[4,720] ἐπ' (720a) ἄλλον τρέπηται νόμον,
παραμυθίας δὲ καὶ πειθοῦς τοῖς νομοθετουμένοις μηδὲ ἓν προσδιδῷ;
καθάπερ ἰατρὸς δέ τις, ὁ μὲν οὕτως, ὁ δ' ἐκείνως ἡμᾶς εἴωθεν ἑκάστοτε
θεραπεύειν-- ἀναμιμνῃσκώμεθα δὲ τὸν τρόπον ἑκάτερον, ἵνα τοῦ
νομοθέτου δεώμεθα, καθάπερ ἰατροῦ δέοιντο ἂν παῖδες τὸν πρᾳότατον
αὐτὸν θεραπεύειν τρόπον ἑαυτούς. οἷον δὴ τί λέγομεν; εἰσὶν πού τινες
ἰατροί, φαμέν, καί τινες ὑπηρέται τῶν ἰατρῶν, ἰατροὺς δὲ καλοῦμεν δήπου
καὶ τούτους.
(720b) (Κλεινίας) πάνυ μὲν οὖν.
(Ἀθηναῖος)
ἐάντε γε ἐλεύθεροι ὦσιν ἐάντε δοῦλοι, κατ' ἐπίταξιν δὲ τῶν δεσποτῶν καὶ
θεωρίαν καὶ κατ' ἐμπειρίαν τὴν τέχνην κτῶνται, κατὰ φύσιν δὲ μή,
καθάπερ οἱ ἐλεύθεροι αὐτοί τε μεμαθήκασιν οὕτω τούς τε αὑτῶν
διδάσκουσι παῖδας. θείης ἂν ταῦτα δύο γένη τῶν καλουμένων ἰατρῶν;
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(Ἀθηναῖος)
ἆρ' οὖν καὶ συννοεῖς ὅτι, δούλων καὶ ἐλευθέρων (720c) ὄντων τῶν
καμνόντων ἐν ταῖς πόλεσι, τοὺς μὲν δούλους σχεδόν τι οἱ δοῦλοι τὰ πολλὰ
ἰατρεύουσιν περιτρέχοντες καὶ ἐν τοῖς ἰατρείοις περιμένοντες, καὶ οὔτε
τινὰ λόγον ἑκάστου πέρι νοσήματος ἑκάστου τῶν οἰκετῶν οὐδεὶς τῶν
τοιούτων ἰατρῶν δίδωσιν οὐδ' ἀποδέχεται, προστάξας δ' αὐτῷ τὰ δόξαντα
ἐξ ἐμπειρίας, ὡς ἀκριβῶς εἰδώς, καθάπερ τύραννος αὐθαδῶς, οἴχεται
ἀποπηδήσας πρὸς ἄλλον κάμνοντα οἰκέτην, καὶ ῥᾳστώνην οὕτω τῷ
δεσπότῃ παρασκευάζει τῶν καμνόντων (720d) τῆς ἐπιμελείας· ὁ δὲ
ἐλεύθερος ὡς ἐπὶ τὸ πλεῖστον τὰ τῶν ἐλευθέρων νοσήματα θεραπεύει τε
καὶ ἐπισκοπεῖ, καὶ ταῦτα ἐξετάζων ἀπ' ἀρχῆς καὶ κατὰ φύσιν, τῷ
κάμνοντι κοινούμενος αὐτῷ τε καὶ τοῖς φίλοις, ἅμα μὲν αὐτὸς μανθάνει τι
παρὰ τῶν νοσούντων, ἅμα δὲ καὶ καθ' ὅσον οἷός τέ ἐστιν, διδάσκει τὸν
ἀσθενοῦντα αὐτόν, καὶ οὐ πρότερον ἐπέταξεν πρὶν ἄν πῃ συμπείσῃ, τότε
δὲ μετὰ πειθοῦς ἡμερούμενον ἀεὶ (720e) παρασκευάζων τὸν κάμνοντα, εἰς
τὴν ὑγίειαν ἄγων, ἀποτελεῖν πειρᾶται; πότερον οὕτως ἢ ἐκείνως ἰατρός τε
ἰώμενος ἀμείνων καὶ γυμναστὴς γυμνάζων· διχῇ τὴν μίαν ἀποτελῶν
δύναμιν, ἢ μοναχῇ καὶ κατὰ τὸ χεῖρον τοῖν δυοῖν καὶ ἀγριώτερον
ἀπεργαζόμενος;
(Κλεινίας) πολύ που διαφέρον, ὦ ξένε, τὸ διπλῇ.
(Ἀθηναῖος)
βούλει δὴ καὶ θεασώμεθα τὸ διπλοῦν τοῦτο καὶ ἁπλοῦν ἐν ταῖς
νομοθεσίαις αὐταῖς γιγνόμενον;
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὐ βούλομαι;
(Ἀθηναῖος)
φέρε δὴ πρὸς θεῶν, τίν' ἄρα πρῶτον νόμον θεῖτ' ἂν ὁ νομοθέτης;
| [4,720] et passera-t-il à une autre loi, après avoir menacé
d'une peine les contrevenants, sans ajouter un seul mot pour
encourager et persuader ceux pour lesquels il
légifère, et, comme les médecins traitent les
maladies, celui-ci d'une façon, celui-là d'une
autre... Mais rappelons-nous d'abord l'une et
l'autre manière de traiter les malades ; puis nous
ferons au législateur la même prière que des
enfants feraient à un médecin pour qu'il leur
applique les remèdes les plus doux. Voici ce que
je veux dire. Nous voyons, n'est-ce pas ? qu'à
côté des médecins il y a des serviteurs des
médecins que nous appelons médecins, eux aussi ?
(CLINIAS) Assurément ?
(L'ATHÉNIEN) Mais qu'ils soient libres ou esclaves,
c'est d'après les ordonnances de leurs maîtres, en
les regardant faire et en expérimentant les
remèdes, que ces derniers apprennent leur métier,
au lieu que les vrais médecins ont appris leur art
grâce à un don naturel et qu'ils l'enseignent de
même à leurs enfants. Reconnais-tu ces deux
espèces de médecins ?
(CLINIAS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN) Les malades dans les villes sont
libres ou esclaves. Or, ne remarques-tu pas que
les esclaves se font généralement soigner par des
esclaves, qui vont courant par la ville ou qui
reçoivent les malades dans les salles d'attente de
leurs maîtres ? Quelle que soit la maladie de leurs
clients, ces sortes de médecins ne donnent ni
n'acceptent aucune explication, et, après leur avoir
prescrit, en vrais tyrans, avec toute la suffisance
d'un habile homme, ce que la routine leur suggère,
ils les quittent brusquement pour aller voir un autre
esclave malade, facilitant ainsi la tâche de leurs
maîtres dans les soins qu'ils donnent à leurs
malades. Au contraire, le médecin de condition
libre ne soigne guère que des hommes libres, il
surveille leurs maladies, remonte à leur origine, en
suit le progrès naturel, fait part de ses
observations au malade lui-même et à ses amis,
et, aussitôt qu'il remarque quelque chose, il en
instruit comme il le peut son malade et ne lui
délivre aucune ordonnance avant de l'avoir
persuadé ; et alors adoucissant toujours son
malade par la persuasion, il tâche ainsi de le
ramener définitivement à la santé. Laquelle de ces
deux méthodes, cette dernière ou l'autre, est la
meilleure, soit qu'elle soit appliquée par un
médecin ou par un maître de gymnase ? Quel est
le meilleur, de celui qui emploie deux moyens pour
arriver à son but, ou de celui qui ne recourt qu'à
un seul, et encore au moins bon et au plus rude ?
(CLINIAS) Celui qui emploie deux moyens,
l'emporte de beaucoup, étranger.
(L'ATHÉNIEN) Veux-tu que nous examinions ces
deux méthodes, la double et la simple, en les
appliquant à la législation ?
(CLINIAS) Sans doute, je le veux.
(L'ATHÉNIEN) Dis-moi donc, au nom des dieux,
quelle est la première loi que portera le législateur ?
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