[10,908] (908a) δεσμὸς μὲν οὖν ὑπαρχέτω πᾶσιν·
δεσμωτηρίων δὲ ὄντων ἐν τῇ πόλει τριῶν,
ἑνὸς μὲν κοινοῦ τοῖς πλείστοις περὶ ἀγοράν, σωτηρίας ἕνεκα
τοῖς πολλοῖς τῶν σωμάτων, ἑνὸς δὲ περὶ τὸν τῶν νύκτωρ
συλλεγομένων σύλλογον, σωφρονιστήριον ἐπονομαζόμενον,
ἑνὸς δὲ αὖ κατὰ μέσην τὴν χώραν, ὅπῃπερ ἂν ἔρημός τε καὶ ὡς
ὅτι μάλιστα ἀγριώτατος ᾖ τόπος, τιμωρίας ἔχων ἐπωνυμίαν
φήμην τινά· περὶ ἀσέβειαν δὲ ὄντων αἰτίαις (908b) μὲν τρισίν,
αἷσπερ καὶ διήλθομεν, δύο δὲ ἐξ ἑκάστης τῆς τοιαύτης αἰτίας
γενομένων, ἓξ ἂν γίγνοιντο ἃ καὶ διακρίσεως ἄξια γένη τῶν
περὶ τὰ θεῖα ἐξαμαρτανόντων, οὐκ ἴσης οὐδ' ὁμοίας δίκης
δεόμενα. ᾧ γὰρ ἂν μὴ νομίζοντι θεοὺς εἶναι τὸ παράπαν ἦθος
φύσει προσγένηται δίκαιον, μισοῦντές τε γίγνονται τοὺς
κακούς, καὶ τῷ δυσχεραίνειν τὴν ἀδικίαν οὔτε τὰς τοιαύτας
πράξεις προσίενται πράττειν, τούς τε μὴ δικαίους (908c) τῶν
ἀνθρώπων φεύγουσι καὶ τοὺς δικαίους στέργουσιν· οἷς δ' ἂν
πρὸς τῇ δόξῃ τῇ θεῶν ἔρημα εἶναι πάντα ἀκράτειαί τε ἡδονῶν
καὶ λυπῶν προσπέσωσι, μνῆμαί τε ἰσχυραὶ καὶ μαθήσεις ὀξεῖαι
παρῶσι, τὸ μὲν μὴ νομίζειν θεοὺς ἀμφοῖν ἂν ἐνυπάρχοι κοινὸν
πάθος, τῇ δὲ τῶν ἄλλων ἀνθρώπων λώβῃ τὸ μὲν ἐλάττω, τὸ δὲ
πλείω κακὰ ἐργάζοιτ' ἄν. ὁ μὲν γὰρ λόγῳ τε ἂν περὶ θεοὺς
παρρησίας εἴη μεστὸς καὶ περὶ θυσίας τε καὶ ὅρκους, καὶ ὡς τῶν
ἄλλων καταγελῶν τάχ' ἂν (908d) ἑτέρους τοιούτους
ἀπεργάζοιτο, δίκης μὴ τυγχάνων· ὁ δὲ δὴ δοξάζων μὲν
καθάπερ ἅτερος, εὐφυὴς δὲ ἐπικαλούμενος, δόλου δὲ καὶ
ἐνέδρας πλήρης, ἐξ ὧν μάντεις τε κατασκευάζονται πολλοὶ καὶ
περὶ πᾶσαν τὴν μαγγανείαν κεκινημένοι, γίγνονται δὲ ἐξ
αὐτῶν ἔστιν ὅτε καὶ τύραννοι καὶ δημηγόροι καὶ στρατηγοί, καὶ
τελεταῖς δὲ ἰδίαις ἐπιβεβουλευκότες, σοφιστῶν τε
ἐπικαλουμένων μηχαναί. τούτων δὴ πολλὰ (908e) μὲν εἴδη
γένοιτ' ἄν, τὰ δὲ νόμων ἄξια θέσεως δύο, ὧν τὸ μὲν εἰρωνικὸν
οὐχ ἑνὸς οὐδὲ δυοῖν ἄξια θανάτοιν ἁμαρτάνον, τὸ δὲ
νουθετήσεως ἅμα καὶ δεσμῶν δεόμενον. ὡσαύτως δὲ καὶ τὸ
θεοὺς νομίζον ἀμελεῖν δύ' ἕτερα γεννᾷ, καὶ τὸ παραιτητοὺς
ἄλλα δύο. τούτων δὴ ταύτῃ διεστηκότων, τοὺς μὲν ὑπ' ἀνοίας
| [10,908] La peine générale sera la prison. Il y aura dans la cité trois sortes de prisons,
une sur la place publique, qui sera commune à la plupart des délinquants et s'assurera
de leurs personnes ; une autre à l'endroit où se réuniront la nuit certains magistrats et
qu'on appellera maison de correction ; une troisième enfin au milieu du
pays dans un endroit désert et aussi sauvage que possible, qui sera
surnommée la prison du châtiment. Il y aura délit d'impiété pour trois
motifs, qui sont précisément ceux dont nous avons parlé, et, comme chaque
espèce se divise en deux, il y aura donc six espèces de fautes envers les
dieux, qui demandent à être distinguées, vu que la punition n'en sera ni
égale ni pareille.
Il y a en effet des gens qui ne croient pas du tout a l'existence des
dieux, mais qui tiennent de la nature un esprit de justice, qui haïssent
les méchants, et, parce que l'injustice leur répugne, s'abstiennent de
toute action injuste, fuient la compagnie des pervers et chérissent les
gens de bien. Mais il y en a d'autres qui, non seulement croient que le
monde est vide de dieux, mais sont encore incapables de maîtriser le
plaisir et la douleur, et qui possèdent une mémoire solide et une grande
pénétration d'esprit. Ils ont une maladie commune, qui est de ne pas
croire aux dieux ; mais pour ce qui est de gâter les autres hommes, les
premiers font moins de mal que les seconds.
En effet, les premiers s'expriment avec une pleine licence à l'égard des
dieux, des sacrifices et des serments, et, en se moquant des autres, ils
pourraient peut-être les rendre impies comme eux, s'ils échappaient au
châtiment ; mais les seconds, étant dans les mêmes sentiments que les
premiers, sont, comme on dit, des finauds, pleins de ruse et d'artifice;
c'est parmi eux que se forment un bon nombre de devins et ceux qui
exercent tous les genres de sorcellerie, quelquefois aussi les tyrans, les
généraux d'armée, ceux qui séduisent le public par des initiations privées
et les sophistes avec leurs raisonnement captieux ; car les espèces de ces
impies sont nombreuses ; mais il y en a deux qu'il faut réprimer par des
lois, l'une, qui feint l'ignorance, mérite non pas une, mais plusieurs
morts ; l'autre n'a besoin que de réprimande et de prison.
Pareillement, ceux qui pensent que les dieux ne s'occupent pas des hommes
forment deux espèces, et ceux qui pensent qu'ils sont faciles â fléchir,
deux aussi. Cette distinction faite, les juges condamneront, suivant la
loi, ceux qui sont impies par défaut de jugement,
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