[4,711] (711a) οὗ δ' ἂν τοῦτο ἀριθμῷ μὲν
βραχύτατον, ἰσχυρότατον δέ, καθάπερ ἐν τυραννίδι, γένηται, ταύτῃ καὶ
τότε τάχος καὶ ῥᾳστώνη τῆς μεταβολῆς γίγνεσθαι φιλεῖ.
(Κλεινίας) πῶς; οὐ γὰρ μανθάνομεν.
(Ἀθηναῖος)
καὶ μὴν εἴρηταί γ' ἡμῖν οὐχ ἅπαξ ἀλλ' οἶμαι πολλάκις· ὑμεῖς δὲ τάχα οὐδὲ
τεθέασθε τυραννουμένην πόλιν.
(Κλεινίας) οὐδέ γε ἐπιθυμητὴς ἔγωγ' εἰμὶ τοῦ θεάματος.
(711b) (Ἀθηναῖος) καὶ μὴν τοῦτό γ' ἂν ἴδοις ἐν αὐτῇ τὸ νυνδὴ λεγόμενον.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον;
(Ἀθηναῖος)
οὐδὲν δεῖ πόνων οὐδέ τινος παμπόλλου χρόνου τῷ τυράννῳ μεταβαλεῖν
βουληθέντι πόλεως ἤθη, πορεύεσθαι δὲ αὐτὸν δεῖ πρῶτον ταύτῃ, ὅπῃπερ
ἂν ἐθελήσῃ, ἐάντε πρὸς ἀρετῆς ἐπιτηδεύματα, προτρέπεσθαι τοὺς
πολίτας, ἐάντε ἐπὶ τοὐναντίον, αὐτὸν πρῶτον πάντα ὑπογράφοντα τῷ
πράττειν, (711d) ἀδύνατον οὐδὲ χαλεπῶς ἂν γενόμενον· ἀλλὰ τόδ' ἐστὶ τὸ
χαλεπὸν γενέσθαι, καὶ ὀλίγον δὴ τὸ γεγονὸς ἐν τῷ πολλῷ χρόνῳ, ὅταν δὲ
συμβῇ, μυρία καὶ πάντ' ἐν πόλει ἀγαθὰ ἀπεργάζεται, ἐν ᾗ ποτ' ἂν
ἐγγένηται.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον δὴ λέγεις;
(Ἀθηναῖος)
ὅταν ἔρως θεῖος τῶν σωφρόνων τε καὶ δικαίων ἐπιτηδευμάτων ἐγγένηται
μεγάλαις τισὶν δυναστείαις, ἢ κατὰ μοναρχίαν δυναστευούσαις ἢ κατὰ
πλούτων ὑπεροχὰς διαφερούσαις (711e) ἢ γενῶν, ἢ τὴν Νέστορος ἐάν ποτέ
τις ἐπανενέγκῃ φύσιν, ὃν τῇ τοῦ λέγειν ῥώμῃ φασὶ πάντων διενεγκόντα
ἀνθρώπων πλέον ἔτι τῷ σωφρονεῖν διαφέρειν. τοῦτ' οὖν ἐπὶ μὲν Τροίας,
ὥς φασι, γέγονεν, ἐφ' ἡμῶν δὲ οὐδαμῶς, εἰ δ' οὖν γέγονεν ἢ καὶ γενήσεται
τοιοῦτος ἢ νῦν ἡμῶν ἔστιν τις, μακαρίως μὲν αὐτὸς ζῇ, μακάριοι δὲ οἱ
συνήκοοι τῶν ἐκ τοῦ σωφρονοῦντος στόματος ἰόντων λόγων. ὡσαύτως δὲ
καὶ συμπάσης δυνάμεως ὁ αὐτὸς πέρι λόγος,
| [4,711] que là où ils sont le moins nombreux, mais très forts,
comme dans la tyrannie, c'est alors que le
changement se fait d'ordinaire vite et facilement.
(CLINIAS) Comment cela ? nous ne comprenons pas.
(L'ATHÉNIEN) Je m'en suis pourtant expliqué, non
pas une fois, mais plusieurs. Mais peut-être
n'avez-vous même jamais considéré ce qui se
passe dans un État gouverné par un tyran.
(CLINIAS) Pour ma part, je ne suis pas du tout
curieux de le voir.
(L'ATHÉNIEN) Tu y verrais pourtant réalisé ce que je dis.
(CLINIAS) Quoi ?
(L'ATHÉNIEN) Qu'un tyran qui veut transformer les
moeurs d'un État n'a besoin ni de beaucoup de
peine, ni de beaucoup de temps. Il n'a qu'à frayer
le premier la route où il veut former les citoyens
pour qu'ils prennent des habitudes vertueuses ou
des habitudes vicieuses. Il suffit qu'il leur donne en
tout l'exemple par sa propre conduite, qu'il
approuve et récompense certaines actions, qu'il
en condamne d'autres et qu'il ne manque pas de
couvrir d'opprobre tous ceux qui refusent de lui obéir.
(CLINIAS) Nous pensons, nous aussi, que les
citoyens suivront vite un homme qui a en main la
persuasion et la puissance tout ensemble.
(L'ATHÉNIEN) Que personne, mes amis, n'essaye
de nous persuader que, pour changer les lois d'un
État, il y ait une voie plus courte et plus facile que
l'exemple des souverains, ni qu'un tel changement
se fasse à présent ou puisse jamais se faire d'une
autre manière. Il n'est pas, en effet, impossible ni
difficile que cela se réalise ; ce qui est difficile et
qui n'est arrivé que rarement dans la longue suite
des temps, mais qui, lorsqu'il arrive, produit des
milliers de biens de toute sorte pour l'État qui a
cette chance, le voici.
(CLINIAS) De quoi veux-tu parler ?
(L'ATHÉNIEN) C'est lorsque les dieux inspirent
l'amour de la tempérance et de la justice à des
chefs puissants, revêtus d'un pouvoir monarchique
ou particulièrement distingués par la supériorité de
leur richesse ou de leur noblesse, ou lorsque
quelqu'un fait revivre en soi le caractère de
Nestor, qui surpassait, dit-on, tous les hommes
par la force de ses discours et plus encore par sa
tempérance. Cela s'est vu, dit-on, au temps de la
guerre de Troie, mais non de notre temps. Si donc
il y a eu, s'il y aura un jour, ou s'il y a maintenant
chez nous un homme de ce caractère,
bienheureuse est la vie qu'il mène lui-même,
bienheureux aussi ceux qui écoutent docilement
les leçons de tempérance qui sortent de sa
bouche. Il faut en dire autant de tout gouvernement
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