HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Platon, Les lois, livre X

Page 892

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[10,892] (892a) (Κλεινίας) οὔπω μανθάνω. (Ἀθηναῖος) ψυχήν, ἑταῖρε, ἠγνοηκέναι κινδυνεύουσι μὲν ὀλίγου σύμπαντες οἷόν τε ὂν τυγχάνει καὶ δύναμιν ἣν ἔχει, τῶν τε ἄλλων αὐτῆς πέρι καὶ δὴ καὶ γενέσεως, ὡς ἐν πρώτοις ἐστί, σωμάτων ἔμπροσθεν πάντων γενομένη, καὶ μεταβολῆς τε αὐτῶν καὶ μετακοσμήσεως ἁπάσης ἄρχει παντὸς μᾶλλον· εἰ δὲ ἔστιν ταῦτα οὕτως, ἆρ' οὐκ ἐξ ἀνάγκης τὰ ψυχῆς συγγενῆ πρότερα ἂν εἴη γεγονότα τῶν σώματι (892b) προσηκόντων, οὔσης γ' αὐτῆς πρεσβυτέρας σώματος; (Κλεινίας) ἀνάγκη. (Ἀθηναῖος) δόξα δὴ καὶ ἐπιμέλεια καὶ νοῦς καὶ τέχνη καὶ νόμος σκληρῶν καὶ μαλακῶν καὶ βαρέων καὶ κούφων πρότερα ἂν εἴη· καὶ δὴ καὶ τὰ μεγάλα καὶ πρῶτα ἔργα καὶ πράξεις τέχνης ἂν γίγνοιτο, ὄντα ἐν πρώτοις, τὰ δὲ φύσει καὶ φύσις, ἣν οὐκ ὀρθῶς ἐπονομάζουσιν αὐτὸ τοῦτο, ὕστερα καὶ ἀρχόμενα ἂν ἐκ τέχνης εἴη καὶ νοῦ. (892c) (Κλεινίας) πῶς οὐκ ὀρθῶς; (Ἀθηναῖος) φύσιν βούλονται λέγειν γένεσιν τὴν περὶ τὰ πρῶτα· εἰ δὲ φανήσεται ψυχὴ πρῶτον, οὐ πῦρ οὐδὲ ἀήρ, ψυχὴ δ' ἐν πρώτοις γεγενημένη, σχεδὸν ὀρθότατα λέγοιτ' ἂν εἶναι διαφερόντως φύσει. ταῦτ' ἔσθ' οὕτως ἔχοντα, ἂν ψυχήν τις ἐπιδείξῃ πρεσβυτέραν οὖσαν σώματος, ἄλλως δὲ οὐδαμῶς. (Κλεινίας) ἀληθέστατα λέγεις. (Ἀθηναῖος) οὐκοῦν τὰ μετὰ ταῦτα ἐπ' αὐτὸ δὴ τοῦτο στελλώμεθα; (892d) (Κλεινίας) τί μήν; (Ἀθηναῖος) φυλάττωμεν δὴ παντάπασιν ἀπατηλὸν λόγον, μή πῃ πρεσβύτας ἡμᾶς ὄντας νεοπρεπὴς ὢν παραπείσῃ καὶ διαφυγὼν καταγελάστους ποιήσῃ, καὶ δόξωμεν μείζονα ἐπιβαλλόμενοι καὶ τῶν σμικρῶν ἀποτυχεῖν. σκοπεῖτε οὖν. εἰ καθάπερ ποταμὸν ἡμᾶς ἔδει τρεῖς ὄντας διαβαίνειν ῥέοντα σφόδρα, νεώτατος δ' ἐγὼ τυγχάνων ἡμῶν καὶ πολλῶν ἔμπειρος ῥευμάτων, εἶπον ὅτι πρῶτον ἐμὲ χρῆναι πειραθῆναι (892e) κατ' ἐμαυτόν, καταλιπόντα ὑμᾶς ἐν ἀσφαλεῖ, σκέψασθαι εἰ διαβατός ἐστι πρεσβυτέροις οὖσι καὶ ὑμῖν, πῶς ἔχει, καὶ φανέντος μὲν ταύτῃ, καλεῖν ὑμᾶς τότε καὶ συνδιαβιβάζειν ἐμπειρίᾳ, εἰ δὲ ἄβατος ἦν ὡς ὑμῖν, ἐν ἐμοὶ τὸν κίνδυνον γεγονέναι, μετρίως ἂν ἐδόκουν λέγειν, καὶ δὴ καὶ νῦν μέλλων ἐστὶ λόγος σφοδρότερος καὶ σχεδὸν ἴσως ἄβατος ὡς τῇ σφῷν ῥώμῃ· [10,892] (CLINIAS) Je ne te comprends pas encore. (L'ATHÉNIEN) Il me semble, camarade, que ces gens-là ont ignoré la nature de l'âme et ses propriétés. Ils n'ont pas vu qu'en tout le reste et surtout quant à l'origine, elle est un des premiers êtres, qu'elle a existé avant les corps et qu'elle préside plus qu'aucune autre chose à leurs changements et à leur arrangement. S'il en est ainsi, n'est-il pas de toute nécessité que tout ce qui est parent de l'âme ait existé avant ce qui appartient au corps, puisqu'elle est plus vieille que le corps ? (CLINIAS) C'est forcé. (L'ATHÉNIEN) Par conséquent, l'opinion, la prévoyance, l'intelligence, l'art et la loi sont antérieurs aux objets durs et mous, aux lourds et aux légers, comme aussi les grands et premiers ouvrages et les premières opérations appartiennent à l'art, puisqu'ils sont parmi les premiers objets qui aient existé ; mais les productions de la nature et la nature, ou plutôt ce qu'ils appellent faussement la nature, sont postérieures et viennent de l'art et de l'intelligence. (CLINIAS) En quoi leur assertion est-elle fausse ? (L'ATHÉNIEN) Ils entendent par nature la génération des premiers êtres. Mais, si c'est l'âme qui apparaît d'abord, si ce n'est ni le feu, ni l'air, mais l'âme qui a été créée parmi les premiers êtres, il est tout à fait logique de dire qu'elle existe plus que tout autre par nature. Il en est ainsi, si l'on prouve que l'âme est plus vieille que le corps ; autrement, non. (CLINIAS) Tu dis très vrai. (L'ATHÉNIEN) Dès lors apprêtons-nous à cette tâche. (CLINIAS) Sans doute. (L'ATHÉNIEN) Tenons-nous bien en garde contre un sophisme trompeur fait pour séduire la jeunesse ; craignons qu'il ne nous séduise, nous vieillards, et qu'après s'être échappé de nos mains, il ne nous couvre de ridicule et ne fasse dire aux gens que, nous chargeant de trop grandes entreprises, nous manquons même les petites. Voyons donc comment il faut, nous y prendre. Supposons que nous ayons tous les trois une rivière au courant rapide à traverser, et que moi, étant le plus jeune et ayant déjà passé plusieurs rivières, je vous dise qu'il faut, vous laissant en sûreté, que j'essaye le premier de m'assurer par moi-même si le courant est guéable pour vous qui êtes vieux, ou s'il en est autrement, et qu'après m'en être assuré, je vous appelle alors et vous aide à passer grâce à mon expérience ; qu'au contraire, si le courant est infranchissable pour vous, que je prenne sur moi le danger : ne trouverez-vous pas alors ma proposition raisonnable ? Eh bien, c'est à présent notre cas ; la discussion que nous allons engager est entraînante et peut-être n'est-elle pas guéable pour vos forces à tous deux.


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Dernière mise à jour : 19/04/2007