[3,701] ὅθεν δὴ τὰ (701a) θέατρα ἐξ ἀφώνων φωνήεντ' ἐγένοντο, ὡς ἐπαΐοντα ἐν
μούσαις τό τε καλὸν καὶ μή, καὶ ἀντὶ ἀριστοκρατίας ἐν αὐτῇ θεατροκρατία τις πονηρὰ
γέγονεν. Εἰ γὰρ δὴ καὶ δημοκρατία ἐν αὐτῇ τις μόνον ἐγένετο ἐλευθέρων
ἀνδρῶν, οὐδὲν ἂν πάνυ γε δεινὸν ἦν τὸ γεγονός· νῦν δὲ ἦρξε μὲν ἡμῖν ἐκ
μουσικῆς ἡ πάντων εἰς πάντα σοφίας δόξα καὶ παρανομία, συνεφέσπετο δὲ
ἐλευθερία. ἄφοβοι γὰρ ἐγίγνοντο ὡς εἰδότες, ἡ δὲ ἄδεια ἀναισχυντίαν ἐνέτεκεν·
τὸ γὰρ τὴν τοῦ βελτίονος (701b) δόξαν μὴ φοβεῖσθαι διὰ θράσος, τοῦτ' αὐτό ἐστιν
σχεδὸν ἡ πονηρὰ ἀναισχυντία, διὰ δή τινος ἐλευθερίας λίαν ἀποτετολμημένης.
(Μέγιλλος) Ἀληθέστατα λέγεις.
Chap. XVI. (Ἀθηναῖος) Ἐφεξῆς δὴ ταύτῃ τῇ ἐλευθερίᾳ ἡ
τοῦ μὴ ἐθέλειν τοῖς ἄρχουσι δουλεύειν γίγνοιτ' ἄν, καὶ ἑπομένη ταύτῃ φεύγειν
πατρὸς καὶ μητρὸς καὶ πρεσβυτέρων δουλείαν καὶ νουθέτησιν, καὶ ἐγγὺς τοῦ
τέλους οὖσιν νόμων ζητεῖν μὴ ὑπηκόοις εἶναι, (701c) πρὸς αὐτῷ δὲ ἤδη τῷ τέλει
ὅρκων καὶ πίστεων καὶ τὸ παράπαν θεῶν μὴ φροντίζειν, τὴν λεγομένην παλαιὰν
Τιτανικὴν φύσιν ἐπιδεικνῦσι καὶ μιμουμένοις, ἐπὶ τὰ αὐτὰ πάλιν ἐκεῖνα
ἀφικομένους, χαλεπὸν αἰῶνα διάγοντας μὴ λῆξαί ποτε κακῶν. τίνος δὴ καὶ ταῦθ'
ἡμῖν αὖ χάριν ἐλέχθη; δεῖν φαίνεται ἔμοιγε οἷόνπερ ἵππον τὸν λόγον ἑκάστοτε
ἀναλαμβάνειν, καὶ μὴ καθάπερ ἀχάλινον κεκτημένον τὸ στόμα, βίᾳ ὑπὸ τοῦ
λόγου (701d) φερόμενον, κατὰ τὴν παροιμίαν ἀπό τινος ὄνου πεσεῖν, ἀλλ'
ἐπανερωτᾶν τὸ νυνδὴ λεχθέν, τὸ τίνος δὴ χάριν ἕνεκα ταῦτα ἐλέχθη; (Μέγιλλος)
Καλῶς. (Ἀθηναῖος) Ταῦτα τοίνυν εἴρηται ἐκείνων ἕνεκα. (Μέγιλλος) Τίνων;
(Ἀθηναῖος) Ἐλέξαμεν ὡς τὸν νομοθέτην δεῖ τριῶν στοχαζόμενον νομοθετεῖν,
ὅπως ἡ νομοθετουμένη πόλις ἐλευθέρα τε ἔσται καὶ φίλη ἑαυτῇ καὶ νοῦν ἕξει.
ταῦτ' ἦν· ἦ γάρ; (Μέγιλλος) Πάνυ μὲν οὖν. (701e) (Ἀθηναῖος) Τούτων ἕνεκα δὴ
πολιτείας τήν τε δεσποτικωτάτην προελόμενοι καὶ τὴν ἐλευθερικωτάτην,
ἐπισκοποῦμεν νυνὶ ποτέρα τούτων ὀρθῶς πολιτεύεται· λαβόντες δὲ αὐτῶν
ἑκατέρας μετριότητά τινα, τῶν μὲν τοῦ δεσπόζειν, τῶν δὲ τοῦ ἐλευθεριάσαι,
κατείδομεν ὅτι τότε διαφερόντως ἐν αὐταῖς ἐγένετο εὐπραγία, ἐπὶ δὲ τὸ ἄκρον
ἀγαγόντων ἑκατέρων, τῶν μὲν δουλείας, τῶν δὲ τοὐναντίου, οὐ συνήνεγκεν οὔτε
τοῖς οὔτε τοῖς.
| [3,701] En conséquence les théâtres, muets jusqu'alors, élevèrent la voix comme
s'ils étaient connaisseurs en beautés et en laideurs musicales, et l'aristocratie céda la
place dans la ville à une méchante théatrocratie.
Encore si la démocratie ne renfermait que des hommes libres,
le mal n'aurait pas été si terrible, mais le désordre passa de la
musique à tout le reste, chacun se croyant capable de juger de tout, et amena à
sa suite un esprit d'indépendance ; on jugea de tout sans crainte, comme si on
s'entendait à tout, et l'absence de crainte engendra l'impudence ; car pousser
l'audace jusqu'à ne pas craindre l'opinion d'un meilleur que soi, c'est ce
qu'on peut appeler une méchante impudence, et c'est l'effet d'une liberté excessive.
(MÉGILLOS) Ce que tu dis est parfaitement vrai.
Chap. XVI. (L'ATHÉNIEN)
A la suite de cette liberté, vient celle qui se refuse à obéir aux magistrats,
et après celle-ci, celle qui se soustrait aux commandements et aux remontrances
d'un père, d'une mère, des gens âgés ; puis, quand on est près d'atteindre le
terme de la liberté, on cherche à échapper aux lois, et, lorsqu'enfin on arrive
à ce terme, on ne respecte plus ni serments ni engagements, et on n'a plus pour
les dieux que du mépris. On imite et on étale l'antique audace des Titans de la
fable, et l'on en vient comme eux à mener une vie affreuse, qui n'est plus qu'un
enchaînement de maux. Mais, encore une fois, à quoi tend tout ce que nous avons
dit ? Il me semble qu'il faut tenir de temps en temps le discours en bride, de
peur qu'emporté par lui, comme un cheval sans mors qui a la bouche dure, on ne
tombe, comme on dit, d'un âne. Demandons-nous donc encore, comme je viens
de le dire, à quoi tend tout ce que nous avons dit.
(MÉGILLOS) Tu as raison.
(L'ATHÉNIEN) Voici donc quel est le but de cette discussion.
(MÉGILLOS) Quel est-il ?
(L'ATHÉNIEN)
Nous avons dit que le législateur doit viser à trois choses en instituant ses
lois, à savoir la liberté, la concorde et les lumières dans l'État auquel il
dicte ses lois. N'est-ce pas vrai ?
(MÉGILLOS) Si.
(L'ATHÉNIEN)
C'est en vue de ces trois choses que nous avons choisi deux gouvernements, le
plus despotique et le plus libre, et que nous venons d'examiner lequel des deux
a la vraie constitution ; et, les ayant pris tous deux dans une juste mesure
d'autorité pour le premier, et de liberté pour le second, nous avons vu qu'ils
avaient joui alors d'une prospérité extraordinaire, mais que, quand ils ont
poussé à l'extrême, l'un l'esclavage, l'autre le contraire, il n'en est arrivé
rien de bon ni à l'un ni à l'autre.
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