[5,727] οὕτω δὴ τὴν αὑτοῦ ψυχὴν (727a) μετὰ θεοὺς ὄντας δεσπότας καὶ τοὺς
τούτοις ἑπομένους τιμᾶν δεῖν λέγων δευτέραν, ὀρθῶς παρακελεύομαι. τιμᾷ δ' ὡς
ἔπος εἰπεῖν ἡμῶν οὐδεὶς ὀρθῶς, δοκεῖ δέ· θεῖον γὰρ ἀγαθόν που τιμή, τῶν
δὲ κακῶν οὐδὲν τίμιον, ὁ δ' ἡγούμενος ἤ τισι λόγοις ἢ δώροις αὐτὴν αὔξειν
ἤ τισιν ὑπείξεσιν, μηδὲν βελτίω δὲ ἐκ χείρονος αὐτὴν ἀπεργαζόμενος,
τιμᾶν μὲν δοκεῖ, δρᾷ δὲ τοῦτο οὐδαμῶς. αὐτίκα παῖς εὐθὺς γενόμενος
ἄνθρωπος πᾶς ἡγεῖται πάντα ἱκανὸς εἶναι γιγνώσκειν, (727b) καὶ τιμᾶν
οἴεται ἐπαινῶν τὴν αὑτοῦ ψυχήν, καὶ προθυμούμενος ἐπιτρέπει πράττειν
ὅτι ἂν ἐθέλῃ, τὸ δὲ νῦν λεγόμενόν ἐστιν ὡς δρῶν ταῦτα βλάπτει καὶ οὐ
τιμᾷ· δεῖ δέ, ὥς φαμεν, μετά γε θεοὺς δευτέραν. οὐδέ γε ὅταν ἄνθρωπος
τῶν αὑτοῦ ἑκάστοτε ἁμαρτημάτων μὴ ἑαυτὸν αἴτιον ἡγῆται καὶ τῶν
πλείστων κακῶν καὶ μεγίστων, ἀλλὰ ἄλλους, ἑαυτὸν δὲ ἀεὶ ἀναίτιον
ἐξαιρῇ, τιμῶν τὴν αὑτοῦ ψυχήν, ὡς δὴ δοκεῖ, ὁ δὲ (727c) πολλοῦ δεῖ δρᾶν
τοῦτο· βλάπτει γάρ. οὐδ' ὁπόταν ἡδοναῖς παρὰ λόγον τὸν τοῦ νομοθέτου
καὶ ἔπαινον χαρίζηται, τότε οὐδαμῶς τιμᾷ, ἀτιμάζει δὲ κακῶν καὶ
μεταμελείας ἐμπιμπλὰς αὐτήν. οὐδέ γε ὁπόταν αὖ τἀναντία τοὺς
ἐπαινουμένους πόνους καὶ φόβους καὶ ἀλγηδόνας καὶ λύπας μὴ διαπονῇ
καρτερῶν ἀλλὰ ὑπείκῃ, τότε οὐ τιμᾷ ὑπείκων· ἄτιμον γὰρ αὐτὴν
ἀπεργάζεται δρῶν τὰ τοιαῦτα σύμπαντα. οὐδ' ὁπόταν (727d) ἡγῆται τὸ
ζῆν πάντως ἀγαθὸν εἶναι, τιμᾷ, ἀτιμάζει δ' αὐτὴν καὶ τότε· τὰ γὰρ ἐν
Ἅιδου πράγματα πάντα κακὰ ἡγουμένης τῆς ψυχῆς εἶναι, ὑπείκει καὶ οὐκ
ἀντιτείνει διδάσκων τε καὶ ἐλέγχων ὡς οὐκ οἶδεν οὐδ' εἰ τἀναντία
πέφυκεν μέγιστα εἶναι πάντων ἀγαθῶν ἡμῖν τὰ περὶ τοὺς θεοὺς τοὺς ἐκεῖ.
οὐδὲ μὴν πρὸ ἀρετῆς ὁπόταν αὖ προτιμᾷ τις κάλλος, τοῦτ' ἔστιν οὐχ
ἕτερον ἢ ἡ τῆς ψυχῆς ὄντως καὶ πάντως ἀτιμία. ψυχῆς γὰρ σῶμα
ἐντιμότερον οὗτος ὁ λόγος φησὶν εἶναι, (727e) ψευδόμενος· οὐδὲν γὰρ
γηγενὲς Ὀλυμπίων ἐντιμότερον, ἀλλ' ὁ περὶ ψυχῆς ἄλλως δοξάζων ἀγνοεῖ
ὡς θαυμαστοῦ τούτου κτήματος ἀμελεῖ.
| [5,727] Ainsi donc, quand je dis qu'il faut honorer l'âme
en second lieu, (727a) après les dieux,
nos maîtres, et ceux qui les suivent en
dignité, je fais une recommandation fondée en
raison. Mais on peut dire qu'aucun de nous ne
l'honore comme il convient, bien qu'il croie le faire ;
car l'honneur est un bien divin, et rien de ce qui
est mauvais ne mérite qu'on l'honore. Aussi
quiconque la glorifie par des paroles, des
présents, des complaisances, sans la rendre
meilleure qu'elle n'était, s'imagine qu'il l'honore ;
mais il n'en est rien.
C'est ainsi que chaque homme dès l'enfance, se
croyant capable de tout connaître et pensant
honorer son âme en la louant, s'empresse de lui
accorder la liberté de faire ce qu'elle veut. Mais
nous, nous disons que se comporter ainsi, c'est
nuire à son âme, au lieu de l'honorer, car il faut,
disons-nous, lui accorder le premier rang après les
dieux. Ce n'est pas non plus l'honorer de ne
jamais reconnaître ses fautes et la plupart de ses
défauts, même les plus considérables, d'en rendre
les autres responsables, et de se tirer toujours du
nombre des coupables, croyant par la honorer son
âme, alors qu'il s'en faut de beaucoup et qu'on ne
fait que lui nuire. On ne l'honore pas du tout non
plus, lorsqu'au mépris des prescriptions et des
recommandations du législateur, on s'abandonne
aux plaisirs ; on la déshonore, au contraire, en la
remplissant de maux et de remords. De même,
lorsqu'on ne se donne pas la peine de surmonter
les travaux loués au contraire par le législateur,
les craintes, les douleurs et les chagrins, et qu'on
y cède, on ne l'honore pas du tout, puisque en
s'abandonnant à toutes ces faiblesses, on la rend
indigne d'être honorée. On ne l'honore pas
davantage, lorsqu'on se persuade que la vie est
de toutes manières un bien ; au contraire, on la
déshonore par là ; car, si l'âme se persuade qu'il
n'y a que du mal dans l'Hadès, on cède à cette
idée sans résister, et l'on fait voir et l'on démontre
qu'on ne sait pas si les dieux de là-bas ne nous
réservent pas au contraire les plus grands des biens.
De même préférer la beauté à la vertu, ce n'est
pas autre chose que déshonorer son âme
réellement et entièrement ; c'est, en effet, dire,
contre toute vérité, que le corps est plus estimable
que l'âme ; car rien de ce qui est né de la terre
n'est plus estimable que ce qui vient du ciel, et
quiconque pense autrement de son âme ignore
quel admirable bien il dédaigne.
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