[3,679] (679a) Νομῆς γὰρ οὐκ ἦν σπάνις, εἰ μή τισιν κατ' ἀρχὰς ἴσως, ᾗ δὴ τὸ πλεῖστον
διέζων ἐν τῷ τότε χρόνῳ· γάλακτος γὰρ καὶ κρεῶν οὐδαμῶς ἐνδεεῖς ἦσαν, ἔτι δὲ
θηρεύοντες οὐ φαύλην οὐδ' ὀλίγην τροφὴν παρείχοντο. Καὶ μὴν ἀμπεχόνης γε καὶ
στρωμνῆς καὶ οἰκήσεων καὶ σκευῶν ἐμπύρων τε καὶ ἀπύρων ηὐπόρουν· αἱ πλαστικαὶ
γὰρ καὶ ὅσαι πλεκτικαὶ τῶν τεχνῶν οὐδὲ ἓν προσδέονται σιδήρου, ταῦτα δὲ (679b)
πάντα τούτω τὼ τέχνα θεὸς ἔδωκε πορίζειν τοῖς ἀνθρώποις, ἵν' ὁπότε εἰς τὴν
τοιαύτην ἀπορίαν ἔλθοιεν, ἔχοι βλάστην καὶ ἐπίδοσιν τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος.
Πένητες μὲν δὴ διὰ τὸ τοιοῦτον σφόδρα οὐκ ἦσαν, οὐδ' ὑπὸ πενίας
ἀναγκαζόμενοι διάφοροι ἑαυτοῖς ἐγίγνοντο· πλούσιοι δ' οὐκ ἄν ποτε ἐγένοντο
ἄχρυσοί τε καὶ ἀνάργυροι ὄντες, ὃ τότε ἐν ἐκείνοις παρῆν. ᾟ δ' ἄν ποτε συνοικίᾳ
μήτε πλοῦτος συνοικῇ μήτε πενία, σχεδὸν ἐν ταύτῃ γενναιότατα ἤθη γίγνοιτ' ἄν·
οὔτε (679c) γὰρ ὕβρις οὔτ' ἀδικία, ζῆλοί τε αὖ καὶ φθόνοι οὐκ ἐγγίγνονται. Ἀγαθοὶ
μὲν δὴ διὰ ταῦτά τε ἦσαν καὶ διὰ τὴν λεγομένην εὐήθειαν· ἃ γὰρ ἤκουον καλὰ
καὶ αἰσχρά, εὐήθεις ὄντες ἡγοῦντο ἀληθέστατα λέγεσθαι καὶ ἐπείθοντο. Ψεῦδος
γὰρ ὑπονοεῖν οὐδεὶς ἠπίστατο διὰ σοφίαν, ὥσπερ τὰ νῦν, ἀλλὰ περὶ θεῶν τε καὶ
ἀνθρώπων τὰ λεγόμενα ἀληθῆ νομίζοντες ἔζων κατὰ ταῦτα· διόπερ ἦσαν
τοιοῦτοι παντάπασιν οἵους αὐτοὺς ἡμεῖς ἄρτι διεληλύθαμεν.
(679d) (Κλεινίας) Ἐμοὶ γοῦν δὴ καὶ τῷδε οὕτως ταῦτα συνδοκεῖ.
Chap. III. (Ἀθηναῖος) Οὐκοῦν εἴπωμεν ὅτι
γενεαὶ διαβιοῦσαι πολλαὶ τοῦτον τὸν τρόπον τῶν πρὸ κατακλυσμοῦ γεγονότων
καὶ τῶν νῦν ἀτεχνότεροι μὲν καὶ ἀμαθέστεροι πρός τε τὰς ἄλλας μέλλουσιν εἶναι
τέχνας καὶ πρὸς τὰς πολεμικάς, ὅσαι τε πεζαὶ καὶ ὅσαι κατὰ θάλατταν γίγνονται
τὰ νῦν, καὶ ὅσαι δὴ κατὰ πόλιν μόνον αὐτοῦ, δίκαι καὶ στάσεις λεγόμεναι, λόγοις
(679e) ἔργοις τε μεμηχανημέναι πάσας μηχανὰς εἰς τὸ κακουργεῖν τε ἀλλήλους
καὶ ἀδικεῖν, εὐηθέστεροι δὲ καὶ ἀνδρειότεροι καὶ ἅμα σωφρονέστεροι καὶ
σύμπαντα δικαιότεροι; τὸ δὲ τούτων αἴτιον ἤδη διεληλύθαμεν. (Κλεινίας) Ὀρθῶς
λέγεις. (Ἀθηναῖος) Λελέχθω δὴ ταῦτα ἡμῖν καὶ τὰ τούτοις συνεπόμενα ἔτι πάντα
εἰρήσθω τοῦδ' ἕνεκα,
| [3,679] Les pâturages ne manquaient pas, sauf peut-être au début pour quelques-uns,
et c'est de cela surtout qu'ils vivaient à cette époque ; car le lait et la
viande ne leur faisaient aucunement défaut ; et de plus la chasse leur
fournissait des vivres d'une qualité et d'un nombre appréciables. D'ailleurs
vêtements, couvertures, habitations, ustensiles qui s'emploient au feu ou sans
feu existaient en abondance ; en effet, les arts plastiques et tous ceux qui
relèvent du tissage se passent complètement de fer, et la divinité avait donné
aux hommes ces deux sortes de métiers pour leur procurer toutes ces ressources,
afin que, le jour où ils viendraient à manquer de métal, ceux de notre race
pussent naître et se développer. Dans cette situation, ils n'étaient pas
tellement pauvres, ni poussés par la pauvreté à entrer en contestation ; mais
ils ne seraient jamais devenus riches, étant dépourvus d'or et d'argent comme
ils l'étaient en ce temps-là. Or, quand une société ne connaît jamais ni la
richesse ni la pauvreté, c'est bien dans celle-là que pourraient apparaître les
plus généreux caractères: ni démesure ni injustice, ni non plus jalousies ou
rivalités n'y prennent naissance. Ils étaient donc bons, pour ces raisons et du
fait de leur prétendue simplicité : ce qu'ils entendaient dire de beau ou de
laid, ils estimaient, en gens simples, que c'était la vérité pure et ils y croyaient.
Nul n'aurait su, comme aujourd'hui, à force de sagesse, y flairer un mensonge;
mais, tenant pour vrai ce que l'on disait des dieux et des hommes, ils vivaient
en s'y conformant ; et voilà comment ils étaient absolument tels que
nous venons de les décrire.
(CLINIAS) Mégillos et moi, nous sommes la-dessus d'accord avec toi.
Chap. III. (L'ATHÉNIEN)
Ne pouvons-nous pas dire que, pendant plusieurs générations, les hommes qui
vivaient de cette manière ont dû être moins industrieux que ceux qui avaient
vécu avant le déluge et que ceux d'aujourd'hui, et qu'ils ont été plus ignorants
dans tous les arts et particulièrement dans l'art de la guerre, tel qu'il se
pratique à présent dans les combats de terre et de mer ; qu'ils connaissaient
moins les procès et ce qu'on appelle les factions, qui n'ont lieu que dans la
société civile, où l'on a imaginé des artifices de toute sorte pour se faire du
mal et se nuire les uns aux autres ; mais qu'ils étaient plus simples, plus
courageux et en même temps plus tempérants et plus justes en tout ? Nous en
avons déjà exposé les raisons.
(CLINIAS) Ce que tu dis là est vrai.
(L'ATHÉNIEN) Voilà ce que nous avions à dire à ce sujet ; ajoutons-y encore
tout ce qui s'y rattache,
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