[4,710] καὶ νῦν τῇ (710a) τυραννουμένῃ ψυχῇ τοῦτο συνεπέσθω, ἐὰν μέλλῃ τῶν
ἄλλων ὑπαρχόντων ὄφελος εἶναί τι.”
(Κλεινίας)
σωφροσύνην μοι δοκεῖ φράζειν, ὦ Μέγιλλε, δεῖν εἶναι τὴν συνεπομένην ὁ
ξένος. ἦ γάρ;
(Ἀθηναῖος)
τὴν δημώδη γε, ὦ Κλεινία, καὶ οὐχ ἥν τις σεμνύνων ἂν λέγοι, φρόνησιν
προσαναγκάζων εἶναι τὸ σωφρονεῖν, ἀλλ' ὅπερ εὐθὺς παισὶν καὶ θηρίοις,
τοῖς μὲν ἀκρατῶς ἔχειν πρὸς τὰς ἡδονάς, σύμφυτον ἐπανθεῖ, τοῖς δὲ
ἐγκρατῶς· ὃ (710b) καὶ μονούμενον ἔφαμεν τῶν πολλῶν ἀγαθῶν
λεγομένων οὐκ ἄξιον εἶναι λόγου. ἔχετε γὰρ ὃ λέγω που.
(Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
ταύτην τοίνυν ἡμῖν ὁ τύραννος τὴν φύσιν ἐχέτω πρὸς ἐκείναις ταῖς
φύσεσιν, εἰ μέλλει πόλις ὡς δυνατόν ἐστι τάχιστα καὶ ἄριστα σχήσειν
πολιτείαν ἣν λαβοῦσα εὐδαιμονέστατα διάξει. θάττων γὰρ ταύτης καὶ
ἀμείνων πολιτείας διάθεσις οὔτ' ἔστιν οὔτ' ἄν ποτε γένοιτο.
(710c) (Κλεινίας)
πῶς δὴ καὶ τίνι λόγῳ τοῦτο, ὦ ξένε, λέγων ἄν τις ὀρθῶς λέγειν αὑτὸν πείθοι;
(Ἀθηναῖος)
ῥᾴδιόν που τοῦτό γε νοεῖν ἐστ', ὦ Κλεινία, κατὰ φύσιν ὡς ἔστι τοῦθ' οὕτω.
(Κλεινίας)
πῶς λέγεις; εἰ τύραννος γένοιτο, φῄς, νέος, σώφρων, εὐμαθής, μνήμων,
ἀνδρεῖος, μεγαλοπρεπής;
(Ἀθηναῖος)
εὐτυχής, πρόσθες, μὴ κατ' ἄλλο, ἀλλὰ τὸ γενέσθαι τε ἐπ' αὐτοῦ
νομοθέτην ἄξιον ἐπαίνου, καί τινα τύχην εἰς (710d) ταὐτὸν ἀγαγεῖν αὐτῷ·
γενομένου γὰρ τούτου, πάντα σχεδὸν ἀπείργασται τῷ θεῷ, ἅπερ ὅταν
βουληθῇ διαφερόντως εὖ πρᾶξαί τινα πόλιν. δεύτερον δέ, ἐάν ποτέ τινες
δύο ἄρχοντες γίγνωνται τοιοῦτοι, τρίτον δ' αὖ καὶ κατὰ λόγον ὡσαύτως
χαλεπώτερον ὅσῳ πλείους, ὅσῳ δ' ἐναντίον, ἐναντίως.
(Κλεινίας)
ἐκ τυραννίδος ἀρίστην φῂς γενέσθαι πόλιν ἄν, ὡς φαίνῃ, μετὰ νομοθέτου
γε ἄκρου καὶ τυράννου κοσμίου, καὶ ῥᾷστά τε καὶ τάχιστ' ἂν μεταβαλεῖν
εἰς τοῦτο ἐκ τοῦ τοιούτου, (710e) δεύτερον δὲ ἐξ ὀλιγαρχίας - ἢ πῶς λέγεις; -
καὶ τὸ τρίτον ἐκ δημοκρατίας.
(Ἀθηναῖος)
οὐδαμῶς, ἀλλ' ἐκ τυραννίδος μὲν πρῶτον, δεύτερον δὲ ἐκ βασιλικῆς
πολιτείας, τρίτον δὲ ἔκ τινος δημοκρατίας. τὸ δὲ τέταρτον, ὀλιγαρχία, τὴν
τοῦ τοιούτου γένεσιν χαλεπώτατα δύναιτ' ἂν προσδέξασθαι· πλεῖστοι γὰρ
ἐν αὐτῇ δυνάσται γίγνονται. λέγομεν δὴ ταῦτα γίγνεσθαι τότε, ὅταν
ἀληθὴς μὲν νομοθέτης γένηται φύσει, κοινὴ δὲ αὐτῷ τις συμβῇ ῥώμη πρὸς
τοὺς ἐν τῇ πόλει μέγιστον δυναμένους·
| [4,710] se trouve aussi présent dans son âme, s'il veut tirer
parti des autres avantages.
(CLINIAS) Il me semble, Mégillos, que par cette
dualité qui doit accompagner les autres, l'étranger
entend la tempérance, n'est-ce pas ?
(L'ATHÉNIEN) C'est la tempérance vulgaire,
Clinias, non pas celle qu'on peut appeler auguste,
en la confondant de force avec la sagesse, mais
cette tempérance innée qui se montre tout de
suite chez les enfants et les bêtes, qui rend les
uns modérés dans l'usage des plaisirs, tandis que
les autres s'y livrent sans mesure, cette
tempérance enfin à laquelle nous n'avons reconnu
aucune valeur, quand elle est séparée des
nombreuses qualités qu'on appelle des biens.
Saisissez-vous ce que je dis ?
(CLINIAS) Parfaitement.
(L'ATHÉNIEN) Que notre tyran joigne donc cette
dualité naturelle aux autres, s'il veut donner à
l'État le plus vite et le mieux possible la
constitution qu'il doit recevoir pour rester toujours
très heureux ; car d'organisation plus rapide et
meilleure pour un État, il n'y en as pas et il ne
saurait y en avoir.
(CLINIAS) Comment et par quelle raison, étranger,
peut-on se persuader qu'en disant cela, on parle
avec justesse ?
(L'ATHÉNIEN) Il est facile de concevoir, Clinias,
qu'il en est naturellement ainsi.
(CLINIAS) Que dis-tu là ? Tu prétends qu'il faudrait
un tyran, jeune, tempérant, qui apprenne
facilement, qui ait de la mémoire, du courage et de
la magnanimité ?
(L'ATHÉNIEN) Ajoute heureux, je ne veux pas dire
heureux en tout, mais en ce qu'il se trouve de son
temps un législateur digne d'éloge et qu'un
heureux hasard les rassemble.
Quand cela s'est produit, le dieu a déjà presque
fait tout ce qu'il peut faire, quand il veut rendre un
État particulièrement prospère. La seconde
chance, c'est qu'il se trouve deux chefs comme
celui que j'ai dépeint : pour la troisième, la
difficulté croît proportionnellement au nombre des
chefs, et diminue, au contraire, s'ils sont moins nombreux.
(CLINIAS) Tu prétends donc que c'est de la tyrannie
que vient la meilleure constitution pour un État,
lorsqu'il s'y rencontre un législateur éminent et un
tyran modéré ; que c'est dans ces conditions que
le passage de l'une à l'autre s'opère le plus
facilement et le plus vite ; qu'après la tyrannie,
c'est de l'oligarchie, n'est-ce pas ? et enfin et en
troisième lieu de la démocratie.
(L'ATHÉNIEN) Pas du tout. Je mets au premier
rang la tyrannie, au second le gouvernement
monarchique, au troisième une certaine espèce de
démocratie, au quatrième l'oligarchie, laquelle ne
peut que très difficilement accueillir la naissance
de ce gouvernement parfait, parce que c'est dans
l'oligarchie qu'il y a le plus de maîtres. Nous
disons donc que ce gouvernement parfait se
réalise lorsque la nature y fait naître un vrai
législateur et qu'il exerce sa force de concert avec
les hommes les plus puissants de la cité ;
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