[3,694] Ἀθηναῖοι δὲ καὶ Πέρσαι τὸ μὲν πάλαι οὕτω (694a) πως, τὸ νῦν δὲ ἧττον. Τὰ δ'
αἴτια διέλθωμεν· ἦ γάρ; (Κλεινίας) Πάντως, εἴ γέ που μέλλομεν ὃ προυθέμεθα
περαίνειν. (Ἀθηναῖος) Ἀκούωμεν δή. Πέρσαι γάρ, ὅτε μὲν τὸ μέτριον μᾶλλον
δουλείας τε καὶ ἐλευθερίας ἦγον ἐπὶ Κύρου, πρῶτον μὲν ἐλεύθεροι ἐγένοντο,
ἔπειτα δὲ ἄλλων πολλῶν δεσπόται. Ἐλευθερίας γὰρ ἄρχοντες μεταδιδόντες
ἀρχομένοις καὶ ἐπὶ τὸ ἴσον ἄγοντες, μᾶλλον φίλοι τε ἦσαν στρατιῶται
στρατηγοῖς (694b) καὶ προθύμους αὑτοὺς ἐν τοῖς κινδύνοις παρείχοντο· καὶ εἴ τις
αὖ φρόνιμος ἦν ἐν αὐτοῖς καὶ βουλεύειν δυνατός, οὐ φθονεροῦ τοῦ βασιλέως
ὄντος, διδόντος δὲ παρρησίαν καὶ τιμῶντος τοὺς εἴς τι δυναμένους συμβουλεύειν,
κοινὴν τὴν τοῦ φρονεῖν εἰς τὸ μέσον παρείχετο δύναμιν, καὶ πάντα δὴ τότε
ἐπέδωκεν αὐτοῖς δι' ἐλευθερίαν τε καὶ φιλίαν καὶ νοῦ κοινωνίαν. (Κλεινίας) Ἔοικέν
γέ πως τὰ λεγόμενα οὕτω γεγονέναι. (694c) (Ἀθηναῖος) Πῇ δὴ οὖν ποτε ἀπώλετο
ἐπὶ Καμβύσου καὶ πάλιν ἐπὶ Δαρείου σχεδὸν ἐσώθη; Βούλεσθε οἷον μαντείᾳ
διανοηθέντες χρώμεθα; (Κλεινίας) Φέρει γοῦν ἡμῖν σκέψιν τοῦτο ἐφ' ὅπερ
ὡρμήκαμεν. (Ἀθηναῖος) Μαντεύομαι δὴ νῦν περί γε Κύρου, τὰ μὲν ἄλλ' αὐτὸν
στρατηγόν τε ἀγαθὸν εἶναι καὶ φιλόπολιν, παιδείας δὲ ὀρθῆς οὐχ ἧφθαι τὸ
παράπαν, οἰκονομίᾳ τε οὐδὲν τὸν νοῦν προσεσχηκέναι. (Κλεινίας) Πῶς δὴ τὸ
τοιοῦτον φῶμεν; (694d) (Ἀθηναῖος) Ἔοικεν ἐκ νέου στρατεύεσθαι διὰ βίου, ταῖς
γυναιξὶν παραδοὺς τοὺς παῖδας τρέφειν. Αἱ δὲ ὡς εὐδαίμονας αὐτοὺς ἐκ τῶν
παίδων εὐθὺς καὶ μακαρίους ἤδη γεγονότας καὶ ἐπιδεεῖς ὄντας τούτων οὐδενὸς
ἔτρεφον· κωλύουσαι δὲ ὡς οὖσιν ἱκανῶς εὐδαίμοσιν μήτε αὐτοῖς ἐναντιοῦσθαι
μηδένα εἰς μηδέν, ἐπαινεῖν τε ἀναγκάζουσαι πάντας τὸ λεγόμενον ἢ
πραττόμενον ὑπ' αὐτῶν, ἔθρεψαν τοιούτους τινάς. (Κλεινίας) Καλήν, ὡς ἔοικας,
τροφὴν εἴρηκας. (694e) (Ἀθηναῖος) Γυναικείαν μὲν οὖν βασιλίδων γυναικῶν
νεωστὶ γεγονυιῶν πλουσίων, καὶ ἐν ἀνδρῶν ἐρημίᾳ, διὰ τὸ μὴ σχολάζειν ὑπὸ
πολέμων καὶ πολλῶν κινδύνων, τοὺς παῖδας τρεφουσῶν. (Κλεινίας) Ἒχει γὰρ
λόγον. (Ἀθηναῖος) Ὁ δὲ πατήρ γε αὐτοῖς αὖ ποίμνια μὲν καὶ πρόβατα καὶ ἀγέλας
ἀνδρῶν τε καὶ ἄλλων πολλῶν πολλὰς ἐκτᾶτο,
| [3,694] et les Athéniens et les Perses, après l'avoir observée à peu près de même,
y sont aujourd'hui moins fidèles. En rechercherons-nous les causes ? Le voulez-vous ?
(CLINIAS)
Parfaitement, si nous voulons venir à bout de ce que nous nous sommes proposé.
(L'ATHÉNIEN)
Écoutez donc. Lorsque les Perses, sous Cyrus, s'engagèrent dans la voie
intermédiaire entre la servitude et la liberté, ils y gagnèrent d'abord d'être
libres, ensuite de se rendre maîtres d'un grand nombre de nations. Les chefs, en
appelant les sujets au partage de la liberté et en leur accordant des droits qui
les rapprochaient d'eux, se firent aimer de leurs soldats, qui montrèrent plus
de zèle à braver les dangers. Et s'il y avait parmi eux un homme prudent et
capable de donner un avis, le roi, loin d'en être jaloux, lui donnait la liberté
de parler franchement et honorait tous ceux qui pouvaient le conseiller. Il
permettait ainsi aux sages de mettre en commun leur sagesse, et c'est ainsi que tout
prospéra chez eux, grâce à la liberté, à la concorde et à l'intelligence mise en commun.
(CLINIAS)
Il semble bien que les choses se soient passées comme tu le dis.
(L'ATHÉNIEN)
Comment donc leurs affaires se ruinèrent-elles sous Cambyse et se
rétablirent-elles à peu prés sous Darius ? Voulez-vous que nous y réfléchissions
en nous aidant d'une sorte de divination ?
(CLINIAS)
Oui, elle nous aidera à examiner la question qui nous préoccupe.
(L'ATHÉNIEN)
Au sujet de Cyrus, qui fut d'ailleurs un excellent général et un ami de sa
patrie, je conjecture qu'il ne toucha pas du tout à la véritable éducation et
qu'il négligea entièrement l'administration de sa maison.
(CLINIAS) Sur quoi fondes-tu une pareille assertion ?
(L'ATHÉNIEN)
Il me semble qu'occupé dès sa jeunesse jusqu'à la fin de sa vie à faire la
guerre, il s'en remit aux femmes du soin d'élever ses enfants, et que celles-ci
les nourrirent comme s'ils étaient des êtres heureux dès le berceau, déjà en
possession d'un bonheur céleste et n'ayant besoin d'aucune culture. Sous
prétexte qu'ils étaient parfaitement heureux, elles s'opposaient à ce qu'on les
contrariât en rien et forçaient tout le monde à louer tout ce qu'ils disaient ou
faisaient. Et c'est par cette éducation qu'elles en firent ce qu'ils furent.
(CLINIAS) Voilà sans doute une belle éducation.
(L'ATHÉNIEN)
C'était une éducation féminine donnée par des princesses devenues riches depuis
peu et en l'absence des hommes occupés par la guerre et des périls multiples.
(CLINIAS) Cela est en effet naturel.
(L'ATHÉNIEN)
Leur père acquérait pour eux des troupeaux, des bestiaux, des masses d'hommes et
mille autres choses ;
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