[10,905] πάσχειν τε ἃ προσῆκον δρᾶν ἐστι τοῖς προσφερέσι τοὺς προσφερεῖς
(905a) καὶ ποιεῖν. ταύτης τῆς δίκης οὔτε σὺ μή ποτε οὔτε εἰ
ἄλλος ἀτυχὴς γενόμενος ἐπεύξηται περιγενέσθαι θεῶν· ἣν
πασῶν δικῶν διαφερόντως ἔταξάν τε οἱ τάξαντες χρεών τε
ἐξευλαβεῖσθαι τὸ παράπαν. οὐ γὰρ ἀμεληθήσῃ ποτὲ ὑπ' αὐτῆς·
οὐχ οὕτω σμικρὸς ὢν δύσῃ κατὰ τὸ τῆς γῆς βάθος, οὐδ' ὑψηλὸς
γενόμενος εἰς τὸν οὐρανὸν ἀναπτήσῃ, τείσεις δὲ αὐτῶν τὴν
προσήκουσαν τιμωρίαν εἴτ' ἐνθάδε μένων εἴτε καὶ (905b) ἐν
Ἅιδου διαπορευθεὶς εἴτε καὶ τούτων εἰς ἀγριώτερον ἔτι
διακομισθεὶς τόπον. ὁ αὐτὸς δὲ λόγος σοι καὶ περὶ ἐκείνων ἂν
εἴη, τῶν οὓς σὺ κατιδὼν ἐκ σμικρῶν μεγάλους γεγονότας
ἀνοσιουργήσαντας ἤ τι τοιοῦτον πράξαντας ᾠήθης ἐξ ἀθλίων
εὐδαίμονας γεγονέναι, κᾆτα ὡς ἐν κατόπτροις αὐτῶν ταῖς
πράξεσιν ἡγήσω καθεωρακέναι τὴν πάντων ἀμέλειαν θεῶν,
οὐκ εἰδὼς αὐτῶν τὴν συντέλειαν ὅπῃ ποτὲ τῷ παντὶ
συμβάλλεται. (905c) γιγνώσκειν δὲ αὐτήν, ὦ πάντων
ἀνδρειότατε, πῶς οὐ δεῖν δοκεῖς; ἥν τις μὴ γιγνώσκων οὐδ' ἂν
τύπον ἴδοι ποτέ, οὐδὲ λόγον συμβάλλεσθαι περὶ βίου δυνατὸς
ἂν γένοιτο εἰς εὐδαιμονίαν τε καὶ δυσδαίμονα τύχην. ταῦτα εἰ
μέν σε πείθει (Κλεινίας) ὅδε καὶ σύμπασα ἡμῶν ἥδε ἡ γερουσία,
περὶ θεῶν ὡς οὐκ οἶσθα ὅτι λέγεις, καλῶς ἄν σοι θεὸς αὐτὸς
συλλαμβάνοι· εἰ δ' ἐπιδεὴς ἔτι λόγου τινὸς ἂν εἴης, λεγόντων
ἡμῶν (905d) πρὸς τὸν τρίτον ἐπάκουε, εἰ νοῦν καὶ ὁπωσοῦν
ἔχεις. ὅτι μὲν γὰρ θεοί τ' εἰσὶν καὶ ἀνθρώπων ἐπιμελοῦνται,
ἔγωγε οὐ παντάπασιν φαύλως ἂν φαίην ἡμῖν ἀποδεδεῖχθαι· τὸ
δὲ παραιτητοὺς αὖ θεοὺς εἶναι τοῖσιν ἀδικοῦσι, δεχομένους
δῶρα, οὔτε τινὶ συγχωρητέον παντί τ' αὖ κατὰ δύναμιν τρόπῳ
ἐλεγκτέον.
(Κλεινίας) κάλλιστ' εἶπες, ποιῶμέν τε ὡς λέγεις.
(Ἀθηναῖος)
φέρε δὴ πρὸς θεῶν αὐτῶν, τίνα τρόπον παραιτητοὶ (905e)
γίγνοιντ' ἂν ἡμῖν, εἰ γίγνοιντο αὖ; καὶ τίνες ἢ ποῖοί τινες ὄντες;
ἄρχοντας μὲν ἀναγκαῖόν που γίγνεσθαι τούς γε διοικήσοντας
τὸν ἅπαντα ἐντελεχῶς οὐρανόν.
(Κλεινίας) οὕτως.
(Ἀθηναῖος)
ἀλλ' ἄρα τίσιν προσφερεῖς τῶν ἀρχόντων; ἢ τίνες τούτοις, ὧν
δυνατὸν ἡμῖν ἀπεικάζουσι τυγχάνειν μείζοσιν ἐλάττονας;
πότερον ἡνίοχοί τινες ἂν εἶεν τοιοῦτοι ζευγῶν ἁμιλλωμένων ἢ
πλοίων κυβερνῆται; τάχα δὲ κἂν ἀπεικασθεῖεν στρατοπέδων
ἄρχουσί τισιν· εἴη δ' ἂν καὶ νόσων πόλεμον εὐλαβουμένοις
ἰατροῖς ἐοικέναι περὶ σώματα,
| [10,905] on souffre et on inflige les traitements que les semblables
font naturellement à leurs semblables. Ni toi, ni aucun autre malheureux
ne pouvez jamais vous vanter d'avoir échappé à cette justice des dieux.
C'est une justice que ceux qui l'ont établie ont voulu supérieure à toutes
les autres et il faut absolument la respecter. Tu ne seras jamais négligé
par elle, quand tu serais assez petit pour pénétrer dans les profondeurs
de la terre, ni assez grand pour t'élever jusqu'au ciel. Tu porteras la
peine qui t'est due, soit dans ton séjour sur la terre, soit quand tu
auras passé chez Hadès, ou que tu auras été transporté dans un lieu encore
plus horrible. Il en sera de même de ceux que tu as vus devenir grands de
petits qu'ils étaient, à la suite d'actes impies ou d'autres crimes, et
que tu as crus être passés du malheur au bonheur, en suite de quoi tu as
cru remarquer dans leurs actions, comme dans un miroir, que les dieux se
désintéressent de tout, parce que tu ne connais pas comment leur
intervention contribue finalement à l'ordre général. Et comment peux-tu
croire, ô le plus audacieux des hommes, que cette connaissance n'est pas
nécessaire, puisque, faute de l'avoir, on ne pourra jamais former un plan
de vie ni concevoir une idée juste de ce qui fait le bonheur ou le malheur ?
Si Clinias que voici, et tout le sénat que nous formons réussit à te
convaincre qu'en parlant des dieux, tu ne sais ce que tu dis, c'est bien,
c'est Dieu même qui aide à ta conversion. Mais si tu as encore besoin
d'être endoctriné, écoute-nous parler à l'impie de la troisième espèce, si
tu as tant soit peu de bon sens.
Que les dieux existent et qu'ils s'occupent des hommes, je pense l'avoir
assez bien démontré. Mais que les dieux se laissent fléchir par les
criminels moyennant les présents qu'ils en reçoivent, c'est ce qu'il ne
faut accorder à personne, et ce qu'il faut refuser de toute manière et de
toutes nos forces.
(CLINIAS) C'est très juste. Faisons comme tu dis.
CHAPITRE XIII.
(L'ATHÉNIEN) Voyons donc. Au nom des dieux mêmes, dis-nous, en admettant
que nous puissions les fléchir, comment nous pourrions le faire; dis-nous qui
ils sont et à qui ils ressemblent. Il faut bien qu'on donne le nom de
maîtres à ceux qui sont chargés de gouverner efficacement tout l'univers.
(CLINIAS) Oui.
(L'ATHÉNIEN) Mais à quels maîtres ressemblent-ils ? Pouvons-nous en juger
sans erreur en comparant les petits aux grands ? Sont-ils tels que les
conducteurs de chars qui luttent dans la carrière, ou que les pilotes des
vaisseaux ? On pourrait peut-être aussi les assimiler à des chefs d'armée ;
il est encore possible qu'ils ressemblent à des médecins en garde contre
la guerre que nous font les maladies des corps,
|