[5,742] πρὸς τούτοις δ' ἔτι νόμος ἕπεται πᾶσι τούτοις, μηδ' (742a) ἐξεῖναι χρυσὸν
μηδὲ ἄργυρον κεκτῆσθαι μηδένα μηδενὶ ἰδιώτῃ, νόμισμα δὲ ἕνεκα
ἀλλαγῆς τῆς καθ' ἡμέραν, ἣν δημιουργοῖς τε ἀλλάττεσθαι σχεδὸν
ἀναγκαῖον, καὶ πᾶσιν ὁπόσων χρεία τῶν τοιούτων μισθοὺς μισθωτοῖς,
δούλοις καὶ ἐποίκοις, ἀποτίνειν. ὧν ἕνεκά φαμεν τὸ νόμισμα κτητέον
αὐτοῖς μὲν ἔντιμον, τοῖς δὲ ἄλλοις ἀνθρώποις ἀδόκιμον· κοινὸν δὲ
Ἑλληνικὸν νόμισμα ἕνεκά τε στρατειῶν καὶ ἀποδημιῶν εἰς τοὺς ἄλλους
ἀνθρώπους, οἷον πρεσβειῶν ἢ καί (742b) τινος ἀναγκαίας ἄλλης τῇ πόλει
κηρυκείας, ἐκπέμπειν τινὰ ἂν δέῃ, τούτων χάριν ἀνάγκη ἑκάστοτε
κεκτῆσθαι τῇ πόλει νόμισμα Ἑλληνικόν. ἰδιώτῃ δὲ ἂν ἄρα ποτὲ ἀνάγκη τις
γίγνηται ἀποδημεῖν, παρέμενος μὲν τοὺς ἄρχοντας ἀποδημείτω, νόμισμα
δὲ ἄν ποθεν ἔχων ξενικὸν οἴκαδε ἀφίκηται περιγενόμενον, τῇ πόλει αὐτὸ
καταβαλλέτω πρὸς λόγον ἀπολαμβάνων τὸ ἐπιχώριον· ἰδιούμενος δὲ ἄν
τις φαίνηται, δημόσιόν τε γιγνέσθω καὶ ὁ συνειδὼς καὶ μὴ φράζων ἀρᾷ
καὶ ὀνείδει μετὰ τοῦ ἀγαγόντος ἔνοχος ἔστω, καὶ ζημίᾳ (742c) πρὸς
τούτοις μὴ ἐλάττονι τοῦ ξενικοῦ κομισθέντος νομίσματος. γαμοῦντα δὲ
καὶ ἐκδιδόντα μήτ' οὖν διδόναι μήτε δέχεσθαι προῖκα τὸ παράπαν μηδ'
ἡντινοῦν, μηδὲ νόμισμα παρακατατίθεσθαι ὅτῳ μή τις πιστεύει, μηδὲ
δανείζειν ἐπὶ τόκῳ, ὡς ἐξὸν μὴ ἀποδιδόναι τὸ παράπαν τῷ δανεισαμένῳ
μήτε τόκον μήτε κεφάλαιον· ταῦτα δ' ὅτι βέλτιστ' ἐστὶν πόλει
ἐπιτηδεύματα ἐπιτηδεύειν, ὧδε ἄν τις σκοπῶν ὀρθῶς (742d) ἂν αὐτὰ
διακρίνοι, ἐπαναφέρων εἰς τὴν ἀρχὴν ἀεὶ καὶ τὴν βούλησιν. ἔστιν δὴ τοῦ
νοῦν ἔχοντος πολιτικοῦ βούλησις, φαμέν, οὐχ ἥνπερ ἂν οἱ πολλοὶ φαῖεν,
δεῖν βούλεσθαι τὸν ἀγαθὸν νομοθέτην ὡς μεγίστην τε εἶναι τὴν πόλιν ᾗ
νοῶν εὖ νομοθετοῖ, καὶ ὅτι μάλιστα πλουσίαν, κεκτημένην δ' αὖ χρύσεια
καὶ ἀργύρεια, καὶ κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλατταν ἄρχουσαν ὅτι πλείστων·
προσθεῖεν δ' ἂν καὶ ὡς ἀρίστην δεῖν βούλεσθαι τὴν πόλιν εἶναι καὶ ὡς
εὐδαιμονεστάτην (742e) τόν γε ὀρθῶς νομοθετοῦντα. τούτων δὲ τὰ μὲν
δυνατά ἐστιν γίγνεσθαι, τὰ δ' οὐ δυνατά· τὰ μὲν οὖν δυνατὰ βούλοιτ' ἂν ὁ
διακοσμῶν, τὰ δὲ μὴ δυνατὰ οὔτ' ἂν βούλοιτο ματαίας βουλήσεις οὔτ' ἂν
ἐπιχειροῖ. σχεδὸν μὲν γὰρ εὐδαίμονας ἅμα καὶ ἀγαθοὺς ἀνάγκη
γίγνεσθαι - τοῦτο μὲν οὖν βούλοιτ' ἄν - πλουσίους δ' αὖ σφόδρα καὶ
ἀγαθοὺς ἀδύνατον, οὕς γε δὴ πλουσίους οἱ πολλοὶ καταλέγουσι· λέγουσιν
δὲ τοὺς κεκτημένους ἐν ὀλίγοις τῶν ἀνθρώπων πλείστου νομίσματος ἄξια
κτήματα,
| [5,742] CHAPITRE XII.
Toutes ces maximes demandent à être
complétées par une loi (742a) qui défende à tout
particulier de posséder de l'or et de l'argent. On
aura pourtant une monnaie pour les échanges
journaliers; elle est à peu près indispensable pour
payer les services des artisans et les salaires de
tous ceux qui ont besoin d'être payés,
mercenaires, esclaves et fermiers. A cet effet, il
faut, disons-nous, disposer d'une monnaie qui ait
de la valeur dans le pays, mais qui n'en ait pas
pour les étrangers. Pour la monnaie
commune à toute la Grèce, on s'en servira pour
les expéditions militaires, les voyages à l'étranger,
par exemple pour les ambassades, les missions
des hérauts, quand l'État est obligé d'en envoyer.
Pour tous ces besoins, l'État devra chaque fois se
procurer de la monnaie grecque. Si un particulier
se trouve dans la nécessité de voyager, il ne
partira qu'après avoir obtenu la permission des
magistrats et si, de retour en son pays, il lui reste
de la monnaie étrangère, il la remettra à l'État et
en recevra la valeur en monnaie du pays. S'il
s'approprie cet argent et qu'il soit découvert, on le
lui confisquera, et celui qui, l'ayant su, ne l'aura
pas dénoncé sera sujet aux mêmes imprécations
et aux mêmes opprobres que le coupable, qui
sera de plus condamné à une amende égale à
l'argent étranger qu'il aura importé.
Quand un homme se mariera ou établira sa fille, il
ne recevra ni ne donnera aucune dot, sous
quelque forme que ce soit. On ne donnera
pas d'argent en dépôt à une personne en qui l'on
n'a pas confiance. On ne prêtera pas à intérêts,
sinon, il sera permis à l'emprunteur de ne rien
rendre du tout, ni intérêts, ni capital. Que ces
pratiques soient les meilleures pour l'État, on en
jugera justement, si on les examine en les
rapportant au principe et à l'intention du
législateur. Or l'intention d'un homme politique
intelligent n'est pas, disons-nous, celle que
diraient la plupart des gens, qui pensent qu'un bon
législateur, bien intentionné pour ses administrés,
doit vouloir que l'État soit le plus grand et le plus
riche possible, y accumuler l'or et l'argent et
étendre sa domination sur terre et sur mer aussi
loin qu'elle peut l'être ; ils ajouteraient aussi de le
rendre aussi vertueux et aussi heureux que
possible, s'il veut être un bon législateur. Mais si
ces deux sortes d'intentions sont réalisables
séparément, elles sont irréalisables ensemble.
Aussi le législateur se bornera à ce qui est
possible et n'aura garde de vouloir ce qui ne l'est
pas et de tenter des entreprises inutiles. Comme
le bonheur et la vertu marchent pour ainsi dire
nécessairement ensemble, il voudra rendre les
citoyens heureux et vertueux. Mais il est
impossible qu'on soit à la fois très riche et
vertueux, à prendre le terme de riche dans le sens
qu'on lui donne communément. On entend par là
ce petit nombre d'hommes qui possèdent des
biens qui représentent des sommes d'argent considérables
|