[7, 790] εἰς δύναμιν δὲ ἰσχυρὰς αὐτὰς εἶναι χρεὼν (790a) καὶ μὴ μίαν;
ἐπὶ δὲ τούτοις ἑκάστοις, ἂν μὴ γίγνηται, ζημίαν τοῖς μὴ ποιοῦσι
γράφωμεν; ἢ πολλοῦ γε δεῖ; τὸ γὰρ ἄρτι ῥηθὲν γίγνοιτ' ἂν πολὺ
καὶ ἄφθονον.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον;
(Ἀθηναῖος)
τὸ γέλωτα ἂν πολὺν ὀφλεῖν ἡμᾶς πρὸς τῷ μὴ ἐθέλειν ἂν
πείθεσθαι γυναικεῖά τε καὶ δούλεια ἤθη τροφῶν.
(Κλεινίας) ἀλλὰ τίνος δὴ χάριν ἔφαμεν αὐτὰ δεῖν ῥηθῆναι;
(Ἀθηναῖος)
τοῦδε· τὰ τῶν δεσποτῶν τε καὶ ἐλευθέρων ἐν ταῖς (790b)
πόλεσιν ἤθη τάχ' ἂν ἀκούσαντα εἰς σύννοιαν ἀφίκοιτ' ἂν τὴν
ὀρθήν, ὅτι χωρὶς τῆς ἰδίας διοικήσεως ἐν ταῖς πόλεσιν ὀρθῆς
γιγνομένης μάτην ἂν τὰ κοινά τις οἴοιτο ἕξειν τινὰ βεβαιότητα
θέσεως νόμων, καὶ ταῦτα ἐννοῶν, αὐτὸς νόμοις ἂν τοῖς νῦν
ῥηθεῖσιν χρῷτο, καὶ χρώμενος, εὖ τήν τε οἰκίαν καὶ πόλιν ἅμα
τὴν αὑτοῦ διοικῶν, εὐδαιμονοῖ.
(Κλεινίας) καὶ μάλ' εἰκότως εἴρηκας.
(Ἀθηναῖος)
τοιγαροῦν μήπω λήξωμεν τῆς τοιαύτης νομοθεσίας, (790c) πρὶν
ἂν καὶ τὰ περὶ τὰς ψυχὰς τῶν πάνυ νέων παίδων ἐπιτηδεύματα
ἀποδῶμεν κατὰ τὸν αὐτὸν τρόπον ὅνπερ ἤργμεθα τῶν περὶ τὰ
σώματα μύθων λεχθέντων διαπεραίνειν.
(Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν ὀρθῶς.
CHAPITRE II. (Ἀθηναῖος)
λάβωμεν τοίνυν τοῦτο οἷον στοιχεῖον ἐπ' ἀμφότερα, σώματός
τε καὶ ψυχῆς τῶν πάνυ νέων τὴν τιθήνησιν καὶ κίνησιν
γιγνομένην ὅτι μάλιστα διὰ πάσης τε νυκτὸς καὶ ἡμέρας, ὡς
ἔστι σύμφορος ἅπασι μέν, οὐχ ἥκιστα δὲ τοῖς ὅτι νεωτάτοισι,
καὶ οἰκεῖν, εἰ δυνατὸν ἦν, οἷον ἀεὶ πλέοντας· (790d) νῦν δ' ὡς
ἐγγύτατα τούτου ποιεῖν δεῖ περὶ τὰ νεογενῆ παίδων θρέμματα.
τεκμαίρεσθαι δὲ χρὴ καὶ ἀπὸ τῶνδε, ὡς ἐξ ἐμπειρίας αὐτὸ
εἰλήφασι καὶ ἐγνώκασιν ὂν χρήσιμον αἵ τε τροφοὶ τῶν σμικρῶν
καὶ αἱ περὶ τὰ τῶν Κορυβάντων ἰάματα τελοῦσαι· ἡνίκα γὰρ ἄν
που βουληθῶσιν κατακοιμίζειν τὰ δυσυπνοῦντα τῶν παιδίων
αἱ μητέρες, οὐχ ἡσυχίαν αὐτοῖς προσφέρουσιν ἀλλὰ τοὐναντίον
κίνησιν, ἐν ταῖς ἀγκάλαις (790e) ἀεὶ σείουσαι, καὶ οὐ σιγὴν
ἀλλά τινα μελῳδίαν, καὶ ἀτεχνῶς οἷον καταυλοῦσι τῶν
παιδίων, καθάπερ ἡ τῶν ἐκφρόνων βακχειῶν ἰάσεις, ταύτῃ τῇ
τῆς κινήσεως ἅμα χορείᾳ καὶ μούσῃ χρώμεναι.
(Κλεινίας) τίς οὖν αἰτία τούτων, ὦ ξένε, μάλιστ' ἔσθ' ἡμῖν;
(Ἀθηναῖος) οὐ πάνυ χαλεπὴ γιγνώσκειν.
(Κλεινίας) πῶς δή;
(Ἀθηναῖος)
δειμαίνειν ἐστίν που ταῦτ' ἀμφότερα τὰ πάθη, καὶ ἔστι δείματα
δι' ἕξιν φαύλην τῆς ψυχῆς τινα.
| [7, 790] Faudra-t-il prendre les nourrices les plus fortes possible et en prendre
plus d'une ? et pour chacune de ces prescriptions qui ne seront pas exécutées
inscrirons-nous dans la loi une amende pour les récalcitrantes ? ou
devons-nous bien nous en garder, parce que ce que je viens de dire nous
arriverait souvent et amplement ?
CLINIAS : Quoi ?
L'ATHÉNIEN : Que nous serions en butte au ridicule, sans compter que les
nourrices, avec leur esprit de femmes et d'esclaves, ne consentiraient pas
à nous obéir.
CLINIAS : Mais en vue de quoi avons-nous dit qu'il ne fallait pas laisser de
côté ces détails ?
L'ATHÉNIEN : C'est dans l'espoir que les maîtres et les hommes libres, après
nous avoir entendus, feraient cette juste réflexion que, si
l'administration domestique n'est pas réglée comme il faut dans les États,
c'est en vain que l'on croirait pouvoir assurer à la communauté la
stabilité des lois, et que, dans cette conviction, on observerait les lois
que nous venons d'énoncer, et qu'en les observant et administrant comme il
faut à la fois sa maison et l'État, on assurerait son bonheur.
CLINIAS : Ce que tu dis est très raisonnable.
L'ATHÉNIEN : Ne quittons donc pas cette sorte de législation avant d'avoir
défini les pratiques propres à former l'âme des tout jeunes enfants,
connue nous avons commencé à le faire pour le corps.
CLINIAS : C'est bien ce qu'il faut faire.
CHAPITRE II.
L'ATHÉNIEN : Prenons donc pour principe d'éducation, tant pour l'âme que
pour le corps des tout jeunes enfants, qu'il faut autant que possible les
allaiter et les remuer durant toute la nuit et tout le jour, que cela est
utile à tous, notamment dans la première enfance, et qu'il serait bon
qu'ils fussent toujours dans la maison comme dans un bateau, qu'il faut en
tout cas s'approcher le plus possible de ce mouvement continuel pour les
nouveau-nés. On peut conjecturer que c'est l'expérience qui a fait
connaître et employer ces mouvements aux nourrices des petits enfants et
aux femmes qui opèrent la guérison du mal des Corybantes ; car
lorsqu'une; mère veut endormir un bébé qui a peine à s'assoupir, au lieu
de le laisser en repos, elle l'agite et ne cesse pas de le bercer dans ses
bras, et, au lieu de garder le silence, elle lui chante une chanson ; en
un mot, elle charme son oreille, comme on fait avec la flûte et comme on
guérit des transports frénétiques, par les mouvements de la danse et par
la musique.
CLINIAS : Quelle est, donc, à ton avis, étranger, la principale cause de ces
effets ?
L'ATHÉNIEN : Elle n'est pas difficile à imaginer.
CLINIAS : Comment cela ?
L'ATHÉNIEN : L'état où se trouvent alors les enfants et les furieux est un
effet de la crainte, et la crainte vient d'un mauvais état de l'âme.
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