[4,708] καὶ ἄλλοθεν τῶν Ἑλλήνων εἰς (708a) τὴν χώραν
κατῳκισμένους. τὸ δὲ δὴ παρὸν ἡμῖν λέγε πόθεν ἔσεσθαι φῂς
στρατόπεδον τῶν πολιτῶν τὰ νῦν;
(Κλεινίας)
ἔκ τε Κρήτης συμπάσης ἔοικεν γενήσεσθαι, καὶ τῶν ἄλλων δὲ Ἑλλήνων
μάλιστά μοι φαίνονται τοὺς ἀπὸ Πελοποννήσου προσδέξασθαι
συνοίκους. καὶ γὰρ ὃ νῦν δὴ λέγεις, ἀληθὲς φράζεις, ὡς ἐξ Ἄργους εἰσίν,
καὶ τό γε μάλιστ' εὐδοκιμοῦν τὰ νῦν ἐνθάδε γένος, τὸ Γορτυνικόν· ἐκ
Γόρτυνος γὰρ τυγχάνει ἀπῳκηκὸς ταύτης τῆς Πελοποννησιακῆς.
(708b) (Ἀθηναῖος)
οὐ τοίνυν εὔκολος ὁμοίως γίγνοιτ' ἂν ὁ κατοικισμὸς ταῖς πόλεσιν, ὅταν μὴ
τὸν τῶν ἐσμῶν γίγνηται τρόπον, ἓν γένος ἀπὸ μιᾶς ἰὸν χώρας οἰκίζηται,
φίλον παρὰ φίλων, στενοχωρίᾳ τινὶ πολιορκηθὲν γῆς ἤ τισιν ἄλλοις
τοιούτοις παθήμασιν ἀναγκασθέν. ἔστιν δ' ὅτε καὶ στάσεσιν βιαζόμενον
ἀναγκάζοιτ' ἂν ἑτέρωσε ἀποξενοῦσθαι πόλεώς τι μόριον· ἤδη δέ ποτε καὶ
συνάπασα πόλις τινῶν ἔφυγεν, ἄρδην κρείττονι κρατηθεῖσα πολέμῳ.
ταῦτ' οὖν πάντ' ἐστὶ (708c) τῇ μὲν ῥᾴω κατοικίζεσθαί τε καὶ
νομοθετεῖσθαι, τῇ δὲ χαλεπώτερα. τὸ μὲν γὰρ ἕν τι εἶναι γένος ὁμόφωνον
καὶ ὁμόνομον ἔχει τινὰ φιλίαν, κοινωνὸν ἱερῶν ὂν καὶ τῶν τοιούτων
πάντων, νόμους δ' ἑτέρους καὶ πολιτείας ἄλλας τῶν οἴκοθεν οὐκ εὐπετῶς
ἀνέχεται, τὸ δ' ἐνίοτε πονηρίᾳ νόμων ἐστασιακὸς καὶ διὰ συνήθειαν
ζητοῦν ἔτι χρῆσθαι τοῖς αὐτοῖς ἤθεσιν δι' ἃ καὶ πρότερον ἐφθάρη,
χαλεπὸν τῷ κατοικίζοντι (708d) καὶ νομοθετοῦντι καὶ δυσπειθὲς γίγνεται·
τὸ δ' αὖ παντοδαπὸν ἐς ταὐτὸν συνερρυηκὸς γένος ὑπακοῦσαι μέν τινων
νόμων καινῶν τάχα ἂν ἐθελήσειε μᾶλλον, τὸ δὲ συμπνεῦσαι, καὶ καθάπερ
ἵππων ζεῦγος καθ' ἕνα εἰς ταὐτόν, τὸ λεγόμενον, συμφυσῆσαι, χρόνου
πολλοῦ καὶ παγχάλεπον. ἀλλ' ὄντως ἐστὶν νομοθεσία καὶ πόλεων
οἰκισμοὶ πάντων τελεώτατον πρὸς ἀρετὴν ἀνδρῶν.
(Κλεινίας) εἰκός· ὅπῃ δ' αὖ βλέπων τοῦτ' εἴρηκας, φράζ' ἔτι σαφέστερον.
(708e) (Ἀθηναῖος)
ὠγαθέ, ἔοικα περὶ νομοθετῶν ἐπανιὼν καὶ σκοπῶν ἅμα ἐρεῖν τι καὶ
φαῦλον· ἀλλ' ἐὰν πρὸς καιρόν τινα λέγωμεν, πρᾶγμ' οὐδὲν γίγνοιτ' ἂν ἔτι.
καίτοι τί ποτε δυσχεραίνω; σχεδὸν γάρ τοι πάντα οὕτως ἔοικ' ἔχειν τὰ ἀνθρώπινα.
(Κλεινίας) τοῦ δὴ πέρι λέγεις;
| [4,708] et d'autres endroits de la Grèce
établis dans votre pays. Mais, dis-moi, d'où
comptez-vous tirer la troupe de citoyens qui va
former maintenant la nouvelle colonie ?
(CLINIAS) Je pense qu'on la tirera de toute la Crète ;
à l'égard des autres Grecs, il semble qu'on
accueillera de préférence comme associés les
gens du Péloponnèse ; car il est vrai, comme tu
viens de le dire, que nous avons chez nous des
gens d'Argos, et le peuple que nous estimons le
plus à présent, le peuple de Gortyne, car c'est de
la ville péloponnésienne de Gortyne qu'il a émigré ici.
(L'ATHÉNIEN) La colonisation n'offre pas la même
facilité aux États, quand elle ne se fait pas à la
manière des essaims, c'est-à-dire quand ce n'est
pas une race unique, partie du même pays, qui se
transplante, des amis qui quittent des amis,
pressés par l'étroitesse de leur territoire, ou
contraints par d'autres inconvénients du même
genre. Il arrive aussi parfois que des séditions
violentes forcent une partie de la population à
s'établir ailleurs. On a vu même des villes entières
s'enfuir, après avoir été battues sans recours par
un ennemi supérieur en forces. Dans tous ces
cas, il est tantôt plus aisé, tantôt plus difficile de
fonder une colonie et de lui donner des lois. Le fait
d'appartenir à la même race, de parler la même
langue, d'avoir les mêmes lois, de participer au
même culte et à d'autres cérémonies analogues,
favorise la concorde ; mais il est alors difficile
d'accepter d'autres lois et d'autres formes de
gouvernement que celles de son pays. Parfois
aussi ceux qui ont été victimes d'une sédition
provoquée par la méchanceté des lois et qui, par
habitude, veulent conserver les mêmes moeurs
qui les ont perdues se laissent difficilement
persuader par le fondateur et le législateur de la
colonie et rendent leur tâche difficile. Par contre,
des gens ramassés ensemble de tous les pays
sont sans doute plus disposés à se soumettre à
certaines lois nouvelles, mais les faire accorder
ensemble comme un attelage de chevaux, de
manière que, comme dit le proverbe, ils aspirent
chacun au même but, c'est une oeuvre de longue
haleine, pleine de difficultés. Cependant la
législation et la fondation des cités sont encore ce
qu'il y a de plus efficace pour rendre les hommes vertueux.
(CLINIAS) C'est vraisemblable ; mais qu'as-tu en
vue en disant cela ? explique-le plus clairement encore.
(L'ATHÉNIEN) J'ai peur, mon bon ami, qu'en
revenant sur la question du législateur, je n'aie
quelque chose de peu avantageux à en dire ; mais
si j'en parle à propos, je ne vois plus de difficulté à
le faire. Au reste, pourquoi m'en mettrais-je en
peine ? presque toutes les choses humaines sont dans ce cas.
(CLINIAS) Quel cas ?
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