[5,741] ἐάν τ' αὖ καὶ τοὐναντίον ἐπέλθῃ ποτὲ κῦμα (741a) κατακλυσμὸν
φέρον νόσων, ἢ πολέμων φθορά, ἐλάττους δὲ πολὺ τοῦ τεταγμένου
ἀριθμοῦ δι' ὀρφανίας γένωνται, ἑκόντας μὲν οὐ δεῖ πολίτας παρεμβάλλειν
νόθῃ παιδείᾳ πεπαιδευμένους, ἀνάγκην δὲ οὐδὲ θεὸς εἶναι λέγεται
δυνατὸς βιάζεσθαι.
XI.
ταῦτ' οὖν δὴ τὸν νῦν λεγόμενον λόγον ἡμῖν φῶμεν παραινεῖν λέγοντα· ὦ
πάντων ἀνδρῶν ἄριστοι, τὴν ὁμοιότητα καὶ ἰσότητα καὶ τὸ ταὐτὸν καὶ
ὁμολογούμενον τιμῶντες κατὰ φύσιν μὴ ἀνίετε κατά τε ἀριθμὸν καὶ
πᾶσαν δύναμιν (741b) τὴν τῶν καλῶν κἀγαθῶν πραγμάτων· καὶ δὴ καὶ
νῦν τὸν ἀριθμὸν μὲν πρῶτον διὰ βίου παντὸς φυλάξατε τὸν εἰρημένον,
εἶτα τὸ τῆς οὐσίας ὕψος τε καὶ μέγεθος, ὃ τὸ πρῶτον ἐνείμασθε μέτριον
ὄν, μὴ ἀτιμάσητε τῷ τε ὠνεῖσθαι καὶ τῷ πωλεῖν πρὸς ἀλλήλους - οὔτε γὰρ
ὁ νείμας κλῆρος ὢν θεὸς ὑμῖν σύμμαχος οὔτε ὁ νομοθέτης - νῦν γὰρ δὴ
πρῶτον τῷ ἀπειθοῦντι νόμος προστάττει, προειπὼν ἐπὶ τούτοις
κληροῦσθαι (741c) τὸν ἐθέλοντα ἢ μὴ κληροῦσθαι, ὡς πρῶτον μὲν τῆς γῆς
ἱερᾶς οὔσης τῶν πάντων θεῶν, εἶτα ἱερέων τε καὶ ἱερειῶν εὐχὰς
ποιησομένων ἐπὶ τοῖς πρώτοις θύμασι καὶ δευτέροις καὶ μέχρι τριῶν, τὸν
πριάμενον ἢ ἀποδόμενον ὧν ἔλαχεν οἰκοπέδων ἢ γηπέδων τὰ ἐπὶ τούτοις
πρέποντα πάσχειν πάθη· γράψαντες δὲ ἐν τοῖς ἱεροῖς θήσουσι
κυπαριττίνας μνήμας εἰς τὸν ἔπειτα χρόνον καταγεγραμμένας, πρὸς
τούτοις δ' ἔτι φυλακτήρια τούτων, ὅπως ἂν γίγνηται, (741d)
καταστήσουσιν ἐν ταύτῃ τῶν ἀρχῶν ἥτις ἂν ὀξύτατον ὁρᾶν δοκῇ, ἵνα αἱ
παρὰ ταῦτα ἑκάστοτε παραγωγαὶ γιγνόμεναι μὴ λανθάνωσιν αὐτούς,
ἀλλὰ κολάζωσι τὸν ἀπειθοῦντα ἅμα νόμῳ καὶ τῷ θεῷ. ὅσον γὰρ δὴ τὸ νῦν
ἐπιταττόμενον ἀγαθὸν ὂν τυγχάνει πάσαις ταῖς πειθομέναις πόλεσι, τὴν
ἑπομένην κατασκευὴν προσλαβόν, κατὰ τὴν παλαιὰν παροιμίαν οὐδεὶς
εἴσεταί ποτε κακὸς ὤν, ἀλλ' ἔμπειρός τε καὶ ἐπιεικὴς ἔθεσι (741e)
γενόμενος· χρηματισμὸς γὰρ οὔτ' ἔνεστιν σφόδρα ἐν τῇ τοιαύτῃ
κατασκευῇ, συνέπεταί τε αὐτῇ μηδὲ δεῖν μηδ' ἐξεῖναι χρηματίζεσθαι τῶν
ἀνελευθέρων χρηματισμῶν μηδενὶ μηδένα, καθ' ὅσον ἐπονείδιστος
λεγομένη βαναυσία ἦθος ἀποτρέπει ἐλεύθερον, μηδὲ τὸ παράπαν ἀξιοῦν
ἐκ τῶν τοιούτων συλλέγειν χρήματα.
| [5,741] Si, par contre, il survient un flot qui
apporte avec lui un déluge de maladies, ou une
guerre qui détruise la population, et que le nombre
des morts la rende très inférieure au chiffre que
nous avons fixé, il ne faut pas, si on le peut, y
introduire des citoyens qui n'ont reçu qu'une
éducation bâtarde. Mais, comme on dit, Dieu lui-même
ne saurait faire violence à la nécessité.
CHAPITRE XI.
Voici donc ce que le présent discours nous
conseille : « O les meilleurs de tous les hommes,
dit-il, ne vous lassez pas de respecter la
ressemblance et l'égalité qui est entre vous, et
l'uniformité et les convenances établies par la
nature, tant en ce qui concerne votre nombre
qu'en tout ce qui peut se faire de beau et de bon.
Et dès à présent commencez par garder pendant
toute votre vie le nombre qui a été fixé ; ensuite ne
méprisez pas la hauteur et la grandeur de la
fortune qui vous a été répartie au début dans une
juste mesure, en achetant ou vendant les biens
les uns des autres; car alors vous n'aurez pour
vous ni le sort qui a présidé à votre partage et qui
est dieu, ni le législateur. Car la première
prescription de la loi est pour avertir le réfractaire
qu'il n'aura droit au partage qu'autant qu'il se
soumettra aux conditions suivantes, de regarder la
terre comme consacrée à tous les dieux et de
trouver bon que les prêtres et les prêtresses, dans
les premiers, les seconds et même les troisièmes
sacrifices, s'il achète ou vend les maisons et les
fonds de terre qu'il a reçus au tirage au sort, prient
les dieux de le punir comme il convient de ces
délits. On gravera les partages sur des tables de
cyprès que l'on placera dans les temples pour en
perpétuer le souvenir; en outre, on confiera la
garde de ces monuments aux magistrats réputés
les plus clairvoyants, afin qu'aucune violation de la
loi ne leur échappe et qu'ils punissent les
délinquants au nom de la loi et des dieux.
Combien ce règlement, complété par
l'organisation qui s'ensuit, est avantageux pour
toutes les cités qui le suivent, c'est ce que, pour
parler comme le vieux dicton, aucun méchant ne
saura jamais ; il faut pour cela en avoir fait
l'expérience et avoir beaucoup de modération
dans le caractère. Car une organisation comme la
nôtre exclut la passion de s'enrichir, et il s'ensuit
que personne ne doit et ne peut légitimement
s'enrichir par des trafics indignes d'un homme
libre, d'autant plus que les métiers manuels,
réputés déshonorants, s'opposent à la noblesse
des sentiments ; aussi chacun doit tenir au-dessous
de soi d'amasser des richesses par de
semblables moyens.
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