[10,893] μὴ δὴ σκοτοδινίαν ἴλιγγόν τε ὑμῖν (893a) ἐμποιήσῃ
παραφερόμενός τε καὶ ἐρωτῶν ἀήθεις ὄντας ἀποκρίσεων, εἶτ'
ἀσχημοσύνην ἀπρέπειάν τε ἐντέκῃ ἀηδῆ, δοκεῖ δή μοι χρῆναι ποιεῖν
οὑτωσὶ τὰ νῦν ἐμέ, ἀνερωτᾶν πρῶτον ἐμαυτόν, ἀκουόντων ὑμῶν ἐν
ἀσφαλεῖ, καὶ μετὰ ταῦτα ἀποκρίνασθαι πάλιν ἐμέ, καὶ τὸν
λόγον ἅπαντα οὕτω διεξελθεῖν, μέχριπερ ἂν ψυχῆς πέρι
διαπεράνηται καὶ δείξῃ πρότερον ὂν ψυχὴν σώματος.
(Κλεινίας)
ἄριστ', ὦ ξένε, δοκεῖς ἡμῖν εἰρηκέναι, ποίει τε ὡς λέγεις.
(893b) (Ἀθηναῖος)
ἄγε δή, θεὸν εἴ ποτε παρακλητέον ἡμῖν, νῦν ἔστω τοῦτο οὕτω
γενόμενον - ἐπί γε ἀπόδειξιν ὡς εἰσὶν τὴν αὑτῶν σπουδῇ πάσῃ
παρακεκλήσθων - ἐχόμενοι δὲ ὥς τινος ἀσφαλοῦς πείσματος
ἐπεισβαίνωμεν εἰς τὸν νῦν λόγον. καί μοι ἐλεγχομένῳ περὶ τὰ
τοιαῦτα ἐρωτήσεσιν τοιαῖσδε ἀσφαλέστατα ἀποκρίνεσθαι
φαίνεται κατὰ τάδε· ὦ ξένε, ὁπόταν φῇ τις, ἆρα ἕστηκε μὲν
πάντα, κινεῖται δὲ οὐδέν; ἢ τούτῳ πᾶν τοὐναντίον; ἢ τὰ μὲν
αὐτῶν κινεῖται, τὰ δὲ μένει;
(893c) - τὰ μὲν κινεῖταί που, φήσω, τὰ δὲ μένει.
- μῶν οὖν οὐκ ἐν χώρᾳ τινὶ τά τε ἑστῶτα ἕστηκεν καὶ τὰ κινούμενα κινεῖται;
- πῶς γὰρ οὔ;
- καὶ τὰ μέν γε ἐν μιᾷ ἕδρᾳ που τοῦτο ἂν δρῴη, τὰ δὲ ἐν πλείοσιν.
- τὰ τὴν τῶν ἑστώτων ἐν μέσῳ λαμβάνοντα δύναμιν λέγεις,
φήσομεν, ἐν ἑνὶ κινεῖσθαι, καθάπερ ἡ τῶν ἑστάναι λεγομένων
κύκλων στρέφεται περιφορά;
- ναί. μανθάνομεν δέ γε ὡς ἐν ταύτῃ τῇ περιφορᾷ τὸν
μέγιστον καὶ τὸν σμικρότατον κύκλον ἅμα περιάγουσα, (893d)
ἡ τοιαύτη κίνησις ἀνὰ λόγον ἑαυτὴν διανέμει σμικροῖς τε καὶ
μείζοσιν, ἐλάττων τε οὖσα καὶ πλείων κατὰ λόγον· διὸ δὴ τῶν
θαυμαστῶν ἁπάντων πηγὴ γέγονεν, ἅμα μεγάλοις καὶ
σμικροῖς κύκλοις βραδυτῆτάς τε καὶ τάχη ὁμολογούμενα
πορεύουσα, ἀδύνατον, ὡς ἄν τις ἐλπίσειε, γίγνεσθαι πάθος.
- ἀληθέστατα λέγεις.
- τὰ δέ γε κινούμενα ἐν πολλοῖς φαίνῃ μοι λέγειν ὅσα φορᾷ
κινεῖται μεταβαίνοντα εἰς ἕτερον ἀεὶ τόπον, καὶ τοτὲ μὲν ἔστιν
ὅτε βάσιν ἑνὸς κεκτημένα (893e) τινὸς κέντρου, τοτὲ δὲ πλείονα
τῷ περικυλινδεῖσθαι. προστυγχάνοντα δ' ἑκάστοτε ἑκάστοις,
τοῖς ἑστῶσι μὲν διασχίζεται, τοῖς δ' ἄλλοις ἐξ ἐναντίας
ἀπαντῶσι καὶ φερομένοις εἰς ἓν γιγνόμενα μέσα τε καὶ μεταξὺ
τῶν τοιούτων συγκρίνεται.
- λέγω γὰρ οὖν ταῦτα οὕτως ἔχοντα, ὡς σὺ λέγεις.
- καὶ μὴν καὶ συγκρινόμενα μὲν αὐξάνεται, διακρινόμενα
δὲ φθίνει τότε, ὅταν ἡ καθεστηκυῖα ἑκάστων ἕξις διαμένῃ,
| [10,893] Aussi est-il à craindre qu'elle ne vous trouble la tête et ne vous
donne le vertige, en vous emportant dans un torrent d'interrogations
auxquelles vous n'êtes pas exercés à répondre et qu'elle ne vous jette
dans une situation qui siérait mal à votre âge et ne vous plairait pas.
Aussi je crois devoir à présent procéder ainsi : je m'interrogerai
moi-même et vous m'écouterez en toute sûreté, puis je me répondrai, et je
poursuivrai toute cette dispute jusqu'à ce que je l'aie menée à son terme
et que j'aie démontré que l'âme a existé avant le corps.
(CLINIAS) Il nous semble qu'on ne saurait mieux dire. Fais donc comme tu dis.
CHAPITRE VI.
(L'ATHÉNIEN) Commençons donc. Si jamais nous avons eu besoin d'appeler les
dieux à notre secours, c'est à ce moment qu'il faut le faire.
Implorons-les donc avec instance pour démontrer leur existence, et nous
attachant à eux comme à une ancre sûre, embarquons-nous dans la dispute
présente. Si l'on me fait à ce sujet les questions que je vais dire, le
plus sûr me paraît être d'y répondre comme il suit. Si l'on me pose cette
question : est-ce que tout est immobile, étranger, et rien en repos, ou
est-ce tout le contraire, ou enfin les choses sont-elles, les unes
immobiles et les autres en mouvement ? je répondrai : les unes sont en
mouvement, les autres immobiles. - N'est-ce pas dans quelque espace que
les choses immobiles sont en repos et les mobiles en mouvement ? - Sans
doute. - Et les unes y sont dans un seul endroit, les autres en plusieurs ?
- Tu veux dire, répondrai-je, que les corps qui ont en leur milieu la
nature des corps immobiles se meuvent sans changer de place, de même que
la circonférence des cercles qu'on dit immobiles, tourne sur elle-même.
- Oui. - Nous comprenons que dans cette révolution circulaire le mouvement
qui fait tourner à la fois le plus grand et le plus petit cercle se
distribue proportionnellement au plus grand et au plus petit, étant lui
même plus grand ou plus faible dans la même proportion. Aussi y a-t-il de
quoi s'étonner de tout cela, en voyant que la force mouvante communique à
la fois aux grands et aux petits cercles la lenteur et la vitesse
proportionnée, phénomène qu'on pourrait croire impossible. - Rien de plus
vrai. - Par les corps qui changent de place, il me paraît que tu entends
ceux qui, emportés par le mouvement, passent sans cesse d'un lieu à un
autre, et qui tantôt n'ont qu'un même centre comme base de leur mouvement,
tantôt en ont plusieurs, parce qu'ils roulent dans l'espace. Tu dis aussi
que, chaque fois qu'il se rencontrent, ils se divisent, s'ils heurtent des
corps en repos ; qu'au contraire ceux qui, poussés l'un vers l'autre de
points opposés, tendent au même point se combinent en corps Intermédiaires
entre les deux. - Je conviens que les choses se passent comme tu le dis.-
Tu conviens aussi qu'ils s'augmentent par la combinaison et diminuent par
la division, quand leur forme constitutive persiste,
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