[5,739] (739a) ἡ δὴ τὸ μετὰ τοῦτο φορά, καθάπερ πεττῶν ἀφ' ἱεροῦ, τῆς τῶν νόμων
κατασκευῆς, ἀήθης οὖσα, τάχ' ἂν θαυμάσαι τὸν ἀκούοντα τὸ πρῶτον
ποιήσειεν· οὐ μὴν ἀλλ' ἀναλογιζομένῳ καὶ πειρωμένῳ φανεῖται δευτέρως
ἂν πόλις οἰκεῖσθαι πρὸς τὸ βέλτιστον. τάχα δ' οὐκ ἄν τις προσδέξαιτο
αὐτὴν διὰ τὸ μὴ σύνηθες νομοθέτῃ μὴ τυραννοῦντι· τὸ δ' ἔστιν ὀρθότατον
εἰπεῖν μὲν τὴν ἀρίστην πολιτείαν καὶ δευτέραν καὶ τρίτην, (739b) δοῦναι δὲ
εἰπόντα αἵρεσιν ἑκάστῳ τῷ τῆς συνοικήσεως κυρίῳ. ποιῶμεν δὴ κατὰ
τοῦτον τὸν λόγον καὶ τὰ νῦν ἡμεῖς, εἰπόντες ἀρετῇ πρώτην πολιτείαν καὶ
δευτέραν καὶ τρίτην· τὴν δὲ αἵρεσιν Κλεινίᾳ τε ἀποδιδῶμεν τὰ νῦν καὶ εἴ
τις ἄλλος ἀεί ποτε ἐθελήσειεν ἐπὶ τὴν τῶν τοιούτων ἐκλογὴν ἐλθὼν κατὰ
τὸν ἑαυτοῦ τρόπον ἀπονείμασθαι τὸ φίλον αὑτῷ τῆς αὑτοῦ πατρίδος.
X.
πρώτη μὲν τοίνυν πόλις τέ ἐστιν καὶ πολιτεία καὶ νόμοι (739c) ἄριστοι,
ὅπου τὸ πάλαι λεγόμενον ἂν γίγνηται κατὰ πᾶσαν τὴν πόλιν ὅτι μάλιστα·
λέγεται δὲ ὡς ὄντως ἐστὶ κοινὰ τὰ φίλων. τοῦτ' οὖν εἴτε που νῦν ἔστιν εἴτ'
ἔσται ποτέ - κοινὰς μὲν γυναῖκας, κοινοὺς δὲ εἶναι παῖδας, κοινὰ δὲ
χρήματα σύμπαντα - καὶ πάσῃ μηχανῇ τὸ λεγόμενον ἴδιον πανταχόθεν ἐκ
τοῦ βίου ἅπαν ἐξῄρηται, μεμηχάνηται δ' εἰς τὸ δυνατὸν καὶ τὰ φύσει ἴδια
κοινὰ ἁμῇ γέ πῃ γεγονέναι, οἷον ὄμματα καὶ ὦτα καὶ χεῖρας κοινὰ μὲν
ὁρᾶν δοκεῖν καὶ (739d) ἀκούειν καὶ πράττειν, ἐπαινεῖν τ' αὖ καὶ ψέγειν
καθ' ἓν ὅτι μάλιστα σύμπαντας ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς χαίροντας καὶ
λυπουμένους, καὶ κατὰ δύναμιν οἵτινες νόμοι μίαν ὅτι μάλιστα πόλιν
ἀπεργάζονται, τούτων ὑπερβολῇ πρὸς ἀρετὴν οὐδείς ποτε ὅρον ἄλλον
θέμενος ὀρθότερον οὐδὲ βελτίω θήσεται. ἡ μὲν δὴ τοιαύτη πόλις, εἴτε που
θεοὶ ἢ παῖδες θεῶν αὐτὴν οἰκοῦσι πλείους ἑνός, οὕτω διαζῶντες
εὐφραινόμενοι κατοικοῦσι· (739e) διὸ δὴ παράδειγμά γε πολιτείας οὐκ
ἄλλῃ χρὴ σκοπεῖν, ἀλλ' ἐχομένους ταύτης τὴν ὅτι μάλιστα τοιαύτην
ζητεῖν κατὰ δύναμιν. ἣν δὲ νῦν ἡμεῖς ἐπικεχειρήκαμεν, εἴη τε ἂν γενομένη
πως ἀθανασίας ἐγγύτατα καὶ ἡ μία δευτέρως· τρίτην δὲ μετὰ ταῦτα, ἐὰν
θεὸς ἐθέλῃ, διαπερανούμεθα. νῦν δ' οὖν ταύτην τίνα λέγομεν καὶ πῶς
γενομένην ἂν τοιαύτην; νειμάσθων μὲν δὴ πρῶτον γῆν τε καὶ οἰκίας,
| [5,739] (739a) La présentation de nos lois qui va suivre,
aussi extraordinaire que l'entrée au jeu de dés par le
coup sacré causera peut-être quelque
surprise à ceux qui nous entendront. Mais, à la
réflexion et à l'essai, ils verront que la constitution
de notre cité tient le second rang en excellence.
Peut-être aussi aura-t-on peine à l'accepter, parce
qu'on n'est pas habitué à un législateur qui ne
parle pas en tyran. Ce qu'il y a de mieux à faire est
de proposer la meilleure forme de gouvernement,
puis une seconde, puis une troisième, et d'en
laisser le choix à celui qui dirigera souverainement
la colonisation. Procédons, nous aussi, de cette
façon : exposons d'abord la constitution la plus
parfaite, puis la seconde, puis la troisième, et
donnons-en le choix à Clinias en ce moment et
par la suite à quiconque, appelé à faire le même
choix, voudra, suivant son inclination, conserver
ce qui lui plaît dans les lois de son pays.
CHAPITRE X.
L'État, le gouvernement, les lois qui tiennent le
premier rang pour l'excellence sont ceux où l'on
pratique le plus strictement, dans toutes les
parties de l'État, le vieux dicton, que tout est
véritablement commun entre amis. Si donc il
arrive quelque part à présent, ou s'il doit arriver un
jour que les femmes soient communes, les
enfants communs et tous les biens communs,
qu'on s'applique par tous les moyens à retrancher
du commerce de la vie ce qu'on appelle la
propriété individuelle, qu'on parvienne à rendre
communs en quelque manière et dans la mesure
du possible même les choses que la nature a
données en propre à chaque homme, comme les
yeux, les oreilles et les mains, et que tous les
citoyens s'imaginent qu'ils voient, qu'ils entendent,
qu'ils agissent en commun, qu'ils soient, autant
qu'il se peut, unanimes à louer ou blâmer les
mêmes choses, d qu'ils se réjouissent ou
s'affligent pour les mêmes motifs, enfin que les
lois établissent dans l'État la plus parfaite unité qui
se puisse réaliser, jamais personne ne posera de
règle plus juste et meilleure que celle-là pour
atteindre le plus haut degré de vertu. Dans
une telle cité, qu'elle soit habitée par des dieux ou
des enfants de dieux qui soient plusieurs
ensemble, ils passeront leur existence dans la
joie. C'est pourquoi il ne faut point chercher
ailleurs un modèle de gouvernement, mais
s'attacher à celui-là, et chercher par tous les
moyens à réaliser celui qui lui ressemblera le plus.
Celui que nous avons aujourd'hui entrepris de
fonder, sera, si nous parvenons à le réaliser, très
voisin de cet exemplaire immortel et le seul qui
mérite le second rang. Pour le troisième, nous en
achèverons le plan, si Dieu le veut. Pour le
moment, nous nous occupons du second, et nous
allons dire quel il est et comment il pourrait se former.
D'abord, que nos citoyens partagent entre eux la
terre et les maisons,
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