[4,709] (709a) (Ἀθηναῖος)
ἔμελλον λέγειν ὡς οὐδείς ποτε ἀνθρώπων οὐδὲν νομοθετεῖ, τύχαι δὲ καὶ
συμφοραὶ παντοῖαι πίπτουσαι παντοίως νομοθετοῦσι τὰ πάντα ἡμῖν. ἢ
γὰρ πόλεμός τις βιασάμενος ἀνέτρεψε πολιτείας καὶ μετέβαλε νόμους, ἢ
πενίας χαλεπῆς ἀπορία· πολλὰ δὲ καὶ νόσοι ἀναγκάζουσι καινοτομεῖν,
λοιμῶν τε ἐμπιπτόντων, καὶ χρόνον ἐπὶ πολὺν ἐνιαυτῶν πολλῶν
πολλάκις ἀκαιρίαι. ταῦτα δὴ πάντα προϊδών τις ᾄξειεν ἂν εἰπεῖν ὅπερ ἐγὼ
νυνδή, τὸ θνητὸν (709b) μὲν μηδένα νομοθετεῖν μηδέν, τύχας δ' εἶναι
σχεδὸν ἅπαντα τὰ ἀνθρώπινα πράγματα· τὸ δ' ἔστιν περί τε ναυτιλίαν καὶ
κυβερνητικὴν καὶ ἰατρικὴν καὶ στρατηγικὴν πάντα ταῦτ' εἰπόντα δοκεῖν
εὖ λέγειν, ἀλλὰ γὰρ ὁμοίως αὖ καὶ τόδε ἔστιν λέγοντα εὖ λέγειν ἐν τοῖς
αὐτοῖς τούτοις.
(Κλεινίας) τὸ ποῖον;
(Ἀθηναῖος)
ὡς θεὸς μὲν πάντα, καὶ μετὰ θεοῦ τύχη καὶ καιρός, τἀνθρώπινα
διακυβερνῶσι σύμπαντα. ἡμερώτερον μὴν τρίτον (709c) συγχωρῆσαι
τούτοις δεῖν ἕπεσθαι τέχνην· καιρῷ γὰρ χειμῶνος συλλαβέσθαι
κυβερνητικὴν ἢ μή, μέγα πλεονέκτημα ἔγωγ' ἂν θείην. ἢ πῶς;
(Κλεινίας) οὕτως.
(Ἀθηναῖος)
οὐκοῦν καὶ τοῖς ἄλλοις ὡσαύτως κατὰ τὸν αὐτὸν ἂν ἔχοι λόγον, καὶ δὴ καὶ
νομοθεσίᾳ ταὐτὸν τοῦτο δοτέον· τῶν ἄλλων συμπιπτόντων, ὅσα δεῖ χώρᾳ
συντυχεῖν, εἰ μέλλοι ποτὲ εὐδαιμόνως οἰκήσειν, τὸν νομοθέτην ἀληθείας
ἐχόμενον τῇ τοιαύτῃ παραπεσεῖν ἑκάστοτε πόλει δεῖν.
(Κλεινίας) ἀληθέστατα λέγεις.
(709d) (Ἀθηναῖος)
οὐκοῦν ὅ γε πρὸς ἕκαστόν τι τῶν εἰρημένων ἔχων τὴν τέχνην κἂν
εὔξασθαί που δύναιτο ὀρθῶς, τί παρὸν αὐτῷ διὰ τύχης, τῆς τέχνης ἂν
μόνον ἐπιδέοι;
(Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
οἵ τε ἄλλοι γε δὴ πάντες οἱ νυνδὴ ῥηθέντες, κελευόμενοι τὴν αὑτῶν εὐχὴν
εἰπεῖν, εἴποιεν ἄν. ἦ γάρ;
(Κλεινίας) τί μήν;
(Ἀθηναῖος) ταὐτὸν δὴ καὶ νομοθέτης οἶμαι δράσειεν.
(Κλεινίας) ἔγωγ' οἶμαι.
(Ἀθηναῖος)
“φέρε δή, νομοθέτα,” πρὸς αὐτὸν φῶμεν, “τί σοι (709e) καὶ πῶς πόλιν
ἔχουσαν δῶμεν, ὃ λαβὼν ἕξεις ὥστ' ἐκ τῶν λοιπῶν αὐτὸς τὴν πόλιν
ἱκανῶς διοικῆσαι;”
(Κλεινίας) τί μετὰ τοῦτ' εἰπεῖν ὀρθῶς ἔστιν ἄρα;
(Ἀθηναῖος) τοῦ νομοθέτου φράζομεν τοῦτο, ἦ γάρ;
(Κλεινίας) ναί.
(Ἀθηναῖος)
τόδε· “τυραννουμένην μοι δότε τὴν πόλιν,” φήσει· “τύραννος δ' ἔστω νέος
καὶ μνήμων καὶ εὐμαθὴς καὶ ἀνδρεῖος καὶ μεγαλοπρεπὴς φύσει· ὃ δὲ καὶ
ἐν τοῖς πρόσθεν ἐλέγομεν δεῖν ἕπεσθαι σύμπασιν τοῖς τῆς ἀρετῆς μέρεσι,
| [4,709] (L'ATHÉNIEN) J'allais dire qu'aucune loi n'est
l'oeuvre d'aucun homme, et que c'est toujours la
fortune et des hasards de toutes sortes qui nous
imposent absolument nos lois. Tantôt c'est une
guerre violente qui renverse les États et fait
changer les lois, tantôt c'est la détresse où l'on est
réduit par la fâcheuse pauvreté. Souvent aussi
des maladies forcent à faire des innovations,
comme lorsqu'il survient des pestes, ou que des
saisons défavorables se suivent pendant plusieurs
années. Quand on jette les yeux sur tous ces
accidents, on est vivement tenté de dire ce que
j'avançais tout à l'heure, qu'aucune loi n'est
l'ouvrage d'aucun mortel et que presque toutes les
affaires humaines dépendent de la fortune, et, si
l'on en dit autant de la navigation, du pilotage, de
la médecine, de l'art de la guerre, il me paraît
qu'on en parle bien. Cependant on en parle bien
aussi quand, au rebours, on dit ceci de ces mêmes arts.
(CLINIAS) Quoi ?
(L'ATHÉNIEN) Que Dieu dispose de tout et qu'avec
Dieu la fortune et l'occasion gouvernent toutes les
affaires humaines. Je dois toutefois adoucir mon
affirmation et reconnaître qu'à la suite de ces deux
maîtres de législation, il y a place pour un
troisième, l'art. Car je compte, qu'en cas de
tempête, on a grand profit à recourir à l'art du
pilote. Qu'en penses-tu ?
(CLINIAS) Je pense comme toi.
(L'ATHÉNIEN) Il en est ainsi, pour la même raison,
dans toutes les autres occurrences, et, il faut le
reconnaître, en matière de législation. Quand
toutes les conditions nécessaires pour qu'un pays
ait un bon gouvernement se trouvent réunies, il
faut toujours que l'État rencontre un législateur
attaché à la vérité.
(CLINIAS) C'est bien vrai.
(L'ATHÉNIEN) Et quand on a, pour chacune des
choses que nous avons citées, l'art nécessaire,
que peut-on raisonnablement souhaiter, sinon
d'obtenir de la fortune un concours de
circonstances tel qu'on n'ait besoin que de son talent ?
(CLINIAS) Rien d'autre.
(L'ATHÉNIEN) Et si l'on disait à tous les autres que
nous avons nommés d'exprimer leur souhait, ils le
feraient, n'est-ce pas ?
(CLINIAS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN) Et le législateur le ferait comme eux, je pense.
(CLINIAS) Je le pense aussi.
(L'ATHÉNIEN) Eh bien, législateur, lui dirons-nous,
que faut-il que l'on te donne et dans quelle
situation veux-tu trouver l'État, pour que, pourvu
du reste, tu puisses l'organiser comme il faut ?
Que faut-il dire après cela pour faire une réponse
raisonnable ? Le dirons-nous au nom du
législateur ? es-tu de cet avis?
(CLINIAS) Oui.
(L'ATHÉNIEN) Donnez-moi, dira-t-il, un État
gouverné par un tyran ; que ce tyran soit jeune,
doué d'une bonne mémoire et d'une grande facilité
pour apprendre, qu'il soit courageux et
naturellement magnanime, et que ce que nous
avons dit précédemment qui devait accompagner
toutes les parties de la vertu
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