[5,728] οὐδέ γε ὁπόταν χρήματά τις ἐρᾷ κτᾶσθαι (728a) μὴ καλῶς,
ἢ μὴ δυσχερῶς φέρῃ κτώμενος, δώροις ἄρα τιμᾷ
τότε τὴν αὑτοῦ ψυχήν - παντὸς μὲν οὖν λείπει - τὸ γὰρ αὐτῆς τίμιον ἅμα
καὶ καλὸν ἀποδίδοται σμικροῦ χρυσίου· πᾶς γὰρ ὅ τ' ἐπὶ γῆς καὶ ὑπὸ γῆς
χρυσὸς ἀρετῆς οὐκ ἀντάξιος. ὡς δὲ εἰπεῖν συλλήβδην, ὃς ἅπερ ἂν
νομοθέτης αἰσχρὰ εἶναι καὶ κακὰ διαριθμούμενος τάττῃ καὶ τοὐναντίον
ἀγαθὰ καὶ καλά, τῶν μὲν ἀπέχεσθαι μὴ ἐθέλῃ πάσῃ μηχανῇ, τὰ δὲ
ἐπιτηδεύειν σύμπασαν κατὰ δύναμιν, οὐκ οἶδεν ἐν (728b) τούτοις πᾶσιν
πᾶς ἄνθρωπος ψυχὴν θειότατον ὂν ἀτιμότατα καὶ κακοσχημονέστατα
διατιθείς. τὴν γὰρ λεγομένην δίκην τῆς κακουργίας τὴν μεγίστην οὐδεὶς
ὡς ἔπος εἰπεῖν λογίζεται, ἔστιν δ' ἡ μεγίστη τὸ ὁμοιοῦσθαι τοῖς οὖσιν
κακοῖς ἀνδράσιν, ὁμοιούμενον δὲ τοὺς μὲν ἀγαθοὺς φεύγειν ἄνδρας καὶ
λόγους καὶ ἀποσχίζεσθαι, τοῖς δὲ προσκολλᾶσθαι διώκοντα κατὰ τὰς
συνουσίας· προσπεφυκότα δὲ τοῖς τοιούτοις ἀνάγκη ποιεῖν (728c) καὶ
πάσχειν ἃ πεφύκασιν ἀλλήλους οἱ τοιοῦτοι ποιεῖν καὶ λέγειν. τοῦτο οὖν
δὴ τὸ πάθος δίκη μὲν οὐκ ἔστιν - καλὸν γὰρ τό γε δίκαιον καὶ ἡ δίκη -
τιμωρία δέ, ἀδικίας ἀκόλουθος πάθη, ἧς ὅ τε τυχὼν καὶ μὴ τυγχάνων
ἄθλιος, ὁ μὲν οὐκ ἰατρευόμενος, ὁ δέ, ἵνα ἕτεροι πολλοὶ σῴζωνται,
ἀπολλύμενος. τιμὴ δ' ἐστὶν ἡμῖν, ὡς τὸ ὅλον εἰπεῖν, τοῖς μὲν ἀμείνοσιν
ἕπεσθαι, τὰ δὲ χείρονα, γενέσθαι δὲ βελτίω δυνατά, τοῦτ' αὐτὸ ὡς ἄριστα
ἀποτελεῖν.
II.
ψυχῆς οὖν ἀνθρώπῳ κτῆμα οὐκ ἔστιν εὐφυέστερον εἰς (728d) τὸ φυγεῖν
μὲν τὸ κακόν, ἰχνεῦσαι δὲ καὶ ἑλεῖν τὸ πάντων ἄριστον, καὶ ἑλόντα αὖ
κοινῇ συνοικεῖν τὸν ἐπίλοιπον βίον· διὸ δεύτερον ἐτάχθη τιμῇ, τὸ δὲ
τρίτον - πᾶς ἂν τοῦτό γε νοήσειεν - τὴν τοῦ σώματος εἶναι κατὰ φύσιν
τιμήν· τὰς δ' αὖ τιμὰς δεῖ σκοπεῖν, καὶ τούτων τίνες ἀληθεῖς καὶ ὅσαι
κίβδηλοι, τοῦτο δὲ νομοθέτου. μηνύειν δή μοι φαίνεται τάσδε καὶ τοιάσδε
τινὰς αὐτὰς εἶναι, τίμιον εἶναι σῶμα οὐ τὸ καλὸν οὐδὲ ἰσχυρὸν οὐδὲ τάχος
ἔχον οὐδὲ μέγα, οὐδέ (728e) γε τὸ ὑγιεινόν - καίτοι πολλοῖς ἂν τοῦτό γε
δοκοῖ - καὶ μὴν οὐδὲ τὰ τούτων γ' ἐναντία, τὰ δ' ἐν τῷ μέσῳ ἁπάσης ταύτης
τῆς ἕξεως ἐφαπτόμενα σωφρονέστατα ἅμα τε ἀσφαλέστατα εἶναι μακρῷ·
τὰ μὲν γὰρ χαύνους τὰς ψυχὰς καὶ θρασείας ποιεῖ, τὰ δὲ ταπεινάς τε καὶ
ἀνελευθέρους. ὡς δ' αὕτως ἡ τῶν χρημάτων καὶ κτημάτων κτῆσις, καὶ
τιμήσεως κατὰ τὸν αὐτὸν ῥυθμὸν ἔχει· τὰ μὲν ὑπέρογκα γὰρ ἑκάστων
| [5,728] On n'honore pas non plus son âme par des présents,
lorsqu'on désire acquérir des richesses (728a) par des voies
malhonnêtes et qu'on n'est pas fâché de les
acquérir ainsi ; tant s'en faut, puisque c'est vendre
pour un peu d'or ce que l'âme a de précieux et de
beau, car tout l'or qui est sur terre ou sous terre ne
vaut pas la vertu. En un mot, quiconque ne
consent pas à s'abstenir, autant qu'il dépend de
lui, de ce que le législateur a compté et rangé
parmi les choses honteuses et mauvaises, et à
pratiquer au contraire de tout son pouvoir ce qu'il a
classé parmi les choses bonnes et belles, celui-là
ne voit pas qu'en tout cela il traite son âme, sa
partie la plus divine, de la manière la plus
déshonorante et la plus inconvenante. Presque
personne ne songe à ce qu'on peut appeler le plus
grand châtiment de la perversité, qui est de
devenir semblable aux gens vicieux, et, par suite,
de fuir les gens de bien et les discours vertueux,
de s'en éloigner et de chercher la compagnie des
méchants jusqu'à nous coller à eux et, une fois
confondus avec eux, de faire et de souffrir
forcément ce qu'il est naturel que les méchants
fassent et disent entre eux. Mais ce n'est point
encore là le châtiment véritable, puisque la justice
et le châtiment sont beaux ; le châtiment, c'est la
punition qui suit l'injustice. Qu'on y soit condamné
ou qu'on y échappe, on est également
malheureux, soit parce qu'on ne guérit pas son
mal, soit parce qu'on se perd pour que beaucoup
d'autres se sauvent. En un mot, ce qui nous
honore, c'est de suivre ce qu'il y a de meilleur en
nous, et de rendre le meilleur possible ce qui est
mauvais, mais susceptible d'amendement.
CHAPITRE II.
Or l'homme ne possède rien qui soit naturellement
plus disposé que l'âme à fuir le mal et à poursuivre
et atteindre le souverain bien, et, quand il l'a
atteint, à s'y attacher le reste de sa vie. C'est pour
cela que nous lui avons donné le second rang
dans notre estime. Pour le troisième rang, tout le
monde peut voir qu'il appartient naturellement au
corps. Mais il faut examiner quels honneurs on lui
rend, s'ils sont vrais ou faux, et ceci est l'affaire du
législateur. Voici, ce me semble, ceux qu'il
indique, avec certains autres pareils. Ce qui est
estimable dans le corps, ce n'est ni la beauté, ni la
force, ni la vitesse, ni la haute taille, ni la santé
même, quoi qu'en pensent beaucoup de gens, ni
non plus assurément les qualités contraires ; c'est
le juste milieu de cet ensemble de qualités, si on
parvient à l'atteindre, qui nous donne la
tempérance et la sûreté la plus grande de
beaucoup ; car les premières rendent l'âme
vaniteuse et présomptueuse, et les secondes la
rendent basse et servile.
Il en est de même des richesses, des biens, de la
fortune qu'on possède : ce sont choses estimables
dans la même mesure.
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