[7, 802] (802a) (Ἀθηναῖος)
τούς γε μὴν ἔτι ζῶντας ἐγκωμίοις τε καὶ ὕμνοις τιμᾶν οὐκ
ἀσφαλές, πρὶν ἂν ἅπαντά τις τὸν βίον διαδραμὼν τέλος
ἐπιστήσηται καλόν· ταῦτα δὲ πάντα ἡμῖν ἔστω κοινὰ ἀνδράσιν
τε καὶ γυναιξὶν ἀγαθοῖς καὶ ἀγαθαῖς διαφανῶς γενομένοις. τὰς
δὲ ᾠδάς τε καὶ ὀρχήσεις οὑτωσὶ χρὴ καθίστασθαι. πολλὰ ἔστιν
παλαιῶν παλαιὰ περὶ μουσικὴν καὶ καλὰ ποιήματα, καὶ δὴ καὶ
τοῖς σώμασιν ὀρχήσεις ὡσαύτως, ὧν οὐδεὶς φθόνος ἐκλέξασθαι
τῇ καθισταμένῃ (802b) πολιτείᾳ τὸ πρέπον καὶ ἁρμόττον·
δοκιμαστὰς δὲ τούτων ἑλομένους τὴν ἐκλογὴν ποιεῖσθαι μὴ
νεωτέρους πεντήκοντα ἐτῶν, καὶ ὅτι μὲν ἂν ἱκανὸν εἶναι δόξῃ
τῶν παλαιῶν ποιημάτων, ἐγκρίνειν, ὅτι δ' ἂν ἐνδεὲς ἢ τὸ
παράπαν ἀνεπιτήδειον, τὸ μὲν ἀποβάλλεσθαι παντάπασιν, τὸ
δ' ἐπανερόμενον ἐπιρρυθμίζειν, ποιητικοὺς ἅμα καὶ μουσικοὺς
ἄνδρας παραλαβόντας, χρωμένους αὐτῶν ταῖς δυνάμεσιν τῆς
ποιήσεως, (802c) ταῖς δὲ ἡδοναῖς καὶ ἐπιθυμίαις μὴ
ἐπιτρέποντας ἀλλ' ἤ τισιν ὀλίγοις, ἐξηγουμένους δὲ τὰ τοῦ
νομοθέτου βουλήματα, ὅτι μάλιστα ὄρχησίν τε καὶ ᾠδὴν καὶ
πᾶσαν χορείαν συστήσασθαι κατὰ τὸν αὐτῶν νοῦν. πᾶσα δ'
ἄτακτός γε τάξιν λαβοῦσα περὶ μοῦσαν διατριβὴ καὶ μὴ
παρατιθεμένης τῆς γλυκείας μούσης ἀμείνων μυρίῳ· τὸ δ' ἡδὺ
κοινὸν πάσαις. ἐν ᾗ γὰρ ἂν ἐκ παίδων τις μέχρι τῆς ἑστηκυίας
τε καὶ ἔμφρονος ἡλικίας διαβιῷ, σώφρονι μὲν μούσῃ καὶ
τεταγμένῃ, (802d) ἀκούων δὲ τῆς ἐναντίας, μισεῖ καὶ
ἀνελεύθερον αὐτὴν προσαγορεύει, τραφεὶς δ' ἐν τῇ κοινῇ καὶ
γλυκείᾳ, ψυχρὰν καὶ ἀηδῆ τὴν ταύτῃ ἐναντίαν εἶναί φησιν·
ὥστε, ὅπερ ἐρρήθη νυνδή, τό γε τῆς ἡδονῆς ἢ ἀηδίας περὶ
ἑκατέρας οὐδὲν πεπλεονέκτηκεν, ἐκ περιττοῦ δὲ ἡ μὲν βελτίους,
ἡ δὲ χείρους τοὺς ἐν αὐτῇ τραφέντας ἑκάστοτε παρέχεται.
(Κλεινίας) καλῶς εἴρηκας.
(Ἀθηναῖος)
ἔτι δὲ θηλείαις τε πρεπούσας ᾠδὰς ἄρρεσί τε (802e) χωρίσαι που
δέον ἂν εἴη τύπῳ τινὶ διορισάμενον, καὶ ἁρμονίαισιν δὴ καὶ
ῥυθμοῖς προσαρμόττειν ἀναγκαῖον· δεινὸν γὰρ ὅλῃ γε ἁρμονίᾳ
ἀπᾴδειν ἢ ῥυθμῷ ἀρρυθμεῖν, μηδὲν προσήκοντα τούτων
ἑκάστοις ἀποδιδόντα τοῖς μέλεσιν. ἀναγκαῖον δὴ καὶ τούτων τὰ
σχήματά γε νομοθετεῖν. ἔστιν δὲ ἀμφοτέροις μὲν ἀμφότερα
ἀνάγκῃ κατεχόμενα ἀποδιδόναι, τὰ δὲ τῶν θηλειῶν αὐτῷ τῷ
τῆς φύσεως ἑκατέρου διαφέροντι, τούτῳ δεῖ καὶ διασαφεῖν. τὸ
δὴ μεγαλοπρεπὲς οὖν καὶ τὸ πρὸς τὴν ἀνδρείαν ῥέπον
ἀρρενωπὸν φατέον εἶναι, τὸ δὲ πρὸς τὸ κόσμιον καὶ σῶφρον
μᾶλλον ἀποκλῖνον θηλυγενέστερον ὡς ὂν παραδοτέον ἔν τε τῷ
νόμῳ καὶ λόγῳ.
| [7, 802] L'ATHÉNIEN : Pour ceux qui sont encore vivants, il serait hasardeux de
les honorer par des louanges et des hymnes, avant qu'ils aient parcouru toute
leur carrière et l'aient couronnée par une belle fin. Tout cela sera commun aux
hommes et aux femmes qui se seront manifestement distingués par leurs vertus.
A l'égard des chants et des danses, voici comment il faut les établir. Les
anciens nous ont laissé beaucoup de belles créations musicales et aussi de
belles danses. Rien ne nous empêche d'y choisir ce qui convient et
s'ajuste à notre plan de gouvernement. On élira pour faire ce choix des
examinateurs âgés d'au moins cinquante ans; ils trieront parmi les poèmes
anciens ce qui leur paraîtra bon ; quant à ce qui leur paraîtra
insuffisant ou tout à fait impertinent, ils le rejetteront absolument, ou
le remanieront et le corrigeront, en recourant à des gens habiles en
poésie et en musique, dont ils mettront à profit les talents créateurs,
sans rien concéder, sinon peu de choses, aux plaisirs et aux passions ; et
leur expliquant le mieux qu'ils pourront les intentions du législateur,
ils institueront les danses, les chants et toute la chorée comme il leur
paraîtra bon. Toute pièce de musique où l'on a substitué l'ordre au
désordre et d'où l'on a banni la muse flatteuse en vaut infiniment mieux.
Pour l'agrément, il est commun à toutes les muses. En effet, celui qui,
dés l'enfance jusqu'à l'âge de la maturité et de la raison, a été élevé
suivant la muse tempérante et réglée, s'il vient à entendre la muse
contraire, ne peut la souffrir et la trouve indigne d'un homme libre ; si,
au contraire, il a été élevé suivant la muse vulgaire et flatteuse, il
soutient que la muse contraire est froide et sans agrément. Aussi, comme
je le disais tout à l'heure, il n'y a point, sous le rapport du plaisir ou
du désagrément, de différence entre ces deux muses ; mais l'une a cet
avantage de rendre ses nourrissons meilleurs, tandis que l'autre ne manque
jamais de les rendre pires.
CLINIAS : C'est bien dit.
L'ATHÉNIEN : Il faudrait encore séparer les chants qui conviennent aux
femmes de ceux qui conviennent aux hommes, en leur donnant une forme
distincte, et il serait indispensable d'y assortir les airs et les
rythmes. Car il y aurait de quoi se récrier, si l'on n'accordait pas l'air
tout entier avec les paroles et si l'on faussait le rythme, faute
d'appliquer à chaque chant ce qui lui convient. Il faut aussi en fixer les
formes par une loi, car il faut attribuer à l'un et à l'autre sexe ce que
la nécessité impose, et, comme chaque sexe se distingue par une nature
différente, c'est en se fondant sur cette différence qu'il faut faire ce
discernement. Aussi il faut déclarer propre aux hommes ce qui a grand air
et penche du côté du courage, et donner à la femme ce qui incline du côté
de la modestie et de la retenue, comme étant plus féminin.
|