[205] καί μοι ἴθι ἐπίδειξαι ἃ (205a) καὶ τοῖσδε ἐπιδείκνυσαι, ἵνα εἰδῶ
εἰ ἐπίστασαι ἃ χρὴ ἐραστὴν περὶ παιδικῶν πρὸς αὐτὸν ἢ πρὸς ἄλλους λέγειν.
22. τούτων δέ τι, ἔφη, σταθμᾷ, ὦ Σώκρατες, ὧν ὅδε λέγει;
23. πότερον, ἦν δ' ἐγώ, καὶ τὸ ἐρᾶν ἔξαρνος εἶ οὗ λέγει ὅδε;
24. οὐκ ἔγωγε, ἔφη, ἀλλὰ μὴ ποιεῖν εἰς τὰ παιδικὰ μηδὲ
συγγράφειν.
25. οὐχ ὑγιαίνει, ἔφη ὁ Κτήσιππος, ἀλλὰ ληρεῖ τε καὶ μαίνεται.
CHAPITRE II.
26. καὶ ἐγὼ εἶπον: ὦ Ἱππόθαλες, οὔ τι τῶν μέτρων δέομαι (205b)
ἀκοῦσαι οὐδὲ μέλος εἴ τι πεποίηκας εἰς τὸν νεανίσκον, ἀλλὰ τῆς
διανοίας, ἵνα εἰδῶ τίνα τρόπον προσφέρῃ πρὸς τὰ παιδικά.
27. ὅδε δήπου σοι, ἔφη, ἐρεῖ: ἀκριβῶς γὰρ ἐπίσταται καὶ μέμνηται,
εἴπερ, ὡς λέγει, ὑπ' ἐμοῦ ἀεὶ ἀκούων διατεθρύληται.
28. νὴ τοὺς θεούς, ἔφη ὁ Κτήσιππος, πάνυ γε. καὶ γάρ ἐστι
καταγέλαστα, ὦ Σώκρατες. τὸ γὰρ ἐραστὴν ὄντα καὶ
διαφερόντως τῶν ἄλλων τὸν νοῦν προσέχοντα τῷ παιδὶ ἴδιον
(205c) μὲν μηδὲν ἔχειν λέγειν ὃ οὐχὶ κἂν παῖς εἴποι, πῶς οὐχὶ
καταγέλαστον; ἃ δὲ ἡ πόλις ὅλη ᾄδει περὶ Δημοκράτους καὶ
Λύσιδος τοῦ πάππου τοῦ παιδὸς καὶ πάντων πέρι τῶν
προγόνων, πλούτους τε καὶ ἱπποτροφίας καὶ νίκας Πυθοῖ καὶ
Ἰσθμοῖ καὶ Νεμέᾳ τεθρίπποις τε καὶ κέλησι, ταῦτα ποιεῖ τε καὶ
λέγει, πρὸς δὲ τούτοις ἔτι τούτων κρονικώτερα. τὸν γὰρ τοῦ
Ἡρακλέους ξενισμὸν πρῴην ἡμῖν ἐν ποιήματί τινι διῄει, ὡς διὰ
τὴν τοῦ Ἡρακλέους συγγένειαν ὁ πρόγονος αὐτῶν (205d)
ὑποδέξαιτο τὸν Ἡρακλέα, γεγονὼς αὐτὸς ἐκ Διός τε καὶ τῆς τοῦ
δήμου ἀρχηγέτου θυγατρός, ἅπερ αἱ γραῖαι ᾄδουσι, καὶ ἄλλα
πολλὰ τοιαῦτα, ὦ Σώκρατες: ταῦτ' ἐστὶν ἃ οὗτος λέγων τε καὶ
ᾄδων ἀναγκάζει καὶ ἡμᾶς ἀκροᾶσθαι.
29. καὶ ἐγὼ ἀκούσας εἶπον: ὦ καταγέλαστε Ἱππόθαλες, πρὶν
νενικηκέναι ποιεῖς τε καὶ ᾄδεις εἰς σαυτὸν ἐγκώμιον;
30. ἀλλ' οὐκ εἰς ἐμαυτόν, ἔφη, ὦ Σώκρατες, οὔτε ποιῶ οὔτε ᾄδω.
31. οὐκ οἴει γε, ἦν δ' ἐγώ.
32. τὸ δὲ πῶς ἔχει; ἔφη. (205e)
33. πάντων μάλιστα, εἶπον, εἰς σὲ τείνουσιν αὗται αἱ ᾠδαί. ἐὰν μὲν
γὰρ ἕλῃς τὰ παιδικὰ τοιαῦτα ὄντα, κόσμος σοι ἔσται τὰ
λεχθέντα καὶ ᾀσθέντα καὶ τῷ ὄντι ἐγκώμια ὥσπερ νενικηκότι,
ὅτι τοιούτων παιδικῶν ἔτυχες: ἐὰν δέ σε διαφύγῃ, ὅσῳ ἂν μείζω
σοι εἰρημένα ᾖ ἐγκώμια περὶ τῶν παιδικῶν,
| [205] Mais voyons, répète les propos que tu tiens devant ces jeunes
gens, afin que je voie si tu sais ce qu’un amant doit dire de ses amours, soit à
son bien-aimé, soit à d’autres.
— Socrate, répondit-il, est-ce que tu t’arrêtes à ce qu’il dit ?
— Vas-tu nier, lui dis-je, que tu aimes l’enfant dont il parle ?
— Non pas, dit-il, mais je n’écris pour lui ni vers ni prose.
— Il a perdu le sens, reprit Ctèsippe ; il extravague, il est fou. »
CHAPITRE II. — Je repris : « O Hippothalès, ce n’est ni tes vers ni tes chants, si tu
en as composé pour le jeune homme, que je demande à entendre ; c’est la pensée que
j’en veux connaître, pour voir comment tu te comportes à l’égard de ton bien-aimé.
— Ctèsippe te dira bien cela, répondit-il ; car il doit le savoir et s’en
souvenir exactement, s’il est vrai, comme il le prétend, qu’il est assourdi de
me l’entendre répéter.
— Oui, par les dieux, s’écria Ctèsippe, je puis le dire, et c’est tout à fait
drôle, Socrate. Voilà un amant qui applique à ses amours la meilleure partie de
ses pensées, et qui ne trouve rien à en dire de particulier qu’un enfant même ne
puisse dire : n’est-ce pas drôle ? Les histoires que toute la ville ressasse sur
Démocrate et sur Lysis, le grand-père de l’enfant, et sur tous ses ancêtres,
leurs richesses, leurs écuries, leurs victoires à Delphes, à l’Isthme, à Némée,
aux courses de chars ou de chevaux, il répète tout cela en vers et en prose,
avec des rogatons encore plus rebattus que ceux-là. L’autre jour, c’est un poème
sur la visite d’Héraclès qu’il nous a débité : il y relatait comment l’ancêtre
de leur maison avait reçu Héraclès, en vertu de sa parenté avec lui, étant né
lui-même de Zeus et de la fille du fondateur de leur dème, histoires ressassées
par les vieilles femmes, et mainte autre semblable, Socrate. Voilà ce qu’il met
en vers et en prose et nous force nous-mêmes à écouter. »
Là-dessus, je repris : « Tu es un plaisant personnage, Hippothalès, de mettre
ton éloge en vers et en musique, avant d’avoir remporté la victoire.
— Mais ce n’est pas pour moi, Socrate, dit-il, que je fais des vers et que je chante.
— Du moins tu ne le crois pas.
— Qu’entends-tu par là ? dit-il.
— C’est à toi-même avant tout que ces chants se rapportent ; car si tu fais la
conquête d’un garçon comme celui-là, tes vers et tes chants tourneront à ton
honneur et seront en réalité un éloge de ta victoire, puisque tu auras gagné un
tel ami ; mais s’il t’échappe, plus tu auras fait l’éloge de ton bien-aimé,
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