[10,904] καὶ μὴ σύμπολλα ἐξ ἑνὸς ἢ (904a) ἐκ πολλῶν ἕν, πρώτης ἢ
δευτέρας ἢ καὶ τρίτης γενέσεως μετειληφότα πλήθεσιν ἄπειρ'
ἂν εἴη τῆς μετατιθεμένης κοσμήσεως· νῦν δ' ἔστι θαυμαστὴ
ῥᾳστώνη τῷ τοῦ παντὸς ἐπιμελουμένῳ.
(Κλεινίας)πῶς αὖ λέγεις;
(Ἀθηναῖος)
ὧδε. ἐπειδὴ κατεῖδεν ἡμῶν ὁ βασιλεὺς ἐμψύχους οὔσας τὰς
πράξεις ἁπάσας καὶ πολλὴν μὲν ἀρετὴν ἐν αὐταῖς οὖσαν,
πολλὴν δὲ κακίαν, ἀνώλεθρον δὲ ὂν γενόμενον, ἀλλ' οὐκ
αἰώνιον, ψυχὴν καὶ σῶμα, καθάπερ οἱ κατὰ νόμον ὄντες (904b)
θεοί - γένεσις γὰρ οὐκ ἄν ποτε ἦν ζῴων ἀπολομένου τούτοιν
θατέρου - καὶ τὸ μὲν ὠφελεῖν ἀεὶ πεφυκός, ὅσον ἀγαθὸν ψυχῆς,
διενοήθη, τὸ δὲ κακὸν βλάπτειν· ταῦτα πάντα συνιδών,
ἐμηχανήσατο ποῦ κείμενον ἕκαστον τῶν μερῶν νικῶσαν
ἀρετήν, ἡττωμένην δὲ κακίαν, ἐν τῷ παντὶ παρέχοι μάλιστ' ἂν
καὶ ῥᾷστα καὶ ἄριστα. μεμηχάνηται δὴ πρὸς πᾶν τοῦτο τὸ ποῖόν
τι γιγνόμενον ἀεὶ ποίαν ἕδραν δεῖ μεταλαμβάνον οἰκίζεσθαι
καὶ τίνας ποτὲ τόπους· τῆς δὲ γενέσεως τοῦ (904c) ποίου τινὸς
ἀφῆκε ταῖς βουλήσεσιν ἑκάστων ἡμῶν τὰς αἰτίας. ὅπῃ γὰρ ἂν
ἐπιθυμῇ καὶ ὁποῖός τις ὢν τὴν ψυχήν, ταύτῃ σχεδὸν ἑκάστοτε
καὶ τοιοῦτος γίγνεται ἅπας ἡμῶν ὡς τὸ πολύ.
(Κλεινίας) τὸ γοῦν εἰκός.
(Ἀθηναῖος)
μεταβάλλει μὲν τοίνυν πάνθ' ὅσα μέτοχά ἐστιν ψυχῆς, ἐν
ἑαυτοῖς κεκτημένα τὴν τῆς μεταβολῆς αἰτίαν, μεταβάλλοντα δὲ
φέρεται κατὰ τὴν τῆς εἱμαρμένης τάξιν καὶ νόμον· σμικρότερα
μὲν τῶν ἠθῶν μεταβάλλοντα ἐλάττω κατὰ τὸ τῆς χώρας
ἐπίπεδον μεταπορεύεται, πλείω δὲ καὶ ἀδικώτερα (904d)
μεταπεσόντα, εἰς βάθος τά τε κάτω λεγόμενα τῶν τόπων, ὅσα
Ἅιδην τε καὶ τὰ τούτων ἐχόμενα τῶν ὀνομάτων ἐπονομάζοντες
σφόδρα φοβοῦνται καὶ ὀνειροπολοῦσιν ζῶντες διαλυθέντες τε
τῶν σωμάτων. μείζω δὲ δὴ ψυχὴ κακίας ἢ ἀρετῆς ὁπόταν
μεταλάβῃ διὰ τὴν αὑτῆς βούλησίν τε καὶ ὁμιλίαν γενομένην
ἰσχυράν, ὁπόταν μὲν ἀρετῇ θείᾳ προσμείξασα γίγνηται
διαφερόντως τοιαύτη, διαφέροντα καὶ μετέβαλεν (904e) τόπον
ἅγιον ὅλον, μετακομισθεῖσα εἰς ἀμείνω τινὰ τόπον ἕτερον·
ὅταν δὲ τἀναντία, ἐπὶ τἀναντία μεθιδρύσασα τὸν αὑτῆς βίον.
αὕτη τοι δίκη ἐστὶ θεῶν οἳ Ὄλυμπον ἔχουσιν,
ὦ παῖ καὶ νεανίσκε ἀμελεῖσθαι δοκῶν ὑπὸ θεῶν, κακίω μὲν
γιγνόμενον πρὸς τὰς κακίους ψυχάς, ἀμείνω δὲ πρὸς τὰς
ἀμείνους πορευόμενον, ἔν τε ζωῇ καὶ ἐν πᾶσι θανάτοις
| [10,904] et de plusieurs choses une seule et d'une seule plusieurs, en les faisant passer
par une première, une seconde et même une troisième génération, il y aurait une
infinité de manières de disposer les choses et de les mettre en ordre, au
lieu que, d'après moi, celui qui prend soin de l'univers le fait avec une
merveilleuse facilité.
(CLINIAS) Explique-nous cela aussi.
(L'ATHÉNIEN) Voici ce que je veux dire. Notre roi, faisant réflexion que
toutes les actions partent d'un principe animé et qu'elles sont mélangées
de bien et de mal, que l'âme et le corps une fois nés sont
indestructibles, mais non éternels, comme les dieux le sont selon la loi,
car si l'un ou l'autre périssaient, il n'y aurait jamais plus de
génération d'êtres vivants, et pensant que la nature du bien est d'être
toujours utile, en tant qu'il vient de l'âme, tandis que le mal est
toujours nuisible, notre roi, dis-je, voyant tout cela, a imaginé de
placer chaque partie de manière à assurer le plus vite et le mieux
possible dans le tout la victoire de la vertu et la défaite du vice. C'est
en vue de ce tout qu'il a imaginé pour tous les êtres qui naissent
successivement la place que chacun doit recevoir et occuper et dans quels
endroits. Mais il a laissé à nos volontés les causes d'où dépendent les
qualités de chacun de nous, car nous devenons généralement tels que nous
désirons être, conformément aux inclinations de notre âme.
(CLINIAS) C'est en tout cas vraisemblable.
(L'ATHÉNIEN) Ainsi tous les êtres doués d'une âme subissent des changements
dont ils portent en eux la cause, et, en changeant, ils se rangent dans
l'ordre marqué par le destin et conformément à la loi. Ceux dont les murs
changent peu s'éloignent moins et demeurent à la surface du sol ; ceux qui
changent davantage et sont plus méchants descendent dans la profondeur de
la terre et dans des régions souterraines qu'on appelle Hadès ou d'autres
noms pareils. Ils sont en butte à des craintes violentes et à des songes,
pendant leur vie, et après qu'ils sont séparés de leurs corps. Mais
lorsque l'âme a changé et progressé dans le vice ou dans la vertu par sa
propre volonté et par la force de l'habitude, si elle s'est approchée de
la vertu divine et qu'elle soit devenue elle-même éminemment divine, elle
quitte le lieu qu'elle occupait pour passer dans un autre excellent et
entièrement saint ; si, au contraire, elle est devenue plus mauvaise, elle
passe dans un lieu pire que celui qu'elle occupait avant.
Telle est la justice des dieux qui habitent l'Olympe, enfant ou jeune
homme, qui te crois négligé des dieux. Si l'on devient plus méchant, on va
rejoindre les âmes plus méchantes; si l'on devient meilleur, on va
rejoindre les âmes meilleures, et, dans la vie et dans toutes les morts
successives,
|