[7, 801] (Ἀθηναῖος)
εὐφημία, καὶ δὴ καὶ τὸ τῆς ᾠδῆς γένος εὔφημον (801a) ἡμῖν
πάντῃ πάντως ὑπαρχέτω; ἢ μηδὲν ἐπανερωτῶ, τιθῶ δὲ τοῦτο οὕτως;
(Κλεινίας)
παντάπασι μὲν οὖν τίθει· νικᾷ γὰρ πάσαισι ταῖς ψήφοις οὗτος ὁ νόμος.
(Ἀθηναῖος)
τίς δὴ μετ' εὐφημίαν δεύτερος ἂν εἴη νόμος μουσικῆς; ἆρ' οὐκ
εὐχὰς εἶναι τοῖς θεοῖς οἷς θύομεν ἑκάστοτε;
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
τρίτος δ' οἶμαι νόμος, ὅτι γνόντας δεῖ τοὺς ποιητὰς ὡς εὐχαὶ
παρὰ θεῶν αἰτήσεις εἰσίν, δεῖ δὴ τὸν νοῦν αὐτοὺς (801b) σφόδρα
προσέχειν μή ποτε λάθωσιν κακὸν ὡς ἀγαθὸν αἰτούμενοι·
γελοῖον γὰρ δὴ τὸ πάθος οἶμαι τοῦτ' ἂν γίγνοιτο, εὐχῆς
τοιαύτης γενομένης.
(Κλεινίας) τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
οὐκοῦν ἡμεῖς ἔμπροσθεν σμικρὸν τῷ λόγῳ ἐπείσθημεν ὡς οὔτε
ἀργυροῦν δεῖ πλοῦτον οὔτε χρυσοῦν ἐν πόλει ἱδρυμένον ἐνοικεῖν;
(Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
τίνος οὖν ποτε παράδειγμα εἰρῆσθαι φῶμεν τοῦτον τὸν λόγον;
ἆρ' οὐ τοῦδε, ὅτι τὸ τῶν ποιητῶν γένος οὐ πᾶν (801c) ἱκανόν
ἐστι γιγνώσκειν σφόδρα τά τε ἀγαθὰ καὶ μή; ποιήσας οὖν
δήπου τὶς ποιητὴς ῥήμασιν ἢ καὶ κατὰ μέλος τοῦτο
ἡμαρτημένον, εὐχὰς οὐκ ὀρθάς, ἡμῖν τοὺς πολίτας περὶ τῶν
μεγίστων εὔχεσθαι τἀναντία ποιήσει· καίτοι τούτου, καθάπερ
ἐλέγομεν, οὐ πολλὰ ἁμαρτήματα ἀνευρήσομεν μείζω. θῶμεν
δὴ καὶ τοῦτον τῶν περὶ μοῦσαν νόμων καὶ τύπων ἕνα;
(Κλεινίας) τίνα; σαφέστερον εἰπὲ ἡμῖν.
(Ἀθηναῖος)
τὸν ποιητὴν παρὰ τὰ τῆς πόλεως νόμιμα καὶ δίκαια (801d) ἢ
καλὰ ἢ ἀγαθὰ μηδὲν ποιεῖν ἄλλο, τὰ δὲ ποιηθέντα μὴ ἐξεῖναι
τῶν ἰδιωτῶν μηδενὶ πρότερον δεικνύναι, πρὶν ἂν αὐτοῖς τοῖς
περὶ ταῦτα ἀποδεδειγμένοις κριταῖς καὶ τοῖς νομοφύλαξιν
δειχθῇ καὶ ἀρέσῃ· σχεδὸν δὲ ἀποδεδειγμένοι εἰσὶν ἡμῖν οὓς
εἱλόμεθα νομοθέτας περὶ τὰ μουσικὰ καὶ τὸν τῆς παιδείας
ἐπιμελητήν. τί οὖν; ὃ πολλάκις ἐρωτῶ, κείσθω νόμος ἡμῖν καὶ
τύπος ἐκμαγεῖόν τε τρίτον τοῦτο; ἢ πῶς δοκεῖ;
(Κλεινίας) κείσθω· τί μήν;
CHAPITRE X. (801e) (Ἀθηναῖος)
μετά γε μὴν ταῦτα ὕμνοι θεῶν καὶ ἐγκώμια κεκοινωνημένα
εὐχαῖς ᾄδοιτ' ἂν ὀρθότατα, καὶ μετὰ θεοὺς ὡσαύτως περὶ
δαίμονάς τε καὶ ἥρωας μετ' ἐγκωμίων εὐχαὶ γίγνοιντ' ἂν
τούτοις πᾶσιν πρέπουσαι.
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
μετά γε μὴν ταῦτ' ἤδη νόμος ἄνευ φθόνων εὐθὺς γίγνοιτ' ἂν
ὅδε· τῶν πολιτῶν ὁπόσοι τέλος ἔχοιεν τοῦ βίου, κατὰ σώματα ἢ
κατὰ ψυχὰς ἔργα ἐξειργασμένοι καλὰ καὶ ἐπίπονα καὶ τοῖς
νόμοις εὐπειθεῖς γεγονότες, ἐγκωμίων αὐτοὺς τυγχάνειν
πρέπον ἂν εἴη.
(Κλεινίας) πῶς δ' οὔ;
| [7, 801] L'ATHÉNIEN : Les paroles de bon augure. Tous nos chants seront en tout
point de bon augure. Est-il besoin que je prenne de nouveau votre avis
là-dessus, où en ferai-je une loi tout de suite ?
CLINIAS : Oui, fais-la : cette loi a pour elle tous les suffrages.
L'ATHÉNIEN : Et après les paroles de bon augure, quelle sera notre seconde
loi sur la musique ? Ne sera-ce pas que nous fassions toujours des prières
aux dieux à qui nous sacrifions ?
CLINIAS : Sans contredit.
L'ATHÉNIEN : Nous mettrons, je pense, pour troisième loi que les poètes,
sachant que les prières sont des demandes faites aux dieux, devront faire
grande attention à ne jamais demander par mégarde un mal comme un bien,
car l'effet d'une telle prière serait, je pense, d'exciter la risée.
CLINIAS : Certainement.
L'ATHÉNIEN : Mais notre discours ne nous a-t-il pas persuadé tout à l'heure
qu'il ne doit pas y avoir de place dans la cité, ni pour l'argent, ni pour l'or ?
CLINIAS : Si fait.
L'ATHÉNIEN : Qu'avons-nous donc voulu enseigner par ce discours ? N'est-ce
point que la race des poètes n'est pas toujours capable de bien connaître
ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Si donc un poète a commis une
telle méprise dans ses paroles ou dans son chant, il sera cause que les
citoyens feront des prières maladroites et demanderont dans des choses
très importantes le contraire de ce qu'il faut demander, et nous ne
trouverons pas, nous l'avons dit, beaucoup de fautes plus grandes que
celle-là. Posons donc cette prescription comme une des lois et un des
caractères de notre musique.
CLINIAS : Quelle prescription ? explique-toi plus clairement.
L'ATHÉNIEN : C'est que le poète ne fasse rien de contraire aux usages de
l'État, à ce qu'il tient pour juste, beau et honnête, et qu'il ne lui
soit pas permis de montrer ses ouvrages à aucun particulier avant de les
faire voir et agréer aux juges nommés pour cela et aux gardiens des lois.
Ces juges sont ceux que nous avons choisis pour régler la musique, et
celui qui préside à l'éducation. Eh bien ! je vous renouvelle ma question,
mettrons-nous cette loi, ce modèle, ce caractère avec les deux autres ?
Que vous en semble ?
CLINIAS : Mettons-le, cela ne fait pas de doute.
CHAPITRE X.
L'ATHÉNIEN : Nous ne pouvons mieux faire après cela que de mêler aux prières
des hymnes et des chants à la louange des dieux, et, après les dieux,
d'adresser de même aux démons et aux héros les prières et les louanges qui
conviennent à chacun d'eux.
CLINIAS : Sans contredit.
L'ATHÉNIEN : Après cela, nous pourrions tout de suite, sans que personne y
trouve à redire, porter la loi que voici : Tous ceux des citoyens qui
seront arrivés au terme de leur vie après avoir accompli, au physique ou
au moral, des actions belles et difficiles et observé fidèlement les lois,
auront droit, comme il convient, à des éloges.
CLINIAS : Sans contredit.
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