[7,818] τρίτον δὲ τῆς τῶν ἄστρων περιόδου πρὸς ἄλληλα ὡς πέφυκεν (818a)
πορεύεσθαι. ταῦτα δὲ σύμπαντα οὐχ ὡς ἀκριβείας ἐχόμενα δεῖ διαπονεῖν
τοὺς πολλοὺς ἀλλά τινας ὀλίγους-- οὓς δέ, προϊόντες ἐπὶ τῷ
τέλει φράσομεν· οὕτω γὰρ πρέπον ἂν εἴη--τῷ πλήθει δέ, ὅσα
αὐτῶν ἀναγκαῖα καί πως ὀρθότατα λέγεται μὴ ἐπίστασθαι μὲν
τοῖς πολλοῖς αἰσχρόν, δι' ἀκριβείας δὲ ζητεῖν πάντα οὔτε ῥᾴδιον
οὔτε τὸ παράπαν δυνατόν. τὸ δὲ ἀναγκαῖον αὐτῶν οὐχ οἷόν τε
ἀποβάλλειν, (818b) ἀλλ' ἔοικεν ὁ τὸν θεὸν πρῶτον
παροιμιασάμενος εἰς ταῦτα ἀποβλέψας εἰπεῖν ὡς οὐδὲ θεὸς
ἀνάγκῃ μή ποτε φανῇ μαχόμενος, ὅσαι θεῖαί γε, οἶμαι, τῶν γε
ἀναγκῶν εἰσίν· ἐπεὶ τῶν γε ἀνθρωπίνων, εἰς ἃς οἱ πολλοὶ
βλέποντες λέγουσι τὸ τοιοῦτον, οὗτος πάντων τῶν λόγων
εὐηθέστατός ἐστιν μακρῷ.
(Κλεινίας)
τίνες οὖν, ὦ ξένε, αἱ μὴ τοιαῦται ἀνάγκαι τῶν μαθημάτων,
θεῖαι δέ;
(Ἀθηναῖος)
δοκῶ μέν, ἃς μή τις πράξας μηδὲ αὖ μαθὼν τὸ (818c) παράπαν
οὐκ ἄν ποτε γένοιτο ἀνθρώποις θεὸς οὐδὲ δαίμων οὐδὲ ἥρως
οἷος δυνατὸς ἀνθρώπων ἐπιμέλειαν σὺν σπουδῇ ποιεῖσθαι·
πολλοῦ δ' ἂν δεήσειεν ἄνθρωπός γε θεῖος γενέσθαι μήτε ἓν
μήτε δύο μήτε τρία μήθ' ὅλως ἄρτια καὶ περιττὰ δυνάμενος
γιγνώσκειν, μηδὲ ἀριθμεῖν τὸ παράπαν εἰδώς, μηδὲ νύκτα καὶ
ἡμέραν διαριθμεῖσθαι δυνατὸς ὤν, σελήνης δὲ καὶ ἡλίου καὶ
τῶν ἄλλων ἄστρων περιφορᾶς (818d) ἀπείρως ἔχων. ταῦτ' οὖν
δὴ πάντα ὡς μὲν οὐκ ἀναγκαῖά ἐστι μαθήματα τῷ μέλλοντι
σχεδὸν ὁτιοῦν τῶν καλλίστων μαθημάτων εἴσεσθαι, πολλὴ καὶ
μωρία τοῦ διανοήματος· ποῖα δὲ ἕκαστα τούτων καὶ πόσα καὶ
πότε μαθητέον, καὶ τί μετὰ τίνος καὶ τί χωρὶς τῶν ἄλλων, καὶ
πᾶσαν τὴν τούτων κρᾶσιν, ταῦτά ἐστιν ἃ δεῖ λαβόντα ὀρθῶς
πρῶτα, ἐπὶ τἆλλα ἰόντα τούτων ἡγουμένων τῶν μαθημάτων
μανθάνειν. οὕτω γὰρ ἀνάγκη φύσει κατείληφεν, ᾗ (818e) φαμεν
οὐδένα θεῶν οὔτε μάχεσθαι τὰ νῦν οὔτε μαχεῖσθαί ποτε.
(Κλεινίας)
ἔοικέν γε, ὦ ξένε, νῦν οὕτω πως ῥηθέντα ὀρθῶς εἰρῆσθαι καὶ
κατὰ φύσιν ἃ λέγεις.
(Ἀθηναῖος)
ἔχει μὲν γὰρ οὕτως, ὦ Κλεινία, χαλεπὸν δὲ αὐτὰ προταξάμενον
τούτῳ τῷ τρόπῳ νομοθετεῖν· ἀλλ' εἰς ἄλλον, εἰ δοκεῖ, χρόνον
ἀκριβέστερον ἂν νομοθετησαίμεθα.
(Κλεινίας)
δοκεῖς ἡμῖν, ὦ ξένε, φοβεῖσθαι τὸ τῆς ἡμετέρας περὶ τῶν τοιούτων
ἀπειρίας ἔθος. οὔκουν ὀρθῶς φοβῇ: πειρῶ δὴ λέγειν μηδὲν
ἀποκρυπτόμενος ἕνεκα τούτων.
| [7,818] la troisième, celle qui nous instruit des révolutions des astres et de l'ordre
qu'ils gardent entre eux dans leur marche. Une connaissance complète et précise de
toutes ces sciences n'est pas nécessaire à la plupart des hommes, mais à
quelques-uns seulement. Lesquels ? c'est ce que nous dirons plus tard, à
la fin de notre entretien, où cette indication sera mieux à sa place. Pour
la multitude, on se bornera à l'indispensable. On a grande raison de dire
qu'il est honteux pour la plupart des hommes d'ignorer les sciences, mais
qu'il n'est pas facile ni même possible de chercher à les posséder toutes.
Cependant on ne peut négliger ce qu'il est indispensable d'en connaître,
et c'est ce qu'avait en vue l'auteur de ce proverbe qui dit que Dieu
lui-même ne saurait combattre la nécessité, entendons celles des
nécessités auxquelles les dieux sont sujets ; car pour les nécessités
humaines qu'on a généralement en vue lorsqu'on cite ce dicton, c'est de
beaucoup le plus sot propos qu'on puisse tenir.
CLINIAS : Quelles sont donc, étranger, par rapport aux sciences, les
nécessités qui ne sont pas humaines, mais divines ?
L'ATHÉNIEN : Ce sont celles sans la pratique ou la connaissance desquelles
on ne passera jamais aux yeux des hommes pour un dieu, ou un démon, ou un
héros capable de prendre sérieusement soin de l'humanité.
Or on est bien éloigné de devenir un homme divin, si l'on ignore ce que c'est
qu'un, deux, trois et en général les nombres pairs et impairs, si l'on ne sait
pas du tout calculer, si l'on est incapable de compter les nuits et les
jours, si l'on n'a aucune connaissance de la révolution de la lune, du
soleil et des autres astres. Qu'il ne soit pas nécessaire d'apprendre tout
cela, si l'on veut avoir quelque notion des plus belles sciences, ce
serait une grande folie de le penser. Mais que faut-il apprendre de
chacune de ces sciences, combien et quand, et que faut-il apprendre avec
autre chose ou sans autre chose et à part, enfin comment faut-il combiner
ces études, c'est ce qu'il faut bien savoir d'abord pour aborder le reste
et l'apprendre sous la direction de ces connaissances préparatoires. Telle
est la nécessité naturelle contre laquelle nous disons qu'aucun des dieux
ne combat actuellement et ne combattra jamais.
CLINIAS : Ce que tu viens de dire, étranger, me semble fort justement dit et
en conformité avec la nature.
L'ATHÉNIEN : C'est, vrai, Clinias, mais il est difficile de légiférer sur
tout cela, en s'attachant à l'ordre que nous venons de proposer. Mais
remettons à un autre temps, si vous le trouvez bon, le soin de préciser
nos lois sur ce point.
CLINIAS : Il nous semble, étranger, que tu crains l'inexpérience à laquelle
nous sommes habitués en ces matières. Mais tu as tort de craindre. Essaye
de t'expliquer sans rien cacher pour cela.
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