[10,896] (Ἀθηναῖος)
ὧι δὴ ψυχὴ τοὔνομα, τίς τούτου λόγος; ἔχομεν (896a) ἄλλον
πλὴν τὸν νυνδὴ ῥηθέντα, τὴν δυναμένην αὐτὴν αὑτὴν κινεῖν
κίνησιν;
(Κλεινίας)
τὸ ἑαυτὸ κινεῖν φῂς λόγον ἔχειν τὴν αὐτὴν οὐσίαν, ἥνπερ
τοὔνομα ὃ δὴ πάντες ψυχὴν προσαγορεύομεν;
(Ἀθηναῖος)
φημί γε· εἰ δ' ἔστι τοῦτο οὕτως ἔχον, ἆρα ἔτι ποθοῦμεν μὴ
ἱκανῶς δεδεῖχθαι ψυχὴν ταὐτὸν ὂν καὶ τὴν πρώτην γένεσιν καὶ
κίνησιν τῶν τε ὄντων καὶ γεγονότων καὶ ἐσομένων καὶ πάντων
αὖ τῶν ἐναντίων τούτοις, ἐπειδή γε (896b) ἀνεφάνη μεταβολῆς
τε καὶ κινήσεως ἁπάσης αἰτία ἅπασιν;
(Κλεινίας)
οὔκ, ἀλλὰ ἱκανώτατα δέδεικται ψυχὴ τῶν πάντων πρεσβυτάτη,
γενομένη γε ἀρχὴ κινήσεως.
(Ἀθηναῖος)
ἆρ' οὖν οὐχ ἡ δι' ἕτερον ἐν ἄλλῳ γιγνομένη κίνησις, αὐτὸ δὲ ἐν
αὑτῷ μηδέποτε παρέχουσα κινεῖσθαι μηδέν, δευτέρα τε, καὶ
ὁπόσων ἀριθμῶν βούλοιτο ἄν τις ἀριθμεῖν αὐτὴν πολλοστήν,
τοσούτων, σώματος οὖσα ὄντως ἀψύχου μεταβολή;
(Κλεινίας) ὀρθῶς.
(Ἀθηναῖος)
ὀρθῶς ἄρα καὶ κυρίως ἀληθέστατά τε καὶ τελεώτατα (896c)
εἰρηκότες ἂν εἶμεν ψυχὴν μὲν προτέραν γεγονέναι σώματος
ἡμῖν, σῶμα δὲ δεύτερόν τε καὶ ὕστερον, ψυχῆς ἀρχούσης,
ἀρχόμενον κατὰ φύσιν.
(Κλεινίας) ἀληθέστατα μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
μεμνήμεθά γε μὴν ὁμολογήσαντες ἐν τοῖς πρόσθεν ὡς, εἰ ψυχὴ
φανείη πρεσβυτέρα σώματος οὖσα, καὶ τὰ ψυχῆς τῶν τοῦ
σώματος ἔσοιτο πρεσβύτερα.
(Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
τρόποι δὲ καὶ ἤθη καὶ βουλήσεις καὶ λογισμοὶ καὶ (896d) δόξαι
ἀληθεῖς ἐπιμέλειαί τε καὶ μνῆμαι πρότερα μήκους σωμάτων
καὶ πλάτους καὶ βάθους καὶ ῥώμης εἴη γεγονότα ἄν, εἴπερ καὶ
ψυχὴ σώματος.
(Κλεινίας) ἀνάγκη.
(Ἀθηναῖος)
ἆρ' οὖν τὸ μετὰ τοῦτο ὁμολογεῖν ἀναγκαῖον τῶν τε ἀγαθῶν
αἰτίαν εἶναι ψυχὴν καὶ τῶν κακῶν καὶ καλῶν καὶ αἰσχρῶν
δικαίων τε καὶ ἀδίκων καὶ πάντων τῶν ἐναντίων, εἴπερ τῶν
πάντων γε αὐτὴν θήσομεν αἰτίαν;
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
ψυχὴν δὴ διοικοῦσαν καὶ ἐνοικοῦσαν ἐν ἅπασιν (896e) τοῖς
πάντῃ κινουμένοις μῶν οὐ καὶ τὸν οὐρανὸν ἀνάγκη διοικεῖν
φάναι;
(Κλεινίας) τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
μίαν ἢ πλείους; πλείους· ἐγὼ ὑπὲρ σφῷν ἀποκρινοῦμαι. δυοῖν
μέν γέ που ἔλαττον μηδὲν τιθῶμεν, τῆς τε εὐεργέτιδος καὶ τῆς
τἀναντία δυναμένης ἐξεργάζεσθαι.
(Κλεινίας) σφόδρα ὀρθῶς εἴρηκας.
| [10,896] (L'ATHÉNIEN) Et maintenant quelle est la définition, qui correspond au
nom d'âme ? Y en a-t-il une autre que celle que nous avons dite tout à
l'heure, la substance qui est capable de se mouvoir d'elle-même ?
(CLINIAS) Tu dis que la définition de cette substance à laquelle nous
donnons tous le nom d'âme est de se mouvoir d'elle- même ?
(L'ATHÉNIEN) C'est ce que j'affirme, et, s'il en est ainsi, pouvons-nous
désirer encore une démonstration plus complète que l'âme est la même chose
que le premier principe de la génération et du mouvement, comme aussi de
la corruption et du repos, dans tous les êtres présents, passés et à
venir, puisque nous avons vu qu'elle est la cause de tous les changements
et de tous les mouvements dans tout ce qui existe ?
(CLINIAS) Non ; il a été parfaitement démontré que l'âme est le plus ancien
de tous les êtres, puisqu'elle est le principe du mouvement.
(L'ATHÉNIEN) Dès lors, n'est-il pas vrai que l'espèce de mouvement suscité
dans une substance par une autre, mais dans une substance qui ne produit
jamais elle-même aucun mouvement en elle-même, doit être mise au second
degré, et même à autant de degrés que l'on voudra, puisqu'elle n'est autre
chose que le changement d'un corps qui n'a réellement pas d'âme ?
(CLINIAS) C'est juste.
(L'ATHÉNIEN) Nous nous sommes donc exprimés d'une manière exacte, propre,
très vraie et très parfaite, en disant que l'âme a existé avant le corps,
et que le corps a existé le second et postérieurement à l'âme qui le
commande, et à laquelle il est naturellement soumis.
(CLINIAS) Rien n'est plus vrai.
CHAPITRE VIII.
(L'ATHÉNIEN) Or nous nous souvenons d'être tombés d'accord que, s'il était
démontré que l'âme est plus ancienne que le corps, nous conclurions que ce
qui appartient à l'âme est plus ancien que ce qui appartient au corps.
(CLINIAS) Certainement.
(L'ATHÉNIEN) Par conséquent les caractères, les moeurs, les volontés, les
raisonnements, les opinions vraies, la prévoyance et la mémoire ont existé
avant la longueur, la largeur, la profondeur et la force des corps,
puisque l'âme elle-même a existé avant le corps.
(CLINIAS) C'est une conséquence nécessaire.
(L'ATHÉNIEN) Dès lors, n'est-ce pas aussi une nécessité d'avouer que l'âme
est la cause des biens et des maux, des belles choses et des laides, du
juste et de l'injuste et de tous les contraires, si nous admettons qu'elle
est la cause de tout ?
(CLINIAS) Sans contredit.
(L'ATHÉNIEN) N'est-il pas aussi nécessaire de reconnaître que l'âme qui
habite en tout ce qui se meut et le dirige, gouverne aussi le ciel ?
(CLINIAS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN) Cette âme est-elle unique, ou y en a-t-il plusieurs ? Je
réponds pour vous deux qu'il y en a plusieurs. N'en mettons pas moins de
deux, l'une qui fait du bien, l'autre qui a le pouvoir de faire le contraire.
(CLINIAS) C'est très bien dit.
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