[10,899] ἤ ποθεν ἔξωθεν σῶμα αὑτῇ (899a)
πορισαμένη πυρὸς ἤ τινος ἀέρος, ὡς λόγος ἐστί τινων, ὠθεῖ βίᾳ
σώματι σῶμα· ἢ τρίτον αὐτὴ ψιλὴ σώματος οὖσα, ἔχουσα δὲ
δυνάμεις ἄλλας τινὰς ὑπερβαλλούσας θαύματι, ποδηγεῖ.
(Κλεινίας)
ναί.
(Ἀθηναῖος)
τοῦτο μὲν ἀνάγκη, τούτων ἕν γέ τι δρῶσαν ψυχὴν πάντα διάγειν.
αὐτοῦ δὴ ἄμεινον ταύτην τὴν ψυχήν, εἴτε ἐν ἅρμασιν ἔχουσα
ἡμῖν ἥλιον ἄγει φῶς τοῖς ἅπασιν, εἴτε ἔξωθεν, εἴθ' ὅπως εἴθ'
ὅπῃ, θεὸν ἡγεῖσθαι χρεὼν πάντα ἄνδρα. ἢ πῶς;
(899b) (Κλεινίας) ναί, τόν γέ που μὴ ἐπὶ τὸ ἔσχατον ἀφιγμένον
ἀνοίας.
(Ἀθηναῖος)
ἄστρων δὴ πέρι πάντων καὶ σελήνης, ἐνιαυτῶν τε καὶ μηνῶν
καὶ πασῶν ὡρῶν πέρι, τίνα ἄλλον λόγον ἐροῦμεν ἢ τὸν αὐτὸν
τοῦτον, ὡς ἐπειδὴ ψυχὴ μὲν ἢ ψυχαὶ πάντων τούτων αἴτιαι
ἐφάνησαν, ἀγαθαὶ δὲ πᾶσαν ἀρετήν, θεοὺς αὐτὰς εἶναι
φήσομεν, εἴτε ἐν σώμασιν ἐνοῦσαι, ζῷα ὄντα, κοσμοῦσιν πάντα
οὐρανόν, εἴτε ὅπῃ τε καὶ ὅπως; ἔσθ' ὅστις ταῦτα ὁμολογῶν
ὑπομενεῖ μὴ θεῶν εἶναι πλήρη πάντα;
(899c) (Κλεινίας) οὐκ ἔστιν οὕτως, ὦ ξένε, παραφρονῶν οὐδείς.
(Ἀθηναῖος)
τῷ μὲν τοίνυν μὴ νομίζοντι θεοὺς ἐν τῷ πρόσθεν χρόνῳ, ὦ
Μέγιλλέ τε καὶ Κλεινία, εἰπόντες ὅρους ἀπαλλαττώμεθα.
(Κλεινίας) τίνας;
(Ἀθηναῖος)
ἢ διδάσκειν ἡμᾶς ὡς οὐκ ὀρθῶς λέγομεν τιθέμενοι ψυχὴν
γένεσιν ἁπάντων εἶναι πρώτην, καὶ τἆλλα ὁπόσα τούτων
συνεπόμενα εἴπομεν, ἢ μὴ δυνάμενον βέλτιον λέγειν ἡμῶν,
ἡμῖν πείθεσθαι καὶ ζῆν θεοὺς ἡγούμενον εἰς τὸν ἐπίλοιπον
(899d) βίον. ὁρῶμεν οὖν εἴτε ἱκανῶς ἤδη τοῖς οὐχ ἡγουμένοις
θεοὺς εἰρήκαμεν ὡς εἰσὶν θεοί, εἴτε ἐπιδεῶς.
(Κλεινίας) ἥκιστά γε, ὦ ξένε, πάντων ἐπιδεῶς.
(Ἀθηναῖος)
τούτοις μὲν τοίνυν ἡμῖν τὸ λόγων τέλος ἐχέτω· τὸν δὲ
ἡγούμενον μὲν θεοὺς εἶναι, μὴ φροντίζειν δὲ αὐτοὺς τῶν
ἀνθρωπίνων πραγμάτων, παραμυθητέον. ὦ ἄριστε δὴ φῶμεν,
ὅτι μὲν ἡγῇ θεούς, συγγένειά τις ἴσως σε θεία πρὸς τὸ
σύμφυτον ἄγει τιμᾶν καὶ νομίζειν εἶναι· κακῶν δὲ (899e)
ἀνθρώπων καὶ ἀδίκων τύχαι ἰδίᾳ καὶ δημοσίᾳ, ἀληθείᾳ μὲν οὐκ
εὐδαίμονες, δόξαις δὲ εὐδαιμονιζόμεναι σφόδρα ἀλλ' οὐκ
ἐμμελῶς, ἄγουσί σε πρὸς ἀσέβειαν, ἔν τε μούσαις οὐκ ὀρθῶς
ὑμνούμεναι ἅμα καὶ ἐν παντοίοις λόγοις.
| [10,899] ou bien, s'étant procuré un corps de feu ou d'air, comme
quelques-uns le prétendent, elle s'en sert pour pousser du dehors le corps
du soleil ; ou enfin, dégagée de tout corps, elle dirige le soleil par
certaines autres vertus tout à fait admirables.
(CLINIAS) Oui.
(L'ATHÉNIEN) C'est donc une nécessité que l'âme dirige tout par un de ces
trois moyens. Mais, soit que, conduisant le soleil sur un char, elle
distribue, la lumière à tout le monde, soit qu'elle le pousse du dehors,
soit qu'elle agisse sur lui de toute autre manière et par toute autre
voie, chacun doit la regarder comme une divinité. Autrement, que faut-il
en dire ?
(CLINIAS) Il doit la regarder comme telle, à moins qu'il ne soit arrivé au
dernier degré de la déraison.
(L'ATHÉNIEN) Et maintenant, s'il s'agit de tous les astres, de la lune, des
années, des mois et de toutes les saisons, qu'en dirons-nous, sinon ce que
nous venons de dire du soleil, que, puisque nous avons montré qu'une âme
ou des âmes sont les causes de tout cela et sont douées de toutes les
perfections, il faut les tenir pour des divinités, soit qu'elles habitent
dans des corps, et que, sous forme d'animaux, elles gouvernent tout le
ciel, soit qu'elles le fassent d'une autre façon et par une autre voie. Si
l'on convient de ces choses, peut-on soutenir que l'univers n'est pas
plein de dieux ?
(CLINIAS) Non, étranger, il n'y a personne qui soit à ce point déraisonnable.
(L'ATHÉNIEN) Finissons ici, Mégillos et Clinias, notre dispute contre ceux
qui jusqu'ici ne croyaient pas aux dieux, après leur avoir indiqué nos conditions.
(CLINIAS) Quelles conditions ?
(L'ATHÉNIEN) C'est de nous faire voir que nous avons tort d'admettre que
l'âme est le principe originel de toutes choses et de déduire toutes les
conséquences qui se tirent de là, ou, s'ils n'ont pas mieux à dire que
nous, de nous écouter et de vivre désormais persuadés de l'existence des
dieux. Voyons donc si ce que nous avons dit suffit pour convaincre les
incrédules qu'il y a des dieux, ou s'il reste quelque chose à dire.
(CLINIAS) Cela suffit parfaitement, étranger.
CHAPITRE X.
(L'ATHÉNIEN) Arrêtons donc là notre discussion sur ce point. Passons à celui
qui, tout en croyant qu'il y a des dieux, est persuadé qu'ils ne
s'occupent pas des affaires humaines et instruisons-le. Excellent homme,
lui dirons-nous, si tu crois qu'il y a des dieux, c'est sans cloute qu'une
sorte d'affinité entre leur nature et la tienne te porte à les honorer et
à croire à leur existence. Mais en voyant prospérer des particuliers et
des hommes publics méchants et injustes, qui en réalité ne sont pas
heureux, mais que l'on croit, à tort, au comble du bonheur, tu te jettes
dans l'impiété, parce que les poètes et toutes sortes de gens les vantent
mal à propos dans leurs discours.
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