[3,680] ἵνα νοήσωμεν τοῖς τότε (680a) νόμων τίς ποτ' ἦν χρεία καὶ τίς ἦν νομοθέτης
αὐτοῖς. (Κλεινίας) Καὶ καλῶς γε εἴρηκας. (Ἀθηναῖος) Ἆρ' οὖν
ἐκεῖνοι μὲν οὔτ' ἐδέοντο νομοθετῶν οὔτε πω ἐφίλει κατὰ τούτους τοὺς χρόνους
γίγνεσθαι τὸ τοιοῦτον; Οὐδὲ γὰρ γράμματα ἔστι πω τοῖς ἐν τούτῳ τῷ μέρει τῆς
περιόδου γεγονόσιν, ἀλλ' ἔθεσι καὶ τοῖς λεγομένοις πατρίοις νόμοις ἑπόμενοι
ζῶσιν. (Κλεινίας) Εἰκὸς γοῦν. (Ἀθηναῖος) Πολιτείας δέ γε ἤδη καὶ τρόπος ἐστίν τις
οὗτος. (Κλεινίας) Τίς; (680b) (Ἀθηναῖος) Δοκοῦσί μοι πάντες τὴν ἐν τούτῳ τῷ χρόνῳ
πολιτείαν δυναστείαν καλεῖν, ἣ καὶ νῦν ἔτι πολλαχοῦ καὶ ἐν Ἕλλησι καὶ κατὰ
βαρβάρους ἐστίν· λέγει δ' αὐτήν που καὶ Ὅμηρος γεγονέναι περὶ τὴν τῶν
Κυκλώπων οἴκησιν, εἰπὼν - τοῖσιν δ' οὔτ' ἀγοραὶ βουληφόροι οὔτε θέμιστες,ἀλλ'
οἵ γ' ὑψηλῶν ὀρέων ναίουσι κάρηνα ἐν σπέσσι γλαφυροῖσι, θεμιστεύει δὲ
ἕκαστος (680c) παίδων ἠδ' ἀλόχων, οὐδ' ἀλλήλων ἀλέγουσιν . (Κλεινίας) Ἔοικέν γε
ὁ ποιητὴς ὑμῖν οὗτος γεγονέναι χαρίεις. Καὶ γὰρ δὴ καὶ ἄλλα αὐτοῦ
διεληλύθαμεν μάλ' ἀστεῖα, οὐ μὴν πολλά γε· οὐ γὰρ σφόδρα χρώμεθα οἱ Κρῆτες
τοῖς ξενικοῖς ποιήμασιν. (Μέγιλλος) Ἡμεῖς δ' αὖ χρώμεθα μέν, καὶ ἔοικέν γε
κρατεῖν τῶν τοιούτων ποιητῶν, οὐ μέντοι Λακωνικόν γε ἀλλά τινα (680d) μᾶλλον
Ἰωνικὸν βίον διεξέρχεται ἑκάστοτε. νῦν μὴν εὖ τῷ σῷ λόγῳ ἔοικε μαρτυρεῖν, τὸ
ἀρχαῖον αὐτῶν ἐπὶ τὴν ἀγριότητα διὰ μυθολογίας ἐπανενεγκών. (Ἀθηναῖος) Ναί·
συμμαρτυρεῖ γάρ, καὶ λάβωμέν γε αὐτὸν μηνυτὴν ὅτι τοιαῦται πολιτεῖαι
γίγνονταί ποτε. (Κλεινίας) Καλῶς. (Ἀθηναῖος) Μῶν οὖν οὐκ ἐκ τούτων τῶν κατὰ
μίαν οἴκησιν καὶ κατὰ γένος διεσπαρμένων ὑπὸ ἀπορίας τῆς ἐν ταῖς φθοραῖς,
(680e) ἐν αἷς τὸ πρεσβύτατον ἄρχει διὰ τὸ τὴν ἀρχὴν αὐτοῖς ἐκ πατρὸς καὶ μητρὸς
γεγονέναι, οἷς ἑπόμενοι καθάπερ ὄρνιθες ἀγέλην μίαν ποιήσουσι,
πατρονομούμενοι καὶ βασιλείαν πασῶν δικαιοτάτην βασιλευόμενοι; (Κλεινίας)
Πάνυ μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) Μετὰ δὲ ταῦτά γε εἰς τὸ κοινὸν μείζους ποιοῦντες
πόλεις πλείους συνέρχονται,
| [3,680] en vue de connaître comment les lois devinrent nécessaires aux hommes
de ce temps-là, et quel fut leur législateur.
(CLINIAS) Bien.
(L'ATHÉNIEN)
N'est-il pas vrai que ces hommes n'avaient pas besoin de législateurs et qu'on
ne faisait guère de lois en ces temps-là ? car l'écriture était encore inconnue
de ceux qui vivaient à cette époque, et la coutume et ce qu'on appelle les lois
des ancêtres étaient les seules règles de conduite.
(CLINIAS) C'est en tout cas vraisemblable.
(L'ATHÉNIEN)
Quant au gouvernement d'alors, voici quelle en fut la forme.
(CLINIAS) Quelle fut-elle ?
(L'ATHÉNIEN)
On donne partout, je crois, le nom de patriarcat à cette forme de gouvernement
qui subsite encore aujourd'hui en maint endroit chez les Grecs et chez les
barbares. Homère lui-même rapporte qu'elle existait au séjour des Cyclopes :
"Chez eux, dit-il, il n'y avait ni assemblées délibérantes, ni lois. Ils
habitent les cimes de hautes montagnes dans des cavernes creusées ; chacun est
juge de ses enfants et de sa femme, et ils ne s'inquiètent pas les uns des autres."
(CLINIAS)
On peut dire que vous avez en lui un poète génial. Nous avons parcouru de lui
d'autres passages très plaisants, mais en petit nombre, car nous autres,
Crétois, nous ne faisons guère usage de poésies étrangères.
(MÉGILLOS)
Nous, au contraire, nous le pratiquons, et il nous paraît supérieur aux
poètes du même genre, bien qu'il ne décrive pas les moeurs laconiennes, mais
plutôt les moeurs ioniennes dans tous ses poèmes. Il semble bien a ici témoigner
en faveur de ton assertion, en faisant remonter, au moyen d'une fable,
l'antiquité des cyclopes jusqu'à l'état sauvage.
(L'ATHÉNIEN)
Oui, il témoigne en ma faveur. Prenons donc son témoignage comme une preuve
qu'il existe parfois des gouvernements de cette nature.
(CLINIAS) Fort bien.
(L'ATHÉNIEN)
Les gouvernements ne se forment-ils pas de ces gens dispersés en maisons et en
familles isolées par la détresse de ces cataclysmes, où le plus ancien gouverne,
parce qu'il a hérité l'autorité de son père et de sa mère, et où les autres,
rassemblés en un seul troupeau comme des poussins, le suivent, et vivent sous
les lois du père et la plus juste de toutes les royautés ?
(CLINIAS) Assurément.
(L'ATHÉNIEN)
Dans la suite, ils se rassemblent en plus grand nombre pour former en commun des
États plus grands ;
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