[5,733] μὴ μόνον ὅτι τῷ (733a) σχήματι κρατεῖ πρὸς εὐδοξίαν, ἀλλὰ
καὶ ὡς, ἄν τις ἐθέλῃ γεύεσθαι καὶ μὴ νέος ὢν φυγὰς ἀπ' αὐτοῦ γένηται,
κρατεῖ καὶ τούτῳ ὃ πάντες ζητοῦμεν, τῷ χαίρειν πλείω, ἐλάττω δὲ
λυπεῖσθαι παρὰ τὸν βίον ἅπαντα. ὡς δὲ ἔσται τοῦτο σαφές, ἂν γεύηταί τις
ὀρθῶς, ἑτοίμως καὶ σφόδρα φανήσεται. ἡ δὲ ὀρθότης τίς; τοῦτο ἤδη παρὰ
τοῦ λόγου χρὴ λαμβάνοντα σκοπεῖν· εἴτε οὕτως ἡμῖν κατὰ φύσιν πέφυκεν
εἴτε ἄλλως παρὰ φύσιν, βίον χρὴ παρὰ βίον ἡδίω καὶ λυπηρότερον ὧδε
σκοπεῖν. ἡδονὴν βουλόμεθα ἡμῖν εἶναι, (733b) λύπην δὲ οὔθ' αἱρούμεθα
οὔτε βουλόμεθα, τὸ δὲ μηδέτερον ἀντὶ μὲν ἡδονῆς οὐ βουλόμεθα, λύπης
δὲ ἀλλάττεσθαι βουλόμεθα· λύπην δ' ἐλάττω μετὰ μείζονος ἡδονῆς
βουλόμεθα, ἡδονὴν δ' ἐλάττω μετὰ μείζονος λύπης οὐ βουλόμεθα, ἴσα δὲ
ἀντὶ ἴσων ἑκάτερα τούτων οὐχ ὡς βουλόμεθα ἔχοιμεν ἂν διασαφεῖν.
ταῦτα δὲ πάντα ἐστὶν πλήθει καὶ μεγέθει καὶ σφοδρότησιν ἰσότησίν τε,
καὶ ὅσα ἐναντία ἐστὶν πᾶσι τοῖς τοιούτοις πρὸς βούλησιν, διαφέροντά τε
καὶ μηδὲν (733c) διαφέροντα πρὸς αἵρεσιν ἑκάστων. οὕτω δὴ τούτων ἐξ
ἀνάγκης διακεκοσμημένων, ἐν ᾧ μὲν βίῳ ἔνεστι πολλὰ ἑκάτερα καὶ
μεγάλα καὶ σφοδρά, ὑπερβάλλει δὲ τὰ τῶν ἡδονῶν, βουλόμεθα, ἐν ᾧ δὲ τὰ
ἐναντία, οὐ βουλόμεθα· καὶ αὖ ἐν ᾧ ὀλίγα ἑκάτερα καὶ σμικρὰ καὶ
ἠρεμαῖα, ὑπερβάλλει δὲ τὰ λυπηρά, οὐ βουλόμεθα, ἐν ᾧ δὲ τἀναντία,
βουλόμεθα. ἐν ᾧ δ' αὖ βίῳ ἰσορροπεῖ, καθάπερ ἐν τοῖς πρόσθεν δεῖ
διανοεῖσθαι· τὸν ἰσόρροπον βίον ὡς τῶν μὲν ὑπερβαλλόντων (733d) τῷ
φίλῳ ἡμῖν βουλόμεθα, τῶν δ' αὖ τοῖς ἐχθροῖς οὐ βουλόμεθα. πάντας δὴ δεῖ
διανοεῖσθαι τοὺς βίους ἡμῶν ὡς ἐν τούτοις ἐνδεδεμένοι πεφύκασιν, καὶ δεῖ
διανοεῖσθαι ποίους φύσει βουλόμεθα· εἰ δέ τι παρὰ ταῦτα ἄρα φαμὲν
βούλεσθαι, διά τινα ἄγνοιαν καὶ ἀπειρίαν τῶν ὄντων βίων αὐτὰ λέγομεν.
VI.
τίνες δὴ καὶ πόσοι εἰσὶ βίοι, ὧν πέρι δεῖ προελόμενον τὸ βούλητόν τε καὶ
(ἑκούσιον ἀβούλητόν τε καὶ) ἀκούσιον (733e) ἰδόντα εἰς νόμον ἑαυτῷ
ταξάμενον, τὸ φίλον ἅμα καὶ ἡδὺ καὶ ἄριστόν τε καὶ κάλλιστον ἑλόμενον,
ζῆν ὡς οἷόν τ' ἐστὶν ἄνθρωπον μακαριώτατα; λέγωμεν δὴ σώφρονα βίον
ἕνα εἶναι καὶ φρόνιμον ἕνα καὶ ἕνα τὸν ἀνδρεῖον, καὶ τὸν ὑγιεινὸν βίον
ἕνα ταξώμεθα· καὶ τούτοις οὖσιν τέτταρσιν ἐναντίους ἄλλους τέτταρας,
ἄφρονα, δειλόν, ἀκόλαστον, νοσώδη. σώφρονα μὲν οὖν βίον ὁ γιγνώσκων
θήσει πρᾷον ἐπὶ πάντα,
| [5,733] il ne suffit pas de dire qu'elle l'emporte parce que
(733a) la tenue des gens de bien contribue à leur bonne
renommée ; il faut ajouter que, si on veut la goûter dès ses
premiers ans et ne plus s'en écarter, elle l'emporte
encore par ce que nous cherchons tous, qui est
d'avoir plus de plaisirs que de peines dans tout le
cours de notre vie. Qu'il en soit exactement ainsi,
on le reconnaîtra tout de suite aisément, si l'on y
goûte comme il convient. Mais comment convient-il
de le faire ? Il faut pour cela se guider sur la
raison et voir si ce que je vais dire est conforme
ou non à notre nature. Il faut faire cet examen en
comparant la quantité plus ou moins grande des
plaisirs et des peines qu'offre chaque condition.
Nous voulons avoir du plaisir ; quant à la peine,
nous ne la choisissons ni ne la voulons. Pour ce
qui est de l'état intermédiaire, nous ne voulons pas
l'échanger contre le plaisir, mais bien contre la
peine. Nous voulons une condition où la peine est
moindre que le plaisir, mais non celle où le plaisir
est moindre que la peine. Quand le plaisir et la
peine se balancent, nous ne pouvons pas décider
nettement lequel des deux nous voulons. En tout
cela, c'est la quantité, la grandeur, la vivacité,
l'égalité et les qualités contraires à chacune de
celles-là qui, par leurs différences, déterminent la
volonté, ou, par leur égalité, empêchent de fixer
son choix sur l'une d'elles. Puisque tel est l'ordre
nécessaire des choses sur ce point, il s'ensuit que
la condition où les peines et les plaisirs sont
nombreux, si c'est les plaisirs qui dominent, nous
la voulons ; qu'au contraire la condition où les
peines et les plaisirs sont en petit nombre, faibles
et paisibles, si c'est les peines qui l'emportent,
nous ne la voulons pas ; dans le cas contraire,
nous la voulons. Enfin pour la condition où les
plaisirs et les peines se balancent, il faut s'en faire
la même idée que précédemment : quand ce qui
nous plaît l'emporte, nous voulons bien de la vie
où les deux choses s'équilibrent ; quand c'est ce
qui nous déplaît, nous ne la voulons pas.
Maintenant il faut faire attention que tous les
genres de vie sont renfermés dans les conditions
que nous venons de dire, et il faut se demander
quels sont ceux que nous voulons naturellement,
et si nous prétendons en vouloir d'autres, c'est
que nous ignorons et n'avons pas expérimenté
tous les genres de vie réels.
CHAPITRE VI.
Quelles sont les conditions et combien y en a-t-il
qu'il faut examiner pour y choisir ce qu'on veut et
ce qui plaît et rejeter ce qu'on ne veut pas et ce
qui déplaît, se régler sur ce choix, et, pour que,
prenant ainsi ce qui est désirable et agréable, ce
qu'il y a de meilleur et de plus beau, on puisse
mener l'existence la plus heureuse qui soit donnée
à l'homme ? Nous pouvons dire qu'il y en a une où
domine la tempérance, une deuxième où domine
la raison, une troisième où domine le courage et
une quatrième qui a la santé en partage, et qu'à
ces quatre-là s'en opposent quatre autres, où
dominent la folie, la lâcheté, l'intempérance, la
maladie. Celui qui sait ce que c'est que la vie d'un
homme tempérant conviendra qu'elle est modérée en tout,
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