[10,885] (885a) εἰς ἱερὰ δὲ ἴδια καὶ τάφους
δεύτερα καὶ δευτέρως, εἰς δὲ γονέας τρίτα, χωρὶς τῶν
ἔμπροσθεν εἰρημένων, ὅταν ὑβρίζῃ τις. τέταρτον δὲ γένος
ὕβρεως, ὅταν ἀφροντιστῶν τις ἀρχόντων ἄγῃ ἢ φέρῃ ἢ χρῆταί
τινι τῶν ἐκείνων μὴ πείσας αὐτούς, πέμπτον δὲ τὸ πολιτικὸν ἂν
εἴη ἑκάστου τῶν πολιτῶν ὑβρισθὲν δίκην ἐπικαλούμενον. οἷς δὴ
δοτέον εἰς κοινὸν νόμον ἑκάστοις. ἱεροσυλία μὲν γὰρ εἴρηται
(885b) συλλήβδην, βίαιός τε καὶ λάθρᾳ ἐὰν γίγνηται, τί χρὴ
πάσχειν· ὅσα δὲ λόγῳ καὶ ὅσα ἔργῳ περὶ θεοὺς ὑβρίζει τις
λέγων ἢ πράττων, τὸ παραμύθιον ὑποθεμένῳ ῥητέον ἃ δεῖ
πάσχειν. ἔστω δὴ τόδε. θεοὺς ἡγούμενος εἶναι κατὰ νόμους
οὐδεὶς πώποτε οὔτε ἔργον ἀσεβὲς ἠργάσατο ἑκὼν οὔτε λόγον
ἀφῆκεν ἄνομον, ἀλλὰ ἓν δή τι τῶν τριῶν πάσχων, ἢ τοῦτο, ὅπερ
εἶπον, οὐχ ἡγούμενος, ἢ τὸ δεύτερον ὄντας οὐ φροντίζειν
ἀνθρώπων, ἢ τρίτον εὐπαραμυθήτους εἶναι θυσίαις τε καὶ
εὐχαῖς παραγομένους.
(885c) (Κλεινίας) τί οὖν δὴ δρῷμεν ἂν ἢ καὶ λέγοιμεν πρὸς αὐτούς;
(Ἀθηναῖος)
ὠγαθέ, ἐπακούσωμεν αὐτῶν πρῶτον ἃ τῷ καταφρονεῖν ἡμῶν
προσπαίζοντας αὐτοὺς λέγειν μαντεύομαι.
(Κλεινίας) ποῖα δή;
(Ἀθηναῖος)
ταῦτα τάχ' ἂν ἐρεσχηλοῦντες εἴποιεν· ὦ ξένε Ἀθηναῖε καὶ
Λακεδαιμόνιε καὶ Κνώσιε, ἀληθῆ λέγετε. ἡμῶν γὰρ οἱ μὲν τὸ
παράπαν θεοὺς οὐδαμῶς νομίζομεν, οἱ δὲ οἵους ὑμεῖς λέγετε.
ἀξιοῦμεν δή, καθάπερ ὑμεῖς ἠξιώκατε (885d) περὶ νόμων, πρὶν
ἀπειλεῖν ἡμῖν σκληρῶς, ὑμᾶς πρότερον ἐπιχειρεῖν πείθειν καὶ
διδάσκειν ὡς εἰσὶ θεοί, τεκμήρια λέγοντες ἱκανά, καὶ ὅτι
βελτίους ἢ παρὰ τὸ δίκαιον ὑπό τινων δώρων παρατρέπεσθαι
κηλούμενοι. νῦν μὲν γὰρ ταῦτα ἀκούοντές τε καὶ τοιαῦθ' ἕτερα
τῶν λεγομένων ἀρίστων εἶναι ποιητῶν τε καὶ ῥητόρων καὶ
μάντεων καὶ ἱερέων καὶ ἄλλων μυριάκις μυρίων, οὐκ ἐπὶ τὸ μὴ
δρᾶν τὰ ἄδικα τρεπόμεθα οἱ (885e) πλεῖστοι, δράσαντες δ'
ἐξακεῖσθαι πειρώμεθα. παρὰ δὲ δὴ νομοθετῶν, φασκόντων
εἶναι μὴ ἀγρίων ἀλλὰ ἡμέρων, ἀξιοῦμεν πειθοῖ πρῶτον
χρῆσθαι πρὸς ἡμᾶς, εἰ μὴ πολλῷ βελτίω τῶν ἄλλων λέγοντας
περὶ θεῶν ὡς εἰσίν, ἀλλ' οὖν βελτίω γε πρὸς ἀλήθειαν, καὶ τάχα
πειθοίμεθ' ἂν ἴσως ὑμῖν. ἀλλ' ἐπιχειρεῖτε, εἴ τι μέτριον λέγομεν,
εἰπεῖν ἃ προκαλούμεθα.
(Κλεινίας)
οὐκοῦν, ὦ ξένε, δοκεῖ ῥᾴδιον εἶναι ἀληθεύοντας λέγειν ὡς εἰσὶν
θεοί;
| [10, 885] En second lieu, il faut mettre les crimes contre le culte privé et les
tombeaux ; en troisième lieu, les violences contre les pères et mères, en
dehors de celles dont il a déjà été question ; en quatrième lieu,
l'outrage fait aux magistrats, lorsqu'au mépris de leur dignité, on prend,
on emporte, on emploie à son usage quelque chose qui leur appartient, sans
avoir obtenu leur aveu ; en cinquième lieu, tout attentat aux droits de
chaque citoyen qui appelle la répression de la justice. Il faut faire une
loi commune à chacune de ces espèces de violence.
Nous avons parlé du pillage des temples en général, commis à force ouverte
ou en cachette, et dit la peine qu'il méritait. Il faut maintenant, quand
nous aurons préludé par une exhortation, déterminer la peine qui frappera
tous les outrages faits aux dieux en paroles et en actions. Cette peine
sera la suivante. Celui qui croit, comme l'enseigne la loi, qu'il y a des
dieux, ne commettra jamais volontairement aucun acte impie et ne lâchera
jamais un mot contre la religion. Si on le fait, c'est pour une des trois
causes que voici : la première, c'est que comme je l'ai dit, on ne croit
pas à l'existence des dieux, la seconde, qu'on pense qu'ils ne s'occupent
pas des affaires humaines, et la troisième, qu'il est facile de les
fléchir par des sacrifices et de les séduire par des prières.
(CLINIAS) Alors que faire et que dire à ces gens-là ?
(L'ATHÉNIEN) Commençons, mon bon ami, par écouter ce que je devine qu'ils
nous diront d'un ton à la fois insultant et moqueur.
(CLINIAS) Que nous diront-ils donc ?
(L'ATHÉNIEN) Ils pourraient nous dire pour se jouer de nous : "Étrangers
d'Athènes, de Lacédémone et de Cnossos, vous dites vrai. Il y en a parmi
nous qui ne croient pas du tout à l'existence des dieux, d'autres qui se
les figurent tels que vous dites. En conséquence, nous demandons qu'avant
de nous menacer durement, vous essayiez d'abord, comme vous l'avez jugé
bon à propos des lois, de nous persuader et de nous prouver par des
raisons concluantes qu'il y a des dieux, et qu'ils sont d'une nature trop
excellente pour se laisser enjôler et détourner de la justice par des
présents. Comme nous entendons tenir ces propos et d'autres semblables à
des gens qui passent pour être très capables, poètes, orateurs, devins,
prêtres, sans parler d'une infinité d'autres personnes, la plupart d'entre
nous ne se sentent pas portés à ne pas faire de mal, mais à y remédier,
après qu'il est commis. Nous avons droit, d'attendre des législateurs qui
prétendent préférer la douceur à la brutalité qu'ils commencent à user
avec nous de la persuasion, et qu'ils nous tiennent sur l'existence des
dieux des discours sinon meilleurs, du moins plus vrais que les discours
des autres. Peut-être nous laisserons-nous persuader. Essayez, si notre
demande est raisonnable, de nous dire ce que nous demandons."
(CLINIAS) Ne semble-t-il pas, étranger, qu'il est facile de démontrer
véritablement l'existence des dieux ?
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