[7, 800] οὕτω πως, ὡς ἔοικεν, ὠνόμασαν ὥστε τάχ' (800a) ἂν οὐδ'
ἐκεῖνοι παντάπασί γ' ἂν ἀφεστῶτες εἶεν τοῦ νῦν λεγομένου,
καθ' ὕπνον δὲ οἷόν πού τις ἢ καὶ ὕπαρ ἐγρηγορὼς ὠνείρωξεν
μαντευόμενος αὐτό - τὸ δ' οὖν δόγμα περὶ αὐτοῦ τοῦτ' ἔστω·
παρὰ τὰ δημόσια μέλη τε καὶ ἱερὰ καὶ τὴν τῶν νέων σύμπασαν
χορείαν μηδεὶς μᾶλλον ἢ παρ' ὁντινοῦν ἄλλον τῶν νόμων
φθεγγέσθω μηδ' ἐν ὀρχήσει κινείσθω. καὶ ὁ μὲν τοιοῦτος
ἀζήμιος ἀπαλλαττέσθω, τὸν δὲ μὴ πειθόμενον, καθάπερ
ἐρρήθη νυνδή, νομοφύλακές τε (800b) καὶ ἱέρειαι καὶ ἱερῆς
κολαζόντων. κείσθω δὲ νῦν ἡμῖν ταῦτα τῷ λόγῳ;
(Κλεινίας) κείσθω.
CHAPITRE IX. (Ἀθηναῖος)
τίνα δὴ τρόπον αὐτὰ νομοθετῶν τις μὴ παντάπασιν
καταγέλαστος γίγνοιτ' ἄν; ἴδωμεν δὴ τὸ τοιόνδ' ἔτι περὶ αὐτά.
ἀσφαλέστατον καθάπερ ἐκμαγεῖ' ἄττ' αὐτοῖσιν πρῶτον
πλάσασθαι τῷ λόγῳ, λέγω δὲ ἓν μὲν τῶν ἐκμαγείων εἶναι
τοιόνδε τι· θυσίας γενομένης καὶ ἱερῶν καυθέντων κατὰ νόμον,
εἴ τῴ τις, φαμέν, ἰδίᾳ παραστὰς τοῖς βωμοῖς τε καὶ (800c) ἱεροῖς,
ὑὸς ἢ καὶ ἀδελφός, βλασφημοῖ πᾶσαν βλασφημίαν, ἆρ' οὐκ, ἂν
φαῖμεν, ἀθυμίαν καὶ κακὴν ὄτταν καὶ μαντείαν πατρὶ καὶ τοῖς
ἄλλοις ἂν οἰκείοις φθέγγοιτο ἐντιθείς;
(Κλεινίας) τί μήν;
(Ἀθηναῖος)
ἐν τοίνυν τοῖς παρ' ἡμῖν τόποις τοῦτ' ἐστὶν ταῖς πόλεσι
γιγνόμενον ὡς ἔπος εἰπεῖν σχεδὸν ὀλίγου πάσαις· δημοσίᾳ γάρ
τινα θυσίαν ὅταν ἀρχή τις θύσῃ, μετὰ ταῦτα χορὸς οὐχ εἷς
ἀλλὰ πλῆθος χορῶν ἥκει, καὶ στάντες οὐ (800d) πόρρω τῶν
βωμῶν ἀλλὰ παρ' αὐτοὺς ἐνίοτε, πᾶσαν βλασφημίαν τῶν ἱερῶν
καταχέουσιν, ῥήμασί τε καὶ ῥυθμοῖς καὶ γοωδεστάταις
ἁρμονίαις συντείνοντες τὰς τῶν ἀκροωμένων ψυχάς, καὶ ὃς ἂν
δακρῦσαι μάλιστα τὴν θύσασαν παραχρῆμα ποιήσῃ πόλιν,
οὗτος τὰ νικητήρια φέρει. τοῦτον δὴ τὸν νόμον ἆρ' οὐκ
ἀποψηφιζόμεθα; καὶ εἴ ποτ' ἄρα δεῖ τοιούτων οἴκτων γίγνεσθαι
τοὺς πολίτας ἐπηκόους, ὁπόταν ἡμέραι μὴ καθαραί τινες ἀλλὰ
ἀποφράδες ὦσιν, τόθ' ἥκειν (800e) δέον ἂν εἴη μᾶλλον χορούς
τινας ἔξωθεν μεμισθωμένους ᾠδούς, οἷον οἱ περὶ τοὺς
τελευτήσαντας μισθούμενοι Καρικῇ τινι μούσῃ προπέμπουσι
τοὺς τελευτήσαντας; τοιοῦτόν που πρέπον ἂν εἴη καὶ περὶ τὰς
τοιαύτας ᾠδὰς γιγνόμενον, καὶ δὴ καὶ στολή γέ που ταῖς
ἐπικηδείοις ᾠδαῖς οὐ στέφανοι πρέποιεν ἂν οὐδ' ἐπίχρυσοι
κόσμοι, πᾶν δὲ τοὐναντίον, ἵν' ὅτι τάχιστα περὶ αὐτῶν λέγων
ἀπαλλάττωμαι. τὸ δὲ τοσοῦτον ἡμᾶς αὐτοὺς ἐπανερωτῶ πάλιν,
τῶν ἐκμαγείων ταῖς ᾠδαῖς εἰ πρῶτον ἓν τοῦθ' ἡμῖν ἀρέσκον κείσθω.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον;
| [7, 800] peut-être n'étaient-ils pas très éloignés de penser comme nous le
faisons à présent, et peut-être l'un d'eux, soit en songe, soit en état de
veille, entrevit par une sorte de divination la vérité de ce que nous
disons. Posons donc à ce sujet la règle que voici dans les chants
prescrits par l'État, dans les cérémonies religieuses et dans tout ce qui
regarde les choeurs, il sera interdit de rien changer au chant et à la
danse tout autant que de violer toute autre de nos lois. Celui qui nous
obéira n'aura aucune punition à craindre; mais si quelqu'un ne nous écoute
pas, il sera, comme nous l'avons dit tout à l'heure, puni par les gardiens des lois,
les prêtresses et les prêtres. Considérons ce point comme réglé en paroles.
CLINIAS : Soit.
CHAPITRE IX.
L'ATHÉNIEN : Mais comment légiférer là-dessus sans se rendre ridicule ?
Voyons si le moyen le plus sûr ne serait pas d'imprimer par la parole dans
l'esprit des citoyens une sorte d'image sensible. En voici un exemple. Si,
après un sacrifice, lorsque les victimes ont été brûlées suivant la loi,
si quelqu'un, disons-nous, fils ou frère de celui qui offre le sacrifice,
s'étant approché à titre privé des autels et des victimes, proférait toute
sorte de blasphèmes, ne penserions-nous pas qu'il jetterait la
consternation dans l'esprit du père et de sa famille et qu'ils verraient
là de mauvais propos et des paroles de mauvais augure ?
CLINIAS : Assurément.
L'ATHÉNIEN : Eh bien ! c'est précisément ce qui, dans nos pays, arrive, si
j'ose dire, à presque tous les États. Quand un magistrat fait un sacrifice
public, alors on voit arriver, non pas un choeur, mais une multitude de
choeurs, qui, se tenant, non pas loin, mais parfois tout près des autels,
déversent sur les victimes toutes sortes de blasphèmes, et serrent le
coeur de ceux qui les écoutent par les paroles, les rythmes, les airs les
plus lugubres, et celui qui tire instantanément le plus de larmes de la
cité est celui qui remporte la victoire. N'abolirons-nous pas un pareil
usage, et, si parfois il est nécessaire que les citoyens écoutent de
pareilles lamentations, dans les jours qui ne sont pas purs, mais
néfastes, ne faudrait-il pas plutôt faire venir du dehors des choeurs que
l'on gagerait, comme ceux qu'on loue pour accompagner les morts avec une
harmonie carienne ? Il conviendrait d'en user de même pour ces chants
plaintifs. Ce qui siérait aussi à ces chants, ce ne sont pas les couronnes
et les parures dorées, mais au contraire la robe longue. Je n'en dirai pas
davantage sur ce sujet, je vous redemanderai seulement si cette première
empreinte donnée à nos chants vous plait, de la poser en loi.
CLINIAS : Qu'entends-tu par là ?
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