[10,906] ἢ (906a) γεωργοῖς περὶ φυτῶν
γένεσιν εἰωθυίας ὥρας χαλεπὰς διὰ φόβων προσδεχομένοις, ἢ
καὶ ποιμνίων ἐπιστάταις. ἐπειδὴ γὰρ συγκεχωρήκαμεν ἡμῖν
αὐτοῖς εἶναι μὲν τὸν οὐρανὸν πολλῶν μεστὸν ἀγαθῶν, εἶναι δὲ
καὶ τῶν ἐναντίων, πλειόνων δὲ τῶν μή, μάχη δή, φαμέν,
ἀθάνατός ἐσθ' ἡ τοιαύτη καὶ φυλακῆς θαυμαστῆς δεομένη,
σύμμαχοι δὲ ἡμῖν θεοί τε ἅμα καὶ δαίμονες, ἡμεῖς δ' αὖ κτῆμα
θεῶν καὶ δαιμόνων· φθείρει δὲ ἡμᾶς ἀδικία καὶ ὕβρις μετὰ
ἀφροσύνης, σῴζει δὲ δικαιοσύνη (906b) καὶ σωφροσύνη μετὰ
φρονήσεως, ἐν ταῖς τῶν θεῶν ἐμψύχοις οἰκοῦσαι δυνάμεσιν,
βραχὺ δέ τι καὶ τῇδε ἄν τις τῶν τοιούτων ἐνοικοῦν ἡμῖν σαφὲς
ἴδοι. ψυχαὶ δέ τινες ἐπὶ γῆς οἰκοῦσαι καὶ ἄδικον λῆμμα
κεκτημέναι δῆλον ὅτι θηριώδεις, πρὸς τὰς τῶν φυλάκων ψυχὰς
ἄρα κυνῶν ἢ τὰς τῶν νομέων ἢ πρὸς τὰς τῶν παντάπασιν
ἀκροτάτων δεσποτῶν προσπίπτουσαι, πείθουσιν θωπείαις
λόγων καὶ ἐν εὐκταίαις τισὶν ἐπῳδαῖς, (906c) ὡς αἱ φῆμαί φασιν
αἱ τῶν κακῶν, ἐξεῖναι πλεονεκτοῦσιν σφίσιν ἐν ἀνθρώποις
πάσχειν μηδὲν χαλεπόν· φαμὲν δ' εἶναί που τὸ νῦν
ὀνομαζόμενον ἁμάρτημα, τὴν πλεονεξίαν, ἐν μὲν σαρκίνοις
σώμασι νόσημα καλούμενον, ἐν δὲ ὥραις ἐτῶν καὶ ἐνιαυτοῖς
λοιμόν, ἐν δὲ πόλεσι καὶ πολιτείαις τοῦτο αὐτό, ῥήματι
μετεσχηματισμένον, ἀδικίαν.
(Κλεινίας) παντάπασι μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
τοῦτον δὴ τὸν λόγον ἀναγκαῖον λέγειν τὸν λέγοντα (906d) ὡς
εἰσὶν συγγνώμονες ἀεὶ θεοὶ τοῖς τῶν ἀνθρώπων ἀδίκοις καὶ
ἀδικοῦσιν, ἂν αὐτοῖς τῶν ἀδικημάτων τις ἀπονέμῃ· καθάπερ
κυσὶν λύκοι τῶν ἁρπασμάτων σμικρὰ ἀπονέμοιεν, οἱ δὲ
ἡμερούμενοι τοῖς δώροις συγχωροῖεν τὰ ποίμνια διαρπάζειν.
ἆρ' οὐχ οὗτος ὁ λόγος ὁ τῶν φασκόντων παραιτητοὺς εἶναι θεούς;
(Κλεινίας) οὗτος μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
τίσιν οὖν δὴ τῶν προρρηθέντων ἀπεικάζων ὁμοίους φύλακας
εἶναι θεοὺς οὐκ ἂν καταγέλαστος γίγνοιτο ἀνθρώπων (906e)
ὁστισοῦν; πότερον κυβερνήταις, λοιβῇ τε οἴνου κνίσῃ τε
παρατρεπομένοις αὐτοῖς, ἀνατρέπουσι δὲ ναῦς τε καὶ ναύτας;
(Κλεινίας) μηδαμῶς.
(Ἀθηναῖος)
ἀλλ' οὔτι μὴν ἡνιόχοισί γε ἐν ἁμίλλῃ συντεταγμένοις,
πεισθεῖσιν ὑπὸ δωρεᾶς ἑτέροισι τὴν νίκην ζεύγεσι προδοῦναι.
(Κλεινίας) δεινὴν γὰρ εἰκόνα λέγοις ἂν λέγων τὸν λόγον τοῦτον.
(Ἀθηναῖος)
οὐ μὴν οὐδὲ στρατηγοῖς γε οὐδ' ἰατροῖς οὐδὲ γεωργοῖς, οὐδὲ
νομεῦσιν μὴν οὐδέ τισι κυσὶν κεκηλημένοις ὑπὸ λύκων.
| [10,906] ou à des laboureurs qui attendent en tremblant pour la production des plantes
le retour des saisons qui leur sont nuisibles, ou encore aux gardiens des troupeaux.
Puisque en effet nous sommes tombés d'accord que l'univers est plein de
biens et en même temps de maux, mais ceux-ci en plus grand nombre, il y a
entre eux, disons-nous, une lutte immortelle et qui exige une vigilance
étonnante. Nous avons pour alliés les dieux et les démons, auxquels nous
appartenons. L'injustice et la violence secondées par la folie nous
perdent ; mais la justice et la tempérance secondées par la sagesse nous
sauvent. Ces vertus habitent dans les âmes des dieux ; mais on peut en
voir nettement une faible partie logée en nous. Mais certaines âmes qui
habitent sur la terre, et qui, manifestement sauvages, s'adonnent à
l'injustice, s'adressent aux âmes des gardiens, soit chiens, soit bergers,
ou à celles des maîtres suprêmes, et essayent par des discours flatteurs
et des prières enchanteresses, au dire des méchants, de leur persuader
qu'ils ont le droit d'avoir plus que les autres, sans souffrir aucun mal.
Mais nous disons que le vice que nous venons de nommer est ce qu'on
appelle maladie dans les corps de chair, peste dans les saisons et les
temps de l'année, et ce qui, changeant de nom, devient l'injustice dans
les cités et les gouvernements.
(CLINIAS) C'est exactement cela.
(L'ATHÉNIEN) Or voici nécessairement comment celui qui soutient que les
dieux pardonnent toujours les hommes injustes et criminels, si on leur
fait part des fruits de l'injustice. C'est comme s'il disait que les loups
font part aux chiens d'une petite portion de leurs proies, et que les
chiens, adoucis par leur largesse, les laissent ravager le troupeau.
N'est-ce pas là le langage de ceux qui prétendent que les dieux sont
faciles à fléchir ?
(CLINIAS) C'est cela même.
CHAPITRE XIV.
(L'ATHÉNIEN) En ce cas, auxquels, parmi les gardiens que nous avons cités,
peut-on assimiler les dieux sans se couvrir infailliblement de ridicule ?
Est-ce à des pilotes qui se laisseraient détourner de leur devoir par une
libation de vin ou la graisse des victimes, et feraient chavirer les
vaisseaux et les nautonniers ?
(CLINIAS) Pas du tout.
(L'ATHÉNIEN) Ce ne sera pas non plus à des conducteurs de chars alignés
ensemble pour la lutte, qui, gagnés par des présents, abandonneraient la
victoire à d'autres attelages.
(CLINIAS) L'assimilation dont tu parles serait révoltante.
(L'ATHÉNIEN) Ce ne sera pas non plus aux généraux d'armée, ni aux médecins
ni aux laboureurs, ni aux bergers, ni à des chiens séduits par des loups.
|