶς.
Οὐδὲ μὴν ταὐτόν γε ἑαυτῷ ἔσται.
Πῶς δ' οὔ;
Οὐχ ἥπερ τοῦ ἑνὸς φύσις, αὑτὴ δήπου καὶ τοῦ ταὐτοῦ.
Τί δή;
Ὅτι οὐκ, ἐπειδὰν ταὐτὸν γένηταί τῴ τι, ἓν γίγνεται.
Ἀλλὰ τί μήν;
Τοῖς πολλοῖς ταὐτὸν γενόμενον πολλὰ ἀνάγκη γίγνεσθαι ἀλλ' οὐχ ἕν.
Ἀληθῆ.
Ἀλλ' εἰ τὸ ἓν καὶ τὸ ταὐτὸν μηδαμῇ διαφέρει, ὁπότε τι ταὐτὸν ἐγίγνετο, ἀεὶ
ἂν ἓν ἐγίγνετο, καὶ ὁπότε ἕν, ταὐτόν.
(139e) Πάνυ γε.
Εἰ ἄρα τὸ ἓν ἑαυτῷ ταὐτὸν ἔσται, οὐχ ἓν ἑαυτῷ ἔσται· καὶ οὕτω ἓν ὂν οὐχ ἓν
ἔσται. ἀλλὰ μὴν τοῦτό γε ἀδύνατον· ἀδύνατον ἄρα καὶ τῷ ἑνὶ ἢ ἑτέρου ἕτερον
εἶναι ἢ ἑαυτῷ ταὐτόν.
Ἀδύνατον.
Οὕτω δὴ ἕτερόν γε ἢ ταὐτὸν τὸ ἓν οὔτ' ἂν αὑτῷ οὔτ' ἂν ἑτέρῳ εἴη.
Οὐ γὰρ οὖν.
Οὐδὲ μὴν ὅμοιόν τινι ἔσται οὐδ' ἀνόμοιον οὔτε αὑτῷ οὔτε ἑτέρῳ.
Τί δή;
Ὅτι τὸ ταὐτόν που πεπονθὸς ὅμοιον.
Ναί.
Τοῦ δέ γε ἑνὸς χωρὶς ἐφάνη τὴν φύσιν τὸ ταὐτόν.
| [139] — L'un ne change donc pas de place,
ni en allant quelque part (139a) et en arrivant en quelque chose, ni en tournant
en un même lieu, ni en changeant de nature. — Il semble. — L'un est donc
absolument immobile. — Oui. — De plus, nous soutenons. qu'il ne peut
être en rien. — Nous le soutenons. — Il n'est donc jamais dans le même
lieu. — Comment ? — Parce qu'alors il demeurerait dans un lieu. —
D'accord. — Or, il ne peut être, comme nous avons vu, ni dans lui-même ni
dans rien autre. — Oui. — L'un n'est donc jamais au même lieu. — Il
semble. (139b) — Mais, ce qui n'est jamais dans le même lieu n'est point
en repos ni ne s'arrête. — Non. — Donc, l'un n'est ni en repos ni en
mouvement. — Cela est manifeste. — Il n'est donc pas non plus identique ni
à un autre ni à lui-même, et il n'est pas autre non plus ni que lui-même
ni qu'aucun autre. — Comment cela? — S'il était autre que lui-même, il
serait autre que l'un et ne serait pas un. — C'est vrai. — Et s'il était
le même qu'un autre, il serait cet autre (139c) et ne serait plus lui-même
; en sorte que, dans ce cas aussi, il ne serait plus ce qu'il est, à
savoir l'un, mais autre que l'un. — Sans doute. — Donc il ne peut être le
même qu'un autre, ni autre que lui-même. — Tu as raison. — Mais il ne sera
pas autre qu'un autre tant qu'il sera un ; car ce n'est pas l'un qui peut
être autre que quoi que ce soit, mais bien l'autre seulement et rien autre
chose. — Bien. — Ainsi, il ne peut pas être autre, en tant qu'il est un;
n'est-ce pas ton avis? — Oui. — Or, s'il n'est pas autre par là, il ne
l'est pas par lui-même; et s'il ne l'est pas par lui-même, il ne l'est
pas lui-même; n'étant donc lui-même autre en aucune façon, il ne sera
autre (139d) que rien. — Fort bien. — Et il ne sera pas non plus le même
que lui- même. — Comment ? — Parce que la nature de l'un n'est pas celle
du même. — Eh bien ! — Parce que ce qui est devenu le même qu'un autre ne
devient pas pour cela un. — Comment? — Ce qui est devenu le même que
plusieurs choses, doit être plusieurs et non pas un. — C'est vrai. — Mais
si l'un et le même ne différaient en rien, toutes les fois qu'une chose
deviendrait la même, elle deviendrait une, et ce qui deviendrait un
deviendrait toujours le même. (139e) — C'est cela. — Si donc l'un est le
même que lui-même, il ne sera pas un avec lui-même; de sorte que, tout en
étant un, il ne sera pas un. — Mais cela est impossible. — Donc il est
impossible que l'un soit ni autre qu'un autre, ni le même que soi-même. —
Impossible. — Ainsi l'un ne peut être ni autre, ni le même, ni qu'aucune
autre chose ni que soi-même. — Non. — Mais l'un ne sera pas non plus
semblable ni dissemblable ni à lui-même ni à un autre. — Comment? — Parce
que le semblable participe en quelque manière du même. — Oui. — Or, nous
avons vu que le même est étranger par nature à l'un.
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