[10,897] (Ἀθηναῖος)
εἶεν. ἄγει μὲν δὴ ψυχὴ πάντα τὰ κατ' οὐρανὸν καὶ γῆν καὶ
θάλατταν ταῖς αὑτῆς κινήσεσιν, αἷς ὀνόματά (897a) ἐστιν
βούλεσθαι, σκοπεῖσθαι, ἐπιμελεῖσθαι, βουλεύεσθαι, δοξάζειν
ὀρθῶς ἐψευσμένως, χαίρουσαν λυπουμένην, θαρροῦσαν
φοβουμένην, μισοῦσαν στέργουσαν, καὶ πάσαις ὅσαι τούτων
συγγενεῖς ἢ πρωτουργοὶ κινήσεις τὰς δευτερουργοὺς αὖ
παραλαμβάνουσαι κινήσεις σωμάτων ἄγουσι πάντα εἰς
αὔξησιν καὶ φθίσιν καὶ διάκρισιν καὶ σύγκρισιν καὶ τούτοις
ἑπομένας θερμότητας ψύξεις, βαρύτητας κουφότητας, σκληρὸν
καὶ μαλακόν, λευκὸν καὶ μέλαν, αὐστηρὸν (897b) καὶ γλυκύ, καὶ
πᾶσιν οἷς ψυχὴ χρωμένη, νοῦν μὲν προσλαβοῦσα ἀεὶ θεὸν
ὀρθῶς θεοῖς, ὀρθὰ καὶ εὐδαίμονα παιδαγωγεῖ πάντα, ἀνοίᾳ δὲ
συγγενομένη πάντα αὖ τἀναντία τούτοις ἀπεργάζεται.
τιθῶμεν ταῦτα οὕτως ἔχειν, ἢ ἔτι διστάζομεν εἰ ἑτέρως πως ἔχει;
(Κλεινίας) οὐδαμῶς.
(Ἀθηναῖος)
πότερον οὖν δὴ ψυχῆς γένος ἐγκρατὲς οὐρανοῦ καὶ γῆς καὶ
πάσης τῆς περιόδου γεγονέναι φῶμεν; τὸ φρόνιμον (897c) καὶ
ἀρετῆς πλῆρες, ἢ τὸ μηδέτερα κεκτημένον; βούλεσθε οὖν πρὸς
ταῦτα ὧδε ἀποκρινώμεθα;
(Κλεινίας) πῶς;
(Ἀθηναῖος)
εἰ μέν, ὦ θαυμάσιε, φῶμεν, ἡ σύμπασα οὐρανοῦ ὁδὸς ἅμα καὶ
φορὰ καὶ τῶν ἐν αὐτῷ ὄντων ἁπάντων νοῦ κινήσει καὶ
περιφορᾷ καὶ λογισμοῖς ὁμοίαν φύσιν ἔχει καὶ συγγενῶς
ἔρχεται, δῆλον ὡς τὴν ἀρίστην ψυχὴν φατέον ἐπιμελεῖσθαι τοῦ
κόσμου παντὸς καὶ ἄγειν αὐτὸν τὴν τοιαύτην ὁδὸν ἐκείνην.
(Κλεινίας) ὀρθῶς.
(897d) (Ἀθηναῖος) εἰ δὲ μανικῶς τε καὶ ἀτάκτως ἔρχεται, τὴν κακήν.
(Κλεινίας) καὶ ταῦτα ὀρθῶς.
(Ἀθηναῖος)
τίνα οὖν δὴ νοῦ κίνησις φύσιν ἔχει; τοῦτο ἤδη χαλεπόν, ὦ φίλοι,
ἐρώτημα ἀποκρινόμενον εἰπεῖν ἐμφρόνως· διὸ δὴ καὶ ἐμὲ τῆς
ἀποκρίσεως ὑμῖν δίκαιον τὰ νῦν προσλαμβάνειν.
(Κλεινίας) εὖ λέγεις.
(Ἀθηναῖος)
μὴ τοίνυν ἐξ ἐναντίας οἷον εἰς ἥλιον ἀποβλέποντες, νύκτα ἐν
μεσημβρίᾳ ἐπαγόμενοι, ποιησώμεθα τὴν ἀπόκρισιν, ὡς νοῦν
ποτε θνητοῖς ὄμμασιν ὀψόμενοί τε καὶ γνωσόμενοι (897e)
ἱκανῶς· πρὸς δὲ εἰκόνα τοῦ ἐρωτωμένου βλέποντας
ἀσφαλέστερον ὁρᾶν.
(Κλεινίας) πῶς λέγεις;
(Ἀθηναῖος)
ἧι προσέοικεν κινήσει νοῦς τῶν δέκα ἐκείνων κινήσεων, τὴν
εἰκόνα λάβωμεν· ἣν συναναμνησθεὶς ὑμῖν ἐγὼ κοινῇ τὴν
ἀπόκρισιν ποιήσομαι.
(Κλεινίας) κάλλιστα ἂν λέγοις.
(Ἀθηναῖος)
μεμνήμεθα τοίνυν τῶν τότε ἔτι τοῦτό γε, ὅτι τῶν πάντων τὰ
μὲν κινεῖσθαι, τὰ δὲ μένειν ἔθεμεν;
(Κλεινίας) ναί.
| [10,897] (L'ATHÉNIEN) Soit. L'âme gouverne donc tout ce qui est dans le ciel,
sur la terre et dans la mer, par les mouvements qui lui sont propres et qu'on
nomme volonté, examen, prévoyance, délibération, opinion vraie ou fausse,
joie, chagrin, confiance, crainte, haine, affection, et par tous les
mouvements parents de ceux-là, qui sont les premières causes efficientes
et qui, s'adjoignant pour les seconder les mouvements des corps,
produisent dans tous les êtres l'accroissement et le dépérissement, la
division et la composition et les effets qui s'ensuivent, comme la chaleur
et le refroidissement, la pesanteur et la légèreté, la dureté et la
mollesse, le blanc et le noir, la rudesse et la douceur, et tous les
mouvements qui sont au service de l'âme, qui, s'adjoignant toujours dans
sa marche régulière l'intelligence qui est une déesse, gouverne avec
sagesse et conduit tout au bonheur, au lieu que, si elle s'associe à
l'imprudence, elle effectue tout le contraire. Admettons-nous que les
choses se passent ainsi ou doutons-nous encore si elles se passent autrement ?
(CLINIAS) Pas du tout.
(L'ATHÉNIEN) Et maintenant laquelle des deux âmes dirons-nous qui gouverne
le ciel, la terre et toute la voûte céleste ? Est-ce l'âme sage et pleine
de vertu, ou celle qui n'a ni l'une ni l'autre de ces qualités ?
Voulez-vous que nous répondions à cette question comme il suit ?
(CLINIAS) Comment ?
(L'ATHÉNIEN) Disons-le : si toute la marche et la révolution du ciel et de
tous les corps célestes sont de la même nature que le mouvement, la
révolution et les raisonnements de l'intelligence et vont d'accord avec
elle, il est évident qu'on doit en conclure que c'est la bonne âme qui
s'occupe de tout l'univers et le conduit dans la voie qu'il suit.
(CLINIAS) C'est juste.
(L'ATHÉNIEN) Et qu'au contraire c'est la mauvaise, si le monde va follement
et sans ordre.
(CLINIAS) Cela aussi est juste.
(L'ATHÉNIEN) Quelle est donc la nature du mouvement de l'intelligence ?
C'est là une question à laquelle il est difficile de répondre prudemment.
C'est pourquoi il est à propos que je vous aide à trouver la réponse.
(CLINIAS) Tu as raison.
(L'ATHÉNIEN) N'imitons pas ceux qui regardent le soleil en face et
s'aveuglent les yeux en plein midi ; ne répondons pas comme si nous
devions jamais voir et connaître parfaitement l'intelligence avec nos yeux
mortels : nous la verrons plus sûrement, en regardant son image.
(CLINIAS) De quelle image parles-tu ?
(L'ATHÉNIEN) Parmi les dix espèces de mouvement dont il a été question plus
haut, prenons celle qui ressemble au mouvement de l'intelligence. Je vais
vous la rappeler et nous ferons notre réponse en commun.
(CLINIAS) Ce sera très bien.
(L'ATHÉNIEN) De ce que nous avons dit alors, nous nous rappelons encore au
moins ceci, c'est que nous avons reconnu que, de tous les êtres qui
existent, les uns sont en mouvement, les autres en repos.
(CLINIAS) Oui.
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