[3,684] ὥστε οὐ περὶ κενόν τι ζητήσομεν (684a) τὸν αὐτὸν λόγον,
ἀλλὰ περὶ γεγονός τε καὶ ἔχον ἀλήθειαν. γέγονεν δὴ τάδε·
βασιλεῖαι τρεῖς βασιλευομέναις πόλεσιν τριτταῖς ὤμοσαν ἀλλήλαις ἑκάτεραι,
κατὰ νόμους οὓς ἔθεντο τοῦ τε ἄρχειν καὶ ἄρχεσθαι κοινούς, οἱ μὲν μὴ
βιαιοτέραν τὴν ἀρχὴν ποιήσεσθαι προϊόντος τοῦ χρόνου καὶ γένους, οἱ δέ, ταῦτα
ἐμπεδούντων τῶν ἀρχόντων, μήτε αὐτοὶ τὰς βασιλείας ποτὲ καταλύσειν μήτ'
ἐπιτρέψειν ἐπιχειροῦσιν (684b) ἑτέροις, βοηθήσειν δὲ βασιλῆς τε βασιλεῦσιν
ἀδικουμένοις καὶ δήμοις, καὶ δῆμοι δήμοις καὶ βασιλεῦσιν ἀδικουμένοις. Ἆρ' οὐχ
οὕτως; (Μέγιλλος) Οὕτω μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) Οὐκοῦν τό γε μέγιστον ταῖς
καταστάσεσιν τῶν πολιτειῶν ὑπῆρχεν ταῖς ἐν ταῖς τρισὶ πόλεσι
νομοθετουμέναις, εἴτε οἱ βασιλῆς ἐνομοθέτουν εἴτ' ἄλλοι τινές; (Μέγιλλος) Ποῖον;
(Ἀθηναῖος) Τὸ βοηθούς γε εἶναι τὰς δύο ἐπὶ τὴν μίαν ἀεὶ πόλιν, τὴν τοῖς τεθεῖσιν
νόμοις ἀπειθοῦσαν. (Μέγιλλος) Δῆλον. (684c) (Ἀθηναῖος) Καὶ μὴν τοῦτό γε οἱ
πολλοὶ προστάττουσιν τοῖς νομοθέταις, ὅπως τοιούτους θήσουσιν τοὺς νόμους
οὓς ἑκόντες οἱ δῆμοι καὶ τὰ πλήθη δέξονται, καθάπερ ἂν εἴ τις γυμνασταῖς ἢ
ἰατροῖς προστάττοι μεθ' ἡδονῆς θεραπεύειν τε καὶ ἰᾶσθαι τὰ θεραπευόμενα
σώματα. (Μέγιλλος) Παντάπασι μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) Τὸ δέ γ' ἐστὶν ἀγαπητὸν
πολλάκις εἰ καί τις μετὰ λύπης μὴ μεγάλης δύναιτο εὐεκτικά τε καὶ ὑγιῆ σώματα
ἀπεργάζεσθαι. (Μέγιλλος) τί μήν; (684d) (Ἀθηναῖος) Καὶ τόδε γε ἔτι τοῖς τότε
ὑπῆρχεν οὐ σμικρὸν εἰς ῥᾳστώνην τῆς θέσεως τῶν νόμων. (Μέγιλλος) Τὸ ποῖον;
Chap. VI.
(Ἀθηναῖος) Οὐκ ἦν τοῖς νομοθέταις ἡ μεγίστη τῶν μέμψεων, ἰσότητα αὐτοῖς τινα
κατασκευάζουσιν τῆς οὐσίας, ἥπερ ἐν ἄλλαις νομοθετουμέναις πόλεσι πολλαῖς
γίγνεται, ἐάν τις ζητῇ γῆς τε κτῆσιν κινεῖν καὶ χρεῶν διάλυσιν, ὁρῶν ὡς οὐκ ἂν
δύναιτο ἄνευ τούτων γενέσθαι ποτὲ τὸ ἴσον ἱκανῶς· ὡς ἐπιχειροῦντι δὴ νομοθέτῃ
κινεῖν τῶν τοιούτων τι πᾶς ἀπαντᾷ (684e) λέγων μὴ κινεῖν τὰ ἀκίνητα, καὶ
ἐπαρᾶται γῆς τε ἀναδασμοὺς εἰσηγούμενον καὶ χρεῶν ἀποκοπάς, ὥστ' εἰς
ἀπορίαν καθίστασθαι πάντ' ἄνδρα. Τοῖς δὲ δὴ Δωριεῦσι καὶ τοῦθ' οὕτως ὑπῆρχεν
καλῶς καὶ ἀνεμεσήτως, γῆν τε ἀναμφισβητήτως διανέμεσθαι, καὶ χρέα μεγάλα
καὶ παλαιὰ οὐκ ἦν. (Μέγιλλος) Ἀληθῆ. (Ἀθηναῖος) Πῇ δή ποτε οὖν, ὦ ἄριστοι,
κακῶς οὕτως αὐτοῖς ἐχώρησεν ἡ κατοίκισίς τε καὶ νομοθεσία;
| [3,684] Ainsi nos recherches ne porteront pas sur de vaines conjectures, mais sur
des événements réels et certains. Or voici ce qui est arrivé. Les trois rois et les trois
villes soumises à l'autorité royale se jurèrent réciproquement, suivant les lois qu'ils
avaient établies en commun pour régler l'autorité d'une part et la dépendance de
l'autre, les premiers de ne point aggraver le joug du commandement dans
l'avenir, quand leur famille viendrait à s'agrandir; les seconds, de ne jamais
détruire eux-mêmes la royauté et d'empêcher les autres de la détruire, tant que
les rois garderaient fidèlement leurs serments. De plus, les rois devaient se
porter au secours des rois et des peuples, au cas d'une injuste agression, et
les peuples au secours des peuples et des rois qui seraient attaqués
injustement. N'est-ce point ainsi que cela fut réglé ?
(MÉGILLOS) C'est ainsi assurément.
(L'ATHÉNIEN)
Et le plus grand avantage qu'on puisse retirer de l'établissement d'une
constitution politique ne se rencontrait-il pas dans la législation de ces trois
villes, quel qu'en fût l'auteur, les rois ou d'autres ?
(MÉGILLOS) Quel avantage ?
(L'ATHÉNIEN)
C'est d'avoir deux Etats toujours prêts à contraindre le troisième, au cas où il
refuserait d'obéir aux lois établies.
(MÉGILLOS) Cela est évident.
(L'ATHÉNIEN)
Cependant on recommande d'ordinaire aux législateurs de faire des lois telles
que les peuples et les foules les acceptent volontiers. C'est comme si l'on
recommandait aux maîtres de gymnase ou aux médecins de dresser le corps et de
guérir les maladies par des voies agréables.
(MÉGILLOS) Exactement.
(L'ATHÉNIEN)
Au contraire, nous sommes souvent bien contents qu'on nous maintienne en bon
état et en santé, en ne nous imposant que de légères souffrances.
(MÉGILLOS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN)
Voici encore une chose importante qui facilita pour les hommes de ce temps-là
l'établissement de la législation.
(MÉGILLOS) Quelle chose ?
Chap.VI. (L'ATHÉNIEN)
Les législateurs n'eurent pas à craindre, en établissant l'égalité des biens, le
plus grand reproche qu'on leur fait dans beaucoup d'autres cités où ils donnent
des lois, lorsqu'ils veulent toucher aux propriétés territoriales et liquider
les dettes, persuadés qu'ils ne sauraient sans cela établir l'égalité d'une
manière suffisante. Car dès qu'un législateur se met à faire quelque innovation
de cette nature, tout le monde s'y oppose ou lui crie de ne pas remuer ce qui
doit rester immuable, et on le maudit, s'il introduit un nouveau partage des
terres et la remise des créances, en sorte que, si habile qu'il puisse être, il
ne sait plus de quel côté se tourner. Mais chez les Doriens, cela se fit
aisément et sans récrimination ; le partage ne souleva aucune contestation et
d'ailleurs les créances n'étaient ni considérables ni anciennes.
(MÉGILLOS) C'est vrai.
(L'ATHÉNIEN)
Comment se fait-il donc, mes excellents amis, que leur établissement et leur
législation aient si mal tourné ?
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