[3,687] (687a) (Μέγιλλος)
Οὐκοῦν ὀρθὸν καὶ τοῦτο; Ἢ πῶς λέγεις; (Ἀθηναῖος) Σκόπει δὴ ποῖ βλέπων ὁ τὸν
ἔπαινον τοῦτον περὶ ἑκάστου τιθέμενος ὀρθῶς λέγει· πρῶτον δὲ περὶ αὐτοῦ τοῦ
νῦν λεγομένου, πῶς, εἰ κατὰ τρόπον ἠπιστήθησαν τάξαι τὸ στρατόπεδον οἱ τότε
διακοσμοῦντες, τοῦ καιροῦ πως ἂν ἔτυχον; Ἆρ' οὐκ εἰ συνέστησάν τε ἀσφαλῶς
αὐτὸ διέσῳζόν τε εἰς τὸν ἀεὶ χρόνον, ὥστε αὐτούς τε ἐλευθέρους εἶναι καὶ ἄλλων
ἄρχοντας ὧν βουληθεῖεν, καὶ ὅλως ἐν ἀνθρώποις πᾶσι (687b) καὶ Ἕλλησι καὶ
βαρβάροις πράττειν ὅτι ἐπιθυμοῖεν αὐτοί τε καὶ οἱ ἔκγονοι; μῶν οὐ τούτων χάριν
ἐπαινοῖεν ἄν; (Μέγιλλος) Πάνυ μὲν οὖν. (Ἀθηναῖος) Ἆρ' οὖν καὶ ὃς ἂν ἰδὼν πλοῦτον
μέγαν ἢ τιμὰς διαφερούσας γένους, ἢ καὶ ὁτιοῦν τῶν τοιούτων, εἴπῃ ταὐτὰ
ταῦτα, πρὸς τοῦτο βλέπων εἶπεν, ὡς διὰ τοῦτο αὐτῷ γενησόμενα ὧν ἂν ἐπιθυμῇ
πάντα ἢ τὰ πλεῖστα καὶ ὅσα ἀξιώτατα λόγου; (Μέγιλλος) Ἔοικε γοῦν. (687c)
(Ἀθηναῖος) Φέρε δή, πάντων ἀνθρώπων ἐστὶ κοινὸν ἐπιθύμημα ἕν τι τὸ νῦν ὑπὸ
τοῦ λόγου δηλούμενον, ὡς αὐτός φησιν ὁ λόγος; (Μέγιλλος) Τὸ ποῖον; (Ἀθηναῖος)
Τὸ κατὰ τὴν τῆς αὑτοῦ ψυχῆς ἐπίταξιν τὰ γιγνόμενα γίγνεσθαι, μάλιστα μὲν
ἅπαντα, εἰ δὲ μή, τά γε ἀνθρώπινα. (Μέγιλλος) Tί μήν; (Ἀθηναῖος) Οὐκοῦν ἐπείπερ
βουλόμεθα πάντες τὸ τοιοῦτον ἀεί, παῖδές τε ὄντες καὶ ἄνδρες πρεσβῦται, τοῦτ'
αὐτὸ καὶ εὐχοίμεθ' ἂν ἀναγκαίως διὰ τέλους; (Μέγιλλος) Πῶς δ' οὔ; (687d)
(Ἀθηναῖος) Καὶ μὴν τοῖς γε φίλοις που συνευχοίμεθ' ἂν ταῦτα ἅπερ ἐκεῖνοι
ἑαυτοῖσιν. (Μέγιλλος) Τί μήν; (Ἀθηναῖος) Φίλος μὲν ὑὸς πατρί, παῖς ὢν ἀνδρί.
(Μέγιλλος) Πῶς δ' οὔ; (Ἀθηναῖος) Καὶ μὴν ὧν γ' ὁ παῖς εὔχεται ἑαυτῷ γίγνεσθαι,
πολλὰ ὁ πατὴρ ἀπεύξαιτ' ἂν τοῖς θεοῖς μηδαμῶς κατὰ τὰς τοῦ ὑέος εὐχὰς
γίγνεσθαι. (Μέγιλλος) Ὅταν ἀνόητος ὢν καὶ ἔτι νέος εὔχηται, λέγεις; (Ἀθηναῖος)
Καὶ ὅταν γε ὁ πατὴρ ὢν γέρων ἢ καὶ σφόδρα νεανίας, (687e) μηδὲν τῶν καλῶν
καὶ τῶν δικαίων γιγνώσκων, εὔχηται μάλα προθύμως ἐν παθήμασιν ἀδελφοῖς
ὢν τοῖς γενομένοις Θησεῖ πρὸς τὸν δυστυχῶς τελευτήσαντα Ἱππόλυτον, ὁ δὲ
παῖς γιγνώσκῃ, τότε, δοκεῖς, παῖς πατρὶ συνεύξεται; (Μέγιλλος) Μανθάνω ὃ
λέγεις. λέγειν γάρ μοι δοκεῖς ὡς οὐ τοῦτο εὐκτέον οὐδὲ ἐπεικτέον, ἕπεσθαι
πάντα τῇ ἑαυτοῦ βουλήσει, τὴν βούλησιν δὲ πολὺ μᾶλλον τῇ ἑαυτοῦ φρονήσει·
τοῦτο δὲ καὶ πόλιν καὶ ἕνα ἡμῶν ἕκαστον καὶ εὔχεσθαι δεῖν καὶ σπεύδειν, ὅπως
νοῦν ἕξει.
| [3,687] (MÉGILLOS)
N'est-ce pas juste, cela aussi ? ou comment l'entends-tu ?
(L'ATHÉNIEN)
Examine donc sous quel rapport celte idée avantageuse qu'on se forme d'une chose
peut être raisonnable, et, tout d'abord, à propos du sujet même que nous
traitons, vois comment, si les chefs de cette armée avaient su la ranger
convenablement, ils auraient atteint leur but. N'y seraient-ils pas arrivés,
s'ils en avaient gardé sûrement et maintenu pour toujours la cohésion, de
manière à être libres eux-mêmes et à commander ceux qu'ils auraient voulu, bref
de réaliser partout, chez les barbares comme chez les Grecs, tous leurs désirs à
eux et à leurs descendants ? N'était-ce pas là le fond de leurs désirs ?
(MÉGILLOS) Certainement.
(L'ATHÉNIEN)
Est-ce qu'en voyant l'opulence, ou les honneurs extraordinaires d'une famille,
ou tout autre avantage de cette nature, on ne dit pas aussi que celui qui les
possède serait heureux, s'il savait en user, et cela parce qu'on s'imagine qu'il
pourrait ainsi réaliser tous ses désirs, ou du moins la plupart et les plus importants ?
(MÉGILLOS) Il le semble en tout cas.
(L'ATHÉNIEN)
Mais dis-moi, tous les hommes n'ont-ils pas un désir commun, celui dont il vient
d'être question dans notre discours et dont il atteste l'existence ?
(MÉGILLOS) Quel désir ?
(L'ATHÉNIEN)
Le désir que tout arrive au gré de notre âme et, sinon tout, au moins ce qui est
compatible avec la condition humaine.
(MÉGILLOS) Sans doute.
(L'ATHÉNIEN)
Et puisque c'est là ce que nous voulons tous et toujours, enfants, hommes faits
et vieillards, c'est aussi forcément ce que nous ne cessons jamais de demander aux dieux.
(MÉGILLOS) Sans contredit.
(L'ATHÉNIEN)
Et nous souhaitons aussi à nos amis ce qu'ils se souhaitent à eux-mêmes.
(MÉGILLOS) Certainement.
(L'ATHÉNIEN) Un fils n'est-il pas cher à son père, alors qu'il est, enfant et son
père âgé ?
(MÉGILLOS) Naturellement.
(L'ATHÉNIEN)
Cependant les voeux que forme le fils n'accommodent pas toujours le père, qui
prie les dieux de ne pas les exaucer.
(MÉGILLOS) C'est quand le fils, encore jeune, forme des voeux irréfléchis.
(L'ATHÉNIEN)
Et lorsque le père, vieux ou trop jeune, n'ayant aucune idée de l'honnête et du
juste, forme des voeux ardents dans une disposition d'esprit analogue à celle de
Thésée à l'égard d'Hippolyte mort si malheureusement, crois-tu qu'un fils qui
sait ce qu'est l'honnête et le juste joigne ses voeux à ceux de son père ?
(MÉGILLOS)
J'entends : tu veux dire, je crois, qu'il ne faut pas faire de voeux ni se
presser, pour que tout marche suivant notre volonté, mais plutôt pour que notre
volonté suive notre raison, et que c'est la sagesse que les États et les
particuliers doivent souhaiter et poursuivre.
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