[7, 797] (797a) (Ἀθηναῖος)
ἀκούσατε δέ μου, προακηκοότες μὲν καὶ ἐν τοῖς πρόσθεν· ὅμως
δὲ τό γε σφόδρα ἄτοπον καὶ ἄηθες διευλαβεῖσθαι δεῖ λέγοντα
καὶ ἀκούοντα, καὶ δὴ καὶ νῦν. ἐρῶ μὲν γὰρ ἐγὼ λόγον οὐκ
ἄφοβον εἰπεῖν, ὅμως δέ πῃ θαρρήσας οὐκ ἀποστήσομαι.
(Κλεινίας) τίνα δὴ τοῦτον, ὦ ξένε, λέγεις;
(Ἀθηναῖος)
φημὶ κατὰ πάσας πόλεις τὸ τῶν παιδιῶν γένος ἠγνοῆσθαι
σύμπασιν ὅτι κυριώτατόν ἐστι περὶ θέσεως νόμων, ἢ μονίμους
εἶναι τοὺς τεθέντας ἢ μή. ταχθὲν μὲν (797b) γὰρ αὐτὸ καὶ
μετασχὸν τοῦ τὰ αὐτὰ κατὰ τὰ αὐτὰ καὶ ὡσαύτως ἀεὶ τοὺς
αὐτοὺς παίζειν τε καὶ εὐθυμεῖσθαι τοῖς αὐτοῖς παιγνίοις, ἐᾷ καὶ
τὰ σπουδῇ κείμενα νόμιμα μένειν ἡσυχῇ, κινούμενα δὲ τὰ αὐτὰ
καὶ καινοτομούμενα, μεταβολαῖς τε ἄλλαις ἀεὶ χρώμενα, καὶ
μηδέποτε ταὐτὰ φίλα προσαγορευόντων τῶν νέων, μήτ' ἐν
σχήμασιν τοῖς τῶν αὑτῶν σωμάτων μήτε ἐν τοῖς ἄλλοις
σκεύεσιν ὁμολογουμένως αὐτοῖς ἀεὶ κεῖσθαι τό τ' εὔσχημον καὶ
ἄσχημον, ἀλλὰ τόν (797c) τι νέον ἀεὶ καινοτομοῦντα καὶ
εἰσφέροντα τῶν εἰωθότων ἕτερον κατά τε σχήματα καὶ
χρώματα καὶ πάντα ὅσα τοιαῦτα, τοῦτον τιμᾶσθαι
διαφερόντως, τούτου πόλει λώβην οὐκ εἶναι μείζω φαῖμεν ἂν
ὀρθότατα λέγοντες· λανθάνειν γὰρ τῶν νέων τὰ ἤθη
μεθιστάντα καὶ ποιεῖν τὸ μὲν ἀρχαῖον παρ' αὐτοῖς ἄτιμον, τὸ δὲ
νέον ἔντιμον. τούτου δὲ πάλιν αὖ λέγω τοῦ τε ῥήματος καὶ τοῦ
δόγματος οὐκ εἶναι ζημίαν μείζω πάσαις πόλεσιν· ἀκούσατε δὲ
ὅσον φημὶ αὔτ' εἶναι κακόν.
(797d) (Κλεινίας) ἦ τὸ ψέγεσθαι τὴν ἀρχαιότητα λέγεις ἐν ταῖς
πόλεσιν;
(Ἀθηναῖος) πάνυ μὲν οὖν.
(Κλεινίας)
οὐ φαύλους τοίνυν ἡμᾶς ἂν ἀκροατὰς πρὸς αὐτὸν τὸν λόγον
ἔχοις ἂν τοῦτον, ἀλλ' ὡς δυνατὸν εὐμενεστάτους.
(Ἀθηναῖος) εἰκὸς γοῦν.
(Κλεινίας) λέγε μόνον.
(Ἀθηναῖος)
ἴτε δή, μειζόνως αὐτὸν ἀκούσωμέν τε ἡμῶν αὐτῶν καὶ πρὸς
ἀλλήλους οὕτως εἴπωμεν. μεταβολὴν γὰρ δὴ πάντων πλὴν
κακῶν πολὺ σφαλερώτατον εὑρήσομεν ἐν ὥραις πάσαις, ἐν
πνεύμασιν, ἐν διαίταις σωμάτων, ἐν τρόποις (797e) ψυχῶν, ἐν
ὡς ἔπος εἰπεῖν οὐ τοῖς μέν, τοῖς δ' οὔ, πλήν, ὅτιπερ εἶπον νυνδή,
κακοῖς· ὥστε, εἴ τις ἀποβλέψειε πρὸς σώματα, ὡς πᾶσι μὲν
σιτίοις, πᾶσι δ' αὖ ποτοῖς καὶ πόνοις συνήθη γιγνόμενα, καὶ τὸ
πρῶτον ταραχθέντα ὑπ' αὐτῶν,
| [7, 797] L'ATHÉNIEN : Écoutez donc encore, bien que vous m'ayez déjà entendu
précédemment. Mais lorsqu'il s'agit d'un sentiment extraordinaire et peu
commun, celui qui parle et celui qui écoute doivent être bien sur leurs
gardes, et c'est le cas à présent. Ce que je vais dire est en effet audacieux ;
toutefois, je m'enhardirai et ne reculerai pas devant le risque.
CLINIAS : Quel est donc, étranger, ce sentiment dont tu parles ?
L'ATHÉNIEN : J'affirme que dans tous les États personne ne se doute que les
jeux sont de première importance pour maintenir ou non la stabilité des
lois une fois établies ; que, lorsque les jeux sont réglés et que les
mêmes enfants jouent toujours aux mêmes jeux et identiquement de la même
manière et prennent plaisir aux mêmes amusements, on peut croire que les
lois qui ont un objet sérieux resteront intactes ; que si, au contraire,
on touche à ces mêmes jeux et qu'on y introduise des innovations et des
changements continuels ; si les jeunes gens ne s'attachent pas toujours
aux mêmes choses ; s'ils n'ont pas toujours la même règle pour juger de ce
qui est décent ou indécent dans les gestes du corps et les autres usages ;
s'ils glorifient spécialement le jeune homme qui trouve toujours quelque
chose de nouveau et qui introduit des parures, des couleurs et des modes
différentes des habitudes établies, nous pouvons dire, et à très juste
titre, qu'il n'y a pas de fléau plus funeste à l'État, parce que ces
changements transforment les moeurs de la jeunesse et lui font mépriser ce
qui est ancien et estimer ce qui est nouveau. Or, je le répète, lorsqu'on
parle et pense de la sorte, c'est pour un État un mal sans pareil. Écoutez
combien ce mal est grand, à mon avis.
CLINIAS : Tu veux parler de ce mépris qu'on a dans les États pour ce qui est
ancien ?
L'ATHÉNIEN : Sans doute.
CLINIAS : Nous écouterons donc ton discours non seulement avec attention,
mais avec toute la bienveillance possible.
L'ATHÉNIEN : Je le présume.
CLINIAS : Parle seulement.
L'ATHÉNIEN : Eh bien, allons, redoublons d'attention à nous écouter les uns
les autres. Nous trouverons que le changement en toutes choses, hormis les
mauvaises, est de beaucoup le mal le plus dangereux, soit dans toutes les
saisons, soit dans les vents, soit dans le régime du corps, soit dans les
moeurs de l'âme, et je ne dis point dangereux en un point, et non dans un
autre, mais en tout, hormis, comme je le disais tout à l'heure, dans ce
qui est mauvais. Si nous considérons le corps, nous verrons qu'il s'habitue à tous
les aliments, à toutes les boissons, à tous les travaux, qu'il en est d'abord troublé,
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