[3,698] Πρὸς δὲ (698a) τούτοις ἀμαθαίνειν ἀναγκάζονται, λέγοντες ἔργοις
ὅτι λῆρος πρὸς χρυσόν τε καὶ ἄργυρόν ἐστιν ἑκάστοτε τὰ λεγόμενα τίμια καὶ
καλὰ κατὰ πόλιν. (Μέγιλλος) Πάνυ μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) Τὰ μὲν δὴ περί γε Περσῶν,
ὡς οὐκ ὀρθῶς τὰ νῦν διοικεῖται διὰ τὴν σφόδρα δουλείαν τε καὶ δεσποτείαν,
τέλος ἐχέτω. (Μέγιλλος) Πάνυ μὲν οὖν.
Chap. XIV. (Ἀθηναῖος) Τὰ δὲ περὶ τὴν τῆς Ἀττικῆς
αὖ πολιτείας τὸ μετὰ τοῦτο ὡσαύτως ἡμᾶς διεξελθεῖν χρεών, ὡς ἡ παντελὴς
(698b) ἀπὸ πασῶν ἀρχῶν ἐλευθερία τῆς μέτρον ἐχούσης ἀρχῆς ὑφ' ἑτέρων οὐ
σμικρῷ χείρων· ἡμῖν γὰρ κατ' ἐκεῖνον τὸν χρόνον, ὅτε ἡ Περσῶν ἐπίθεσις τοῖς
Ἕλλησιν, ἴσως δὲ σχεδὸν ἅπασιν τοῖς τὴν Εὐρώπην οἰκοῦσιν, ἐγίγνετο, πολιτεία
τε ἦν παλαιὰ καὶ ἐκ τιμημάτων ἀρχαί τινες τεττάρων, καὶ δεσπότις ἐνῆν τις
αἰδώς, δι' ἣν δουλεύοντες τοῖς τότε νόμοις ζῆν ἠθέλομεν. Καὶ πρὸς τούτοις δὴ τὸ
μέγεθος τοῦ στόλου κατά τε γῆν καὶ κατὰ θάλατταν γενόμενον, φόβον ἄπορον
ἐμβαλόν, δουλείαν (698c) ἔτι μείζονα ἐποίησεν ἡμᾶς τοῖς τε ἄρχουσιν καὶ τοῖς
νόμοις δουλεῦσαι, καὶ διὰ πάντα ταῦθ' ἡμῖν συνέπεσε πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς σφόδρα
φιλία. σχεδὸν γὰρ δέκα ἔτεσιν πρὸ τῆς ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίας ἀφίκετο Δᾶτις
Περσικὸν στόλον ἄγων, πέμψαντος Δαρείου διαρρήδην ἐπί τε Ἀθηναίους καὶ
Ἐρετριᾶς, ἐξανδραποδισάμενον ἀγαγεῖν, θάνατον αὐτῷ προειπὼν μὴ πράξαντι
ταῦτα. Καὶ ὁ Δᾶτις τοὺς μὲν Ἐρετριᾶς ἔν τινι (698d) βραχεῖ χρόνῳ παντάπασιν
κατὰ κράτος τε εἷλεν μυριάσι συχναῖς, καί τινα λόγον εἰς τὴν ἡμετέραν πόλιν
ἀφῆκεν φοβερόν, ὡς οὐδεὶς Ἐρετριῶν αὐτὸν ἀποπεφευγὼς εἴη· συνάψαντες γὰρ
ἄρα τὰς χεῖρας σαγηνεύσαιεν πᾶσαν τὴν Ἐρετρικὴν οἱ στρατιῶται τοῦ Δάτιδος. ὁ
δὴ λόγος, εἴτ' ἀληθὴς εἴτε καὶ ὅπῃ ἀφίκετο, τούς τε ἄλλους Ἕλληνας καὶ δὴ καὶ
Ἀθηναίους ἐξέπληττεν, καὶ πρεσβευομένοις αὐτοῖς (698e) πανταχόσε βοηθεῖν
οὐδεὶς ἤθελεν πλήν γε Λακεδαιμονίων· οὗτοι δὲ ὑπό τε τοῦ πρὸς Μεσσήνην
ὄντος τότε πολέμου καὶ εἰ δή τι διεκώλυεν ἄλλο αὐτούς - οὐ γὰρ ἴσμεν λεγόμενον
- ὕστεροι δ' οὖν ἀφίκοντο τῆς ἐν Μαραθῶνι μάχης γενομένης μιᾷ ἡμέρᾳ. Μετὰ δὲ
τοῦτο παρασκευαί τε μεγάλαι λεγόμεναι καὶ ἀπειλαὶ ἐφοίτων μυρίαι παρὰ
βασιλέως. Προϊόντος δὲ τοῦ χρόνου, Δαρεῖος μὲν τεθνάναι ἐλέχθη,
| [3,698] Outre cela, ils sont forcés de pousser l'extravagance au point de proclamer
par leurs actes que tout ce qui passe pour précieux et honorable dans l'État n'est que
vain bavardage au prix de l'or et de l'argent.
(MÉGILLOS) C'est tout à fait vrai.
(L'ATHÉNIEN)
Pour ce qui regarde la Perse, nous venons de montrer que, si elle est
actuellement mal gouvernée, c'est l'excès de la servitude et du despotisme qui
en est la cause. Voilà une question tranchée.
(MÉGILLOS) Parfaitement.
Chap. XIV. (L'ATHÉNIEN)
Quant au gouvernement de l'Attique, il nous faut maintenant le soumettre à son
tour au même examen et prouver que la liberté intégrale, qui n'est soumise à
aucun pouvoir, est bien loin de valoir un gouvernement modéré soumis à d'autres
pouvoirs. Au temps où les Perses entreprirent de soumettre la Grèce et sans
doute aussi presque toutes les nations de l'Europe, nous avions un ancien
gouvernement et des magistratures établies suivant quatre estimations de cens,
et nous avions une pudeur qui régnait en maîtresse dans nos coeurs et qui nous
engageait à vivre sous le joug des lois de ce temps-là. En outre, l'appareil
formidable de l'expédition menée à la fois sur terre et sur mer, en jetant dans
les coeurs une terreur insurmontable, avait encore accru notre soumission aux
magistrats et aux lois. Toutes ces raisons contribuèrent à unir étroitement les
citoyens entre eux. En effet, environ dix ans avant la bataille navale de
Salamine, Datis arriva à la tête d'une armée perse, envoyé par Darius
expressément contre les Athéniens et les Erétriens avec ordre de les réduire en
esclavage et de les lui amener sous peine de mort, s'il ne le faisait pas. Avec
les myriades d'hommes qu'il avait, Datis eut bientôt fait de prendre de vive
force tous les Érétriens, et il fit répandre chez nous le bruit qu'aucun des
Érétriens ne lui avait échappé ; car ses soldats, s'étant donné la main l'un à
l'autre, avaient pris au filet toute l'Erétrie. Et cette nouvelle, qu'elle fût
vraie, ou quelle qu'en fût la source, glaça d'effroi tous les Grecs et
particulièrement les Athéniens. Ils envoyèrent partout des ambassadeurs ; mais
personne ne consentit à les secourir, sauf les Lacédémoniens, et encore ceux-ci,
empêchés par la guerre qu'ils avaient alors contre Messène ou par quelque autre
obstacle qu'ils alléguèrent et sur lequel nous ne savons rien de certain,
n'arrivèrent que le lendemain de la bataille qui s'était livrée à Marathon.
Après cela, les nouvelles affluèrent que le roi faisait de grands préparatifs et
proférait mille menaces contre les Grecs.
A quelque temps de là, on annonça que Darius était mort
|